La
géomatique au service de la médecine
Quatre
étudiants ont conçu un logiciel de traitement dimages
médicales.
|
Patrick
Dubé, Éric Gonthier, Alexandre J. Boudreau
et son frère Mathieu Boudreau (absent lors de la
prise de la photo) ont gagné une bourse de 20 000
$ pour la mise en marché dun logiciel de traitement
dimages médicales tridimensionnelles. |
|
Quatre étudiants
de lUniversité de Montréal ont élaboré
un système novateur de traitement dimages médicales.
Linnovation a valu aux jeunes entrepreneurs une bourse de 20
000 $ dans le cadre du concours Lidée de lan 2000
du Centre dentrepreneurship HEC-Poly-UdeM.
Ce qui étonne dans cette technologie, cest quon
intègre au procédé dimagerie médicale
des techniques numériques mises au point en géographie
pour photographier les paysages de la terre afin danalyser linfiniment
petit du corps humain. Le système de traitement dimages
en trois dimensions permettrait par exemple de détecter des
tumeurs.
Le logiciel Akpa Vision est le fruit du travail dune équipe
multidisciplinaire composée de Patrick Dubé, étudiant
de troisième cycle au Département de géographie,
Éric Gonthier, étudiant à la maîtrise au
même département, Alexandre J. Boudreau, étudiant
au baccalauréat spécialisé en physique et en
informatique, et Mathieu Boudreau, diplômé en biochimie
à la Faculté de médecine.
«Le produit assure notamment une segmentation automatisée,
une gestion de base de données et un traitement interactif
des images. Sa précision et sa polyvalence, nécessaires
au diagnostic et au suivi thérapeutique, en font une percée
technologique importante», fait valoir Patrick Dubé.
De plus, le logiciel a lavantage de sadapter à
la variabilité des images médicales. Actuellement, les
pathologistes et les radiologistes doivent manipuler des centaines
de clichés obtenus entre autres par résonance magnétique
ou par rayons X pour diagnostiquer une maladie ou reconstruire une
«Lanalyse des images à laide du logiciel
spécialement conçu pour ces disciplines permet dextraire
de linformation complémentaire qui peut correspondre
par exemple à une cellule précise. On peut ainsi se
servir dune foule de renseignements qui autrement demeureraient
difficilement accessibles, voire complètement inaccessibles»,
explique Éric Gonthier.
Secret
dÉtat
Le procédé de base vient du mariage des techniques de
la vision artificielle et de la géomatique définie
comme lanalyse des phénomènes liés à
la géographie physique et humaine à laide de la
technologie numérique , révèle Patrick
Dubé. Mais le fonctionnement exact du système relève
presque dun secret dÉtat. «On ne peut pas
en dire davantage, car le brevet dinvention est toujours en
instance dapprobation, dit-il. Le logiciel permettra une plus
grande fiabilité des diagnostics en plus de faire épargner
temps et argent aux médecins et aux chercheurs.»
Fondateur de Dynapix Intelligence Imaging, lentreprise responsable
de la commercialisation du logiciel, M. Dubé est spécialiste
de la modélisation distribuée des systèmes complexes,
de lanalyse spatiale et du traitement des images numériques.
Lorsquil a réalisé que les techniques de segmentation
utilisées en télédétection pouvaient être
utiles dans le domaine de la santé, le jeune homme âgé
de 29 ans a cherché lappui de collègues pour produire
un logiciel danalyse adapté aux besoins des pathologistes
et des radiologistes.
Le prototype est considéré comme révolutionnaire.
Une récente étude menée par le Centre de promotion
du logiciel québécois démontre quaucun
autre logiciel négale les performances de Akpa Vision
pour ce qui est de la précision des protocoles de segmentation
automatisée et de la facilité dutilisation.
Recherche
et partenariats
Pour commercialiser le produit, Dynapix mise sur une stratégie
dalliances, de commercialisation sur Internet et de distribution
avec des joueurs clés. Selon Patrick Dubé, cette approche
permettra un effet de levier, une pénétration rapide
du marché, une réduction des coûts de commercialisation
et un partage dexpertises.
«La distribution sur Internet va faciliter la mise en marché
auprès des usagers qui ont besoin de traiter un gros volume
de données, indique-t-il. La vente sera effectuée à
partir dune gamme dapplications auxquelles les clients
auront accès à laide dun explorateur Web
selon un abonnement mensuel ou annuel. Une licence du logiciel pourra
également être accordée à des fabricants
tels Siemens, Leica, Kodak et Toshiba afin quils intègrent
le produit à leur équipement. Il sagit dun
marché estimé à 800 millions de dollars
américains pour le secteur de la pathologie et à 6 milliards
pour celui de la radiologie.»
Actuellement, les médecins évitent dutiliser les
logiciels de ces sociétés internationales, signale Alexandre
J. Boudreau, car ils entraînent des erreurs. «Notre produit,
compatible avec les appareils dacquisition dimages de
ces entreprises, contribue à résoudre le problème.»
Sur le plan des alliances, plusieurs relations de partenariat ont
déjà été établies, notamment avec
INNO-Centre, lInstitut national de la recherche scientifique,
le Laboratoire dinformatique et des systèmes adaptatifs
de lUniversité, lÉcole de technologie supérieure,
le Montreal Neurology Institute, lUniversité de New York
à Syracuse et le Centre hospitalier de lUniversité
de Montréal (CHUM). «Les alliances avec le milieu médical
et celui de la recherche sont essentielles pour donner de la crédibilité
au produit, souligne Patrick Dubé. Les gens du domaine hospitalier
ont particulièrement été échaudés
par des technologies précédentes.»
Grâce à une subvention accordée au CHUM par la
Fondation canadienne pour linnovation, lentreprise des
jeunes entrepreneurs a obtenu 300 000 $ afin de poursuivre
la recherche et le développement du logiciel Akpa Vision. Le
produit devrait être commercialisé dici un an.
Dominique
Nancy