Ombudsman:
les consultations augmentent, mais les plaintes recevables diminuent
Les
étudiants étrangers et ceux des cycles supérieurs
sont plus nombreux à faire appel à lombudsman.
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Au cours de lannée
1999-2000, 487 personnes ont fait appel à lombudsman
dont 344 étaient des étudiants inscrits, 40 danciens
étudiants, 20 des candidats à ladmission et 63
des membres du personnel enseignant, des cadres ou des employés
de soutien. La clientèle du Bureau se compose à près
de 80 % détudiants et à plus de 60 % de femmes.
Parmi les 384 étudiants qui se sont adressés à
lombudsman, 260 étaient au premier cycle et 124 aux cycles
supérieurs; quant aux 40 anciens étudiants, ils étaient
majoritairement (24) des cycles supérieurs.
La proportion des demandes au Bureau de lombudsman provenant
des étudiants représente 1,0 % de lensemble de
la clientèle de lUniversité. Les étudiants
des cycles supérieurs sont toutefois plus nombreux à
demander de laide (1,3 %) que ceux du premier cycle (0,9 %).
Toutes les facultés sont représentées proportionnellement
à leur poids démographique dans lensemble de lUniversité.
Il en va de même de la répartition entre les sexes.
Les étudiants étrangers, qui représentent 11
% de la clientèle de lUniversité, font appel à
lombudsman dans une proportion de 16 %. Le quart des étudiants
des cycles supérieurs qui vont au Bureau de lombudsman
sont des étudiants étrangers (23 sur 100).
«Il ny a aucune donnée colligée pour expliquer
cet état de fait, on ne peut quémettre des hypothèses:
ils rencontrent davantage de difficultés et les enjeux sont
plus importants», constate lombudsman Marie-Josée
Rivest dans le rapport annuel de lannée 1999-2000 quelle
vient de présenter à la direction et au Conseil de lUniversité.
Parmi les 63 membres du personnel qui se sont adressés à
lombudsman (13 % de lensemble des demandes), les deux
tiers (42) lont fait pour eux-mêmes. Les autres, des cadres
pour la plupart, la consultent au sujet de difficultés vécues
par des étudiants de leurs unités. Rappelons que lombudsman
doit refuser dêtre saisi dune plainte si le demandeur
dispose dune procédure dappel, de grief ou de révision
en vertu dune convention collective ou dun protocole de
travail ou si la plainte porte sur lapplication de telles ententes.
Avant de faire appel à lombudsman, lemployé
doit donc dabord se prévaloir des autres recours internes
dont il dispose.
Des motifs variés
Pourquoi consulte-t-on lombudsman?
Pour des refus dadmission basés sur le contingentement
et linsuffisance du dossier soumis.
Pour des problèmes survenus à la suite de modifications
de programme en cours de processus.
Parce quon est insatisfait de lencadrement.
À cause de conflits entre étudiant et professeur
(souvent le directeur de mémoire ou de thèse).
Pour des questions dévaluation liées aux
délais de correction, aux demandes de révision et dexamen
différé, aux barèmes de correction, aux modifications
à lévaluation prévue dans le plan de cours
et aux jurys de doctorat.
À cause de la hausse des frais de gestion et de la mise
en vigueur de droits de diplomation.
Pour des questions relatives aux droits et aux libertés
de la personne: protection de la vie privée et des renseignements
personnels, questions de langue et étendue de lobligation
daccommodement lorsquune règle en apparence neutre
compromet lexercice des droits dune personne en raison
de sa religion, de son handicap ou de sa grossesse.
Pour des questions de droits dauteur entre un étudiant
et son directeur de mémoire ou de thèse.
À cause de lapplication de règlements disciplinaires
pour plagiat, fraude ou comportement harcelant ou perturbateur.
Pour des questions de relations de travail et davantages
sociaux (salaire pour les surveillants dexamen, abolition de
postes, attribution de cours aux chargés de cours, procédure
de sélection lors de lengagement dun nouveau professeur,
congédiement, conditions de travail en général,
congé de maternité, congé de Noël, etc.).
À cause de conflits entre patron et employé,
employé et étudiant, etc.
Enfin, pour des questions relatives aux résidences,
aux locaux, au stationnement, à la cafétéria,
aux bibliothèques, aux différentes cliniques universitaires,
à la gestion des boîtes vocales et à la qualité
de linformation et de laccueil.
Études
et finances: 70 %
«Bref, il y a peu de domaines de la vie universitaire et de
celle de ses différents acteurs qui ne font pas, à loccasion,
lobjet dune demande au Bureau de lombudsman, surtout
pour des motifs académiques et financiers», constate
Mme Rivest, qui précise que 70 % des demandes dintervention
concernent des questions financières et relatives aux études.
En 1999-2000, les demandes concernant les prêts et bourses ont
doublé par rapport à lannée précédente,
celles portant sur les droits de scolarité pour les Canadiens
non résidents du Québec sont passées de 6 à
22 tandis que 18 cas sont liés à la hausse des frais
de rédaction.
La tendance à faire appel à lombudsman pour une
simple consultation est à la hausse, 62 % par rapport à
53 % lan dernier. Quant aux plaintes recevables, elles ont diminué,
passant de 43 à 35 % en un an. Cependant, celles-ci étaient
fondées dans seulement 23 % des cas, par rapport à
34 % lannée précédente.
Bien que le tableau soit globalement satisfaisant, Mme Rivest émet
quelques réserves. Lan dernier, elle déplorait
que de nombreuses unités naient pas encore déposé
leur entente cadre en matière de propriété intellectuelle.
Même si plusieurs lont fait depuis, elle remarque toutefois
que les dossiers portant sur la propriété intellectuelle
représentent encore 2,3 % de lensemble des demandes et
que les étudiants hésitent à se prévaloir
des recours mis à leur disposition.
Pour ce qui est des demandes relatives à lencadrement
aux cycles supérieurs, qui faisaient lobjet de la première
recommandation de lombudsman lan dernier, elles ont augmenté
cette année. Cest pourquoi Mme Rivest fait de nouveau
des recommandations sur le sujet (voir ci-contre). Elle revient également
sur les prêts et bourses, le nombre de cas ayant doublé
depuis 1998-1999. Vu laugmentation du nombre de demandes, elle
fait aussi des recommandations en matière de droits et libertés
de la personne. Enfin, elle demande à lUniversité
de sensibiliser le ministère des Relations avec les citoyens
et de lImmigration du Québec aux difficultés des
immigrants arrivés au Québec avant lémission
de certificats de sélection du Québec (1980) lorsquils
doivent faire la preuve de résidence au Québec. À
défaut de quoi, ils sont considérés comme des
non-résidents du Québec et doivent payer des droits
de scolarité deux fois plus élevés.
Françoise
Lachance
On peut obtenir le rapport annuel de lombudsman en téléphonant
au (514) 343-2100 ou en consultant le site www.ombuds.umontreal.ca.
Encadrement
et évaluation aux cycles supérieurs
Cest lévaluation et lencadrement des étudiants,
particulièrement aux cycles supérieurs, qui ont occasionné
le plus grand nombre de recours à lombudsman. «Cest
en ces domaines que surviennent les problèmes les plus préoccupants»,
note Marie-Josée Rivest.
Plusieurs demandes ont eu pour effet de remettre en question la qualité
de lencadrement soit parce que le mémoire ou la thèse
ont été refusés, soit parce que létudiant
a décidé dabandonner ses études à
cause, justement, dun problème dencadrement.
Lombudsman recommande donc que la Faculté des études
supérieures se dote dun mécanisme lui permettant
«de connaître pour chaque étudiant qui arrive au
terme de ses études que ce soit à la suite de
loctroi de son diplôme, du refus de son mémoire,
de sa thèse ou de labandon de ses études
son évaluation de la qualité de lencadrement reçu,
ainsi que le point de vue du directeur de mémoire ou de thèse
et de la direction des études supérieures de lunité
à ce sujet».
Délais
dans lévaluation
«En matière dévaluation aux cycles supérieurs,
plusieurs types de problèmes ont été soulevés,
écrit Mme Rivest. Le jury prend plus dun an à
délibérer. Le directeur de thèse ou de mémoire
tarde à lire le projet et létudiant hésite
à déposer [le document] avant davoir obtenu son
accord. La correction des rapports de maîtrise a tardé
et létudiant ne peut participer à la collation
des grades, alors quil a remis son travail dans les délais.
Lapprobation des corrections mineures par le jury tarde et le
Registraire ne peut émettre lattestation dobtention
du diplôme. Le directeur de thèse a communiqué
à son étudiant la liste des corrections demandées
par le jury plus dun mois après les avoir reçues
des autres membres du jury.»
Conséquences pour les étudiants: impossibilité
de faire une demande de bourse, de participer à un concours
ou dobtenir une augmentation de salaire, report de la date prévue
pour le retour au travail ou le retour au pays, etc.
Ainsi, lombudsman recommande «que la Faculté des
études supérieures se dote dun échéancier
strict concernant la correction des travaux et mémoires de
maîtrise ainsi que des thèses de doctorat, et quelle
élabore des mesures aptes à le faire respecter».
Elle demande également à la Faculté de revoir
les articles de son règlement pédagogique quant aux
modalités de prise de décision relatives à lacceptation
ou au refus dune thèse de doctorat par un premier jury.
Abandon
ou annulation?
Voilà une confusion des termes qui peut avoir de graves conséquences
financières.
La réglementation de lUniversité parle tantôt
dabandon de cours ou des études, tantôt dannulation
de cours ou des études. Or, pour les prêts et bourses,
les deux nont pas la même signification.
Lannulation a un effet rétroactif au début du
trimestre et fait perdre à létudiant son statut
de temps complet, condition sine qua non pour être admissible
aux prêts et bourses. Lannulation fait disparaître
toute trace dinscription dans le dossier informatique de létudiant,
lobligeant à remettre largent quil a reçu.
Labandon signifie que létudiant poursuit ses études,
mais quil a renoncé à un ou plusieurs cours. Il
entraîne une pénalité, mais ne fait pas perdre
à létudiant son statut dadhérent
au régime des prêts et bourses.
«Lorsque ces deux termes sont utilisés lun pour
lautre, les conséquences qui sensuivent au niveau
de laide financière sont souvent malheureuses, écrit
lombudsman. Or, la réglementation interne de lUniversité
favorise ce genre de méprise.»
Mme Rivest recommande donc que la réglementation de lUniversité
(règlement pédagogique cadre, règlements pédagogiques
facultaires et règlement relatif aux droits de scolarité)
soit revue afin de distinguer les notions dabandon et dannulation
et de préciser dans chaque cas le délai pour agir.
Accusation
de plagiat ou de fraude: un recours mal connu
Un étudiant accusé de fraude ou de plagiat peut, en
vertu du règlement disciplinaire, en référer
au conseil de sa faculté. Ce dernier peut maintenir la sanction
ou en imposer une autre. Aucun autre recours nest prévu
dans le cadre de ce règlement, ce qui laisse croire que la
décision du conseil de faculté est sans appel. Or, les
statuts de lUniversité prévoient (article 27.13)
que tout différend concernant lapplication dun
règlement disciplinaire à un étudiant peut être
soumis par ce dernier à un comité formé par lAssemblée
universitaire. Considérant que ce recours doit être mieux
connu des étudiants, lombudsman recommande que lUniversité
en fasse mention dans le Règlement disciplinaire sur le plagiat
ou la fraude et dans les annuaires.