Volume 35 numéro 26
2 avril
2001


 


Ombudsman: les consultations augmentent, mais les plaintes recevables diminuent
Les étudiants étrangers et ceux des cycles supérieurs sont plus nombreux à faire appel à l’ombudsman.

Marie-Josée Rivest

Au cours de l’année 1999-2000, 487 personnes ont fait appel à l’ombudsman dont 344 étaient des étudiants inscrits, 40 d’anciens étudiants, 20 des candidats à l’admission et 63 des membres du personnel enseignant, des cadres ou des employés de soutien. La clientèle du Bureau se compose à près de 80 % d’étudiants et à plus de 60 % de femmes.

Parmi les 384 étudiants qui se sont adressés à l’ombudsman, 260 étaient au premier cycle et 124 aux cycles supérieurs; quant aux 40 anciens étudiants, ils étaient majoritairement (24) des cycles supérieurs.

La proportion des demandes au Bureau de l’ombudsman provenant des étudiants représente 1,0 % de l’ensemble de la clientèle de l’Université. Les étudiants des cycles supérieurs sont toutefois plus nombreux à demander de l’aide (1,3 %) que ceux du premier cycle (0,9 %). Toutes les facultés sont représentées proportionnellement à leur poids démographique dans l’ensemble de l’Université. Il en va de même de la répartition entre les sexes.

Les étudiants étrangers, qui représentent 11 % de la clientèle de l’Université, font appel à l’ombudsman dans une proportion de 16 %. Le quart des étudiants des cycles supérieurs qui vont au Bureau de l’ombudsman sont des étudiants étrangers (23 sur 100).

«Il n’y a aucune donnée colligée pour expliquer cet état de fait, on ne peut qu’émettre des hypothèses: ils rencontrent davantage de difficultés et les enjeux sont plus importants», constate l’ombudsman Marie-Josée Rivest dans le rapport annuel de l’année 1999-2000 qu’elle vient de présenter à la direction et au Conseil de l’Université.

Parmi les 63 membres du personnel qui se sont adressés à l’ombudsman (13 % de l’ensemble des demandes), les deux tiers (42) l’ont fait pour eux-mêmes. Les autres, des cadres pour la plupart, la consultent au sujet de difficultés vécues par des étudiants de leurs unités. Rappelons que l’ombudsman doit refuser d’être saisi d’une plainte si le demandeur dispose d’une procédure d’appel, de grief ou de révision en vertu d’une convention collective ou d’un protocole de travail ou si la plainte porte sur l’application de telles ententes. Avant de faire appel à l’ombudsman, l’employé doit donc d’abord se prévaloir des autres recours internes dont il dispose.


Des motifs variés

Pourquoi consulte-t-on l’ombudsman?

• Pour des refus d’admission basés sur le contingentement et l’insuffisance du dossier soumis.

• Pour des problèmes survenus à la suite de modifications de programme en cours de processus.

• Parce qu’on est insatisfait de l’encadrement.

• À cause de conflits entre étudiant et professeur (souvent le directeur de mémoire ou de thèse).

• Pour des questions d’évaluation liées aux délais de correction, aux demandes de révision et d’examen différé, aux barèmes de correction, aux modifications à l’évaluation prévue dans le plan de cours et aux jurys de doctorat.

• À cause de la hausse des frais de gestion et de la mise en vigueur de droits de diplomation.

• Pour des questions relatives aux droits et aux libertés de la personne: protection de la vie privée et des renseignements personnels, questions de langue et étendue de l’obligation d’accommodement lorsqu’une règle en apparence neutre compromet l’exercice des droits d’une personne en raison de sa religion, de son handicap ou de sa grossesse.

• Pour des questions de droits d’auteur entre un étudiant et son directeur de mémoire ou de thèse.

• À cause de l’application de règlements disciplinaires pour plagiat, fraude ou comportement harcelant ou perturbateur.

• Pour des questions de relations de travail et d’avantages sociaux (salaire pour les surveillants d’examen, abolition de postes, attribution de cours aux chargés de cours, procédure de sélection lors de l’engagement d’un nouveau professeur, congédiement, conditions de travail en général, congé de maternité, congé de Noël, etc.).

• À cause de conflits entre patron et employé, employé et étudiant, etc.

• Enfin, pour des questions relatives aux résidences, aux locaux, au stationnement, à la cafétéria, aux bibliothèques, aux différentes cliniques universitaires, à la gestion des boîtes vocales et à la qualité de l’information et de l’accueil.


Études et finances: 70 %
«Bref, il y a peu de domaines de la vie universitaire et de celle de ses différents acteurs qui ne font pas, à l’occasion, l’objet d’une demande au Bureau de l’ombudsman, surtout pour des motifs académiques et financiers», constate Mme Rivest, qui précise que 70 % des demandes d’intervention concernent des questions financières et relatives aux études.

En 1999-2000, les demandes concernant les prêts et bourses ont doublé par rapport à l’année précédente, celles portant sur les droits de scolarité pour les Canadiens non résidents du Québec sont passées de 6 à 22 tandis que 18 cas sont liés à la hausse des frais de rédaction.

La tendance à faire appel à l’ombudsman pour une simple consultation est à la hausse, 62 % par rapport à 53 % l’an dernier. Quant aux plaintes recevables, elles ont diminué, passant de 43 à 35 % en un an. Cependant, celles-ci étaient fondées dans seulement 23 % des cas, par rapport à 34 % l’année précédente.

Bien que le tableau soit globalement satisfaisant, Mme Rivest émet quelques réserves. L’an dernier, elle déplorait que de nombreuses unités n’aient pas encore déposé leur entente cadre en matière de propriété intellectuelle. Même si plusieurs l’ont fait depuis, elle remarque toutefois que les dossiers portant sur la propriété intellectuelle représentent encore 2,3 % de l’ensemble des demandes et que les étudiants hésitent à se prévaloir des recours mis à leur disposition.

Pour ce qui est des demandes relatives à l’encadrement aux cycles supérieurs, qui faisaient l’objet de la première recommandation de l’ombudsman l’an dernier, elles ont augmenté cette année. C’est pourquoi Mme Rivest fait de nouveau des recommandations sur le sujet (voir ci-contre). Elle revient également sur les prêts et bourses, le nombre de cas ayant doublé depuis 1998-1999. Vu l’augmentation du nombre de demandes, elle fait aussi des recommandations en matière de droits et libertés de la personne. Enfin, elle demande à l’Université de sensibiliser le ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration du Québec aux difficultés des immigrants arrivés au Québec avant l’émission de certificats de sélection du Québec (1980) lorsqu’ils doivent faire la preuve de résidence au Québec. À défaut de quoi, ils sont considérés comme des non-résidents du Québec et doivent payer des droits de scolarité deux fois plus élevés.

Françoise Lachance


On peut obtenir le rapport annuel de l’ombudsman en téléphonant au (514) 343-2100 ou en consultant le site www.ombuds.umontreal.ca.



Encadrement et évaluation aux cycles supérieurs

C’est l’évaluation et l’encadrement des étudiants, particulièrement aux cycles supérieurs, qui ont occasionné le plus grand nombre de recours à l’ombudsman. «C’est en ces domaines que surviennent les problèmes les plus préoccupants», note Marie-Josée Rivest.

Plusieurs demandes ont eu pour effet de remettre en question la qualité de l’encadrement soit parce que le mémoire ou la thèse ont été refusés, soit parce que l’étudiant a décidé d’abandonner ses études à cause, justement, d’un problème d’encadrement.

L’ombudsman recommande donc que la Faculté des études supérieures se dote d’un mécanisme lui permettant «de connaître pour chaque étudiant qui arrive au terme de ses études — que ce soit à la suite de l’octroi de son diplôme, du refus de son mémoire, de sa thèse ou de l’abandon de ses études — son évaluation de la qualité de l’encadrement reçu, ainsi que le point de vue du directeur de mémoire ou de thèse et de la direction des études supérieures de l’unité à ce sujet».


Délais dans l’évaluation
«En matière d’évaluation aux cycles supérieurs, plusieurs types de problèmes ont été soulevés, écrit Mme Rivest. Le jury prend plus d’un an à délibérer. Le directeur de thèse ou de mémoire tarde à lire le projet et l’étudiant hésite à déposer [le document] avant d’avoir obtenu son accord. La correction des rapports de maîtrise a tardé et l’étudiant ne peut participer à la collation des grades, alors qu’il a remis son travail dans les délais. L’approbation des corrections mineures par le jury tarde et le Registraire ne peut émettre l’attestation d’obtention du diplôme. Le directeur de thèse a communiqué à son étudiant la liste des corrections demandées par le jury plus d’un mois après les avoir reçues des autres membres du jury.»

Conséquences pour les étudiants: impossibilité de faire une demande de bourse, de participer à un concours ou d’obtenir une augmentation de salaire, report de la date prévue pour le retour au travail ou le retour au pays, etc.

Ainsi, l’ombudsman recommande «que la Faculté des études supérieures se dote d’un échéancier strict concernant la correction des travaux et mémoires de maîtrise ainsi que des thèses de doctorat, et qu’elle élabore des mesures aptes à le faire respecter».

Elle demande également à la Faculté de revoir les articles de son règlement pédagogique quant aux modalités de prise de décision relatives à l’acceptation ou au refus d’une thèse de doctorat par un premier jury.


Abandon ou annulation?

Voilà une confusion des termes qui peut avoir de graves conséquences financières.

La réglementation de l’Université parle tantôt d’abandon de cours ou des études, tantôt d’annulation de cours ou des études. Or, pour les prêts et bourses, les deux n’ont pas la même signification.

L’annulation a un effet rétroactif au début du trimestre et fait perdre à l’étudiant son statut de temps complet, condition sine qua non pour être admissible aux prêts et bourses. L’annulation fait disparaître toute trace d’inscription dans le dossier informatique de l’étudiant, l’obligeant à remettre l’argent qu’il a reçu.

L’abandon signifie que l’étudiant poursuit ses études, mais qu’il a renoncé à un ou plusieurs cours. Il entraîne une pénalité, mais ne fait pas perdre à l’étudiant son statut d’adhérent au régime des prêts et bourses.

«Lorsque ces deux termes sont utilisés l’un pour l’autre, les conséquences qui s’ensuivent au niveau de l’aide financière sont souvent malheureuses, écrit l’ombudsman. Or, la réglementation interne de l’Université favorise ce genre de méprise.»

Mme Rivest recommande donc que la réglementation de l’Université (règlement pédagogique cadre, règlements pédagogiques facultaires et règlement relatif aux droits de scolarité) soit revue afin de distinguer les notions d’abandon et d’annulation et de préciser dans chaque cas le délai pour agir.


Accusation de plagiat ou de fraude: un recours mal connu

Un étudiant accusé de fraude ou de plagiat peut, en vertu du règlement disciplinaire, en référer au conseil de sa faculté. Ce dernier peut maintenir la sanction ou en imposer une autre. Aucun autre recours n’est prévu dans le cadre de ce règlement, ce qui laisse croire que la décision du conseil de faculté est sans appel. Or, les statuts de l’Université prévoient (article 27.13) que tout différend concernant l’application d’un règlement disciplinaire à un étudiant peut être soumis par ce dernier à un comité formé par l’Assemblée universitaire. Considérant que ce recours doit être mieux connu des étudiants, l’ombudsman recommande que l’Université en fasse mention dans le Règlement disciplinaire sur le plagiat ou la fraude et dans les annuaires.