Familles
perturbées et délinquance
On savait que
les enfants élevés au sein dun couple stable courent
moins de risques dêtre perturbés dans leur développement
que ceux confrontés aux disputes de leurs parents. Il faut
toutefois éviter les rapprochements simplistes qui associent
conditions harmonieuses à famille biparentale et milieux perturbés
à famille monoparentale, prévient Heather Juby, chercheuse
associée au Centre interuniversitaire détudes
démographiques.
Une recherche postdoctorale effectuée par Mme Juby au sein
du Groupe de recherche sur linadaptation psychosociale chez
lenfant a montré que les garçons élevés
seulement par leur mère présentent un taux de délinquance
comparable à celui des garçons élevés
au sein de couples stables, soit 24% comparativement à 21%.
Létude visait à mesurer le taux de délinquance
chez les garçons dun quartier ouvrier de Londres, élevés
dans des familles éclatées et qui avaient 15 ans en
1970.
Le taux de délinquance chez les garçons sans père
nest que de 7% lorsque labsence du père est due
à son décès. «Ceci sexplique par
les conditions de lépoque et du milieu étudiées,
relate la chercheuse. Les garçons dont le père était
décédé devaient travailler pour subvenir aux
besoins de la famille.»
Lorsque labsence du père est causée par une séparation,
le taux de délinquance monte à 33%. Si un beau-père
prend la place du père, ce taux grimpe à 38%.
Par ailleurs, ce sont les garçons abandonnés par leur
mère et élevés par leur père qui affichent
le plus haut taux de délinquance de tout le groupe étudié,
soit trois fois plus que chez les garçons élevés
par leur mère seule.
«Ceci nous montre quil faut tenir compte de plusieurs
facteurs comme lequel des parents est absent et pourquoi
avant de se prononcer sur le bien-être des enfants en famille
monoparentale puisque les effets sont différents selon les
situations, conclut Heather Juby.
Léchantillon a dailleurs été choisi
en fonction de ses facteurs criminogènes et nest pas
représentatif de lensemble de la population.
Daniel
Baril