Que 
            reste-t-il du féminisme? 
           
          58% des étudiantes 
            de lUniversité de Montréal ne sont pas intéressées 
            par la cause féministe et 64% ne se sentent même pas 
            concernées. Cest ce que révèle une recherche 
            effectuée lautomne dernier dans le cadre du cours «Communication 
            et recherche sociale» par Sophie-Anne Legendre, Julie Castonguay 
            et Étienne Côté-Paluck, qui présentent 
            ici leurs résultats. Cette étude démontre que 
            la majorité des étudiantes de lUniversité 
            de Montréal ne connaissent pas le mouvement féministe
          
            La Marche mondiale des femmes de lan 2000 a réuni plusieurs 
            dizaines de milliers de personnes dans le monde pour dénoncer 
            les injustices dont sont encore victimes certaines femmes parce quelles 
            sont des femmes. Elle a remis le féminisme à lordre 
            du jour au Québec, tout comme lavait fait lévénement 
            du 6 décembre 1989 à lÉcole Polytechnique. 
            La majorité des acquis du mouvement pour légalité 
            des femmes dans la société ont cependant été 
            faits il y a plus de 20 ans. Les jeunes daujourdhui nont 
            pas connu cette époque de révolution des mentalités. 
            Cest ce qui a amené une équipe de recherche à 
            se questionner sur la perception du féminisme chez les jeunes. 
            
            
            Léquipe de recherche sest attardée aux jeunes 
            femmes parce que celles-ci bénéficient particulièrement 
            des changements suscités par le mouvement des femmes des dernières 
            décennies. Elle sest aussi attardée aux universitaires, 
            puisque celles-ci présentent un niveau déducation 
            élevé et seraient donc plus susceptibles dêtre 
            conscientes de ces changements. Cette recherche posait lhypothèse 
            que lopinion des individus sur un sujet donné est influencée 
            par les connaissances quils ont sur celui-ci. On cherchait à 
            savoir dans quelle mesure la connaissance quont les étudiantes 
            de lUniversité de Montréal du mouvement des femmes 
            influence leur opinion sur le féminisme. 
          
            Méthodologie
            Pour mesurer les perceptions du féminisme en rapport avec la 
            connaissance du mouvement des femmes, un questionnaire a été 
            distribué à 50 répondantes choisies de façon 
            aléatoire dans des endroits publics fréquentés 
            par la population étudiante. La première partie du questionnaire 
            portait sur leurs perceptions et leurs opinions du féminisme 
            par le biais dune dizaine de questions. La deuxième partie 
            du questionnaire tentait dévaluer les connaissances des 
            répondantes par le biais de plusieurs questions factuelles 
            concernant lhistoire et lactualité du mouvement 
            des femmes. 
          
            Résultats
            Soulignons dabord que la moitié des répondantes 
            ont une opinion généralement positive du féminisme. 
            La majorité dentre elles croient en effet que le féminisme 
            est encore dactualité, tandis que 60% se disent féministes. 
            Il est donc étonnant et contradictoire de constater que 58% 
            de ces mêmes répondantes considèrent que le mouvement 
            féministe ne les intéresse pas et que 64% considèrent 
            que celui-ci ne les concerne pas.
            
            Les résultats ont démontré de manière 
            significative que la perception du féminisme est effectivement 
            influencée par les connaissances quont les répondantes 
            sur celui-ci. Il savère ainsi que les femmes qui connaissent 
            moins le mouvement des femmes sont les plus susceptibles de ne pas 
            être en faveur du féminisme. Il existerait donc un lien 
            entre la connaissance du mouvement des femmes et la position idéologique 
            des femmes à légard du féminisme. 
            
            Ainsi les 10 répondantes les moins intéressées 
            par le féminisme ont obtenu une moyenne de 37% à un 
            test conçu pour mesurer leur connaissance du mouvement des 
            femmes. En contrepartie, les 10 répondantes les plus intéressées 
            par le féminisme ont obtenu une moyenne de 66% à ce 
            même test. On pourrait donc avancer que la connaissance quont 
            les répondantes du mouvement des femmes influence leurs perceptions 
            du féminisme. 
            
            Il semblerait aussi que lintérêt des répondantes 
            pour le féminisme soit directement lié à leur 
            perception et à leur expérience du sexisme. En effet, 
            les répondantes qui déclarent ne jamais avoir été 
            victimes de sexisme sont celles qui ont un intérêt moyen 
            pour le féminisme (autour de 43%), tandis que les répondantes 
            qui déclarent avoir été souvent victimes de sexisme 
            ont un intérêt assez élevé pour le mouvement 
            (69%). 
            
            La marge derreur de ce sondage réalisé auprès 
            de 50 répondantes de lUniversité de Montréal 
            ne permet pas daffirmer hors de tout doute que ces résultats 
            se vérifieraient auprès de lensemble des étudiantes. 
            Mais il sagit ici sans contredit dun excellent point de 
            départ pour des recherches ultérieures qui pourraient 
            entre autres vérifier linterprétation proposée 
            par léquipe de recherche. Car sil peut savérer 
            fondé quune meilleure connaissance du mouvement des femmes 
            suscite chez les étudiantes une opinion plus positive du féminisme, 
            il se peut aussi que les répondantes ayant un plus grand intérêt 
            pour les idées féministes se soient renseignées 
            davantage sur le sujet, ce qui expliquerait les résultats obtenus 
            dans cette enquête.
           
          