Volume 35 numéro 25
26 mars
2001


 


Le recours aux TIC dans l’«apprentissage collaboratif»
Une équipe du Département de didactique lance un projet pilote international pour étudier l’apport des TIC dans l’apprentissage des sciences.

De gauche à droite, quatre élèves du collège Mont-Saint-Louis qui participent au projet d’apprentissage collaboratif en sciences avec des élèves du Mexique: Simon Allaire-Vigeant, Jean-Samuel Gauthier-Boudrias, Éliane Tassé et Julie Graham.

Puisque les technologies de l’information et des communications (TIC) sont entrées dans les écoles pour y demeurer, autant en tirer le meilleur parti possible. Mais quelle est justement la meilleure façon d’utiliser ces technologies dans un contexte d’apprentissage et de communication internationale? Comment structurent-elles les collaborations entre les élèves?

Ce questionnement est au cœur d’un programme de recherche en «apprentissage collaboratif» que vient d’entreprendre Jesus Vazquez-Abad, directeur du Département de didactique et codirecteur de la Maison des technologies de l’information et des communications.

«Dans l’apprentissage collaboratif, le travail de chaque membre d’une équipe est nécessaire pour que chacun mène à terme sa démarche d’apprentissage, explique M. Vazquez-Abad. Les technologies collaboratives sont celles qui permettent ce travail d’échange et de communication à plusieurs.»

Pour observer l’usage que font les jeunes des technologies de la communication en situation d’apprentissage et mesurer leur efficacité, le chercheur a mis en contact virtuel des élèves de quatrième et cinquième secondaire de deux établissements de Montréal, soit les collèges Mont-Saint-Louis et Royal Vale, et des élèves de quatre écoles mexicaines. En recourant à des outils comme le courrier électronique, les conférences vidéo par Internet, le clavardage (chat) ou le partage de documents en temps réel, les équipes de Montréal et du Mexique doivent échanger divers renseignements sur des thèmes scientifiques des cours de chimie et de biologie.

Les sujets auxquels travaillent les jeunes portent sur la pollution, les technologies de reproduction et les sources d’énergie alternatives; ils doivent couvrir à la fois les aspects scientifiques et les considérations sociales. La synthèse de l’information recueillie doit faire l’objet d’un site Internet conçu sur le modèle des conférences affichées.

Au-delà de l’apprentissage des contenus de cours, le projet vise à permettre aux enseignants et agents de recherche d’apprendre à coordonner l’usage des TIC dans l’enseignement des sciences et de mettre au point des modèles de travail collaboratif en sciences. Il pourrait éventuellement déboucher sur la production de TIC spécialement adaptées aux besoins de l’apprentissage collaboratif.

Jesus Vazquez-Abad, codirecteur (avec Samuel Pierre, de l’École Polytechnique, et Jacques Raynauld, de l’École des HEC) de la Maison des technologies de l’information et des communications, un important projet de la campagne de financement Un monde de projets.


Coopération internationale

Le fait que les équipes sont de langues différentes ajoute un élément d’observation dans le processus d’échange. «Les élèves sont libres d’utiliser la langue de leur choix et au moins un membre par équipe parle anglais, souligne Nancy Brousseau, assistante de recherche et étudiante au doctorat. Mais les échanges ne se feront pas nécessairement en anglais. Plusieurs élèves mexicains ont une connaissance de base du français et ceux de Royal Vale ont fait leur premier cycle en immersion française. Certains élèves de Mont-Saint-Louis apprennent aussi l’espagnol. Les équipes peuvent en outre recourir aux outils de traduction accessibles sur le Web.»

Pour Jesus Vazquez-Abad, non seulement la dimension internationale du projet s’inscrit dans les objectifs d’ouverture sur le monde que s’est donnés l’Université de Montréal, mais elle aidera également les élèves à élargir leur horizon en leur permettant de participer à une expérience de coopération internationale.


La phase actuelle, qui met à contribution environ 120 élèves des deux pays, est un projet pilote qui favorisera dans un premier temps le rodage des aspects techniques d’un tel échange. Le véritable projet de recherche débutera à l’automne prochain.
L’ensemble des retombées pourra être transposé à d’autres ordres d’enseignement, y compris à l’université, puisque celles-ci se produiront dans le cadre du projet plus vaste de la Maison des technologies de l’information et des communications (voir l’encadré).
«Lorsque cette maison sera réalité, un tel projet pourra plus facilement être supervisé par une équipe multidisciplinaire dans un environnement adapté à ce type de recherche, et le transfert des connaissances vers l’enseignement universitaire en sera d’autant facilité», estime le codirecteur.

Daniel Baril



Maison des TIC

Grâce à la présente campagne de financement, l’un des volets majeurs du vaste projet Technopole-Montréal pourra voir le jour: la Maison des technologies de l’information et des communications pour la formation et l’apprentissage.

Il s’agit en fait d’un laboratoire dont la mission est de concevoir des méthodes et des outils informatiques destinés à l’enseignement et à l’apprentissage des sciences, des mathématiques, du génie, de la gestion et autres disciplines connexes. Ses objectifs visent à la fois le développement des connaissances sur les TIC et leur intégration dans les programmes universitaires.

«Ce sera un foyer d’excellence, une vitrine technologique donnant accès aux recherches les plus récentes dans le domaine, affirme Jesus Vazquez-Abad, codirecteur de la Maison avec Samuel Pierre, de l’École Polytechnique, et Jacques Raynauld, de l’École des HEC. Des équipes multidisciplinaires composées de professeurs d’universités, de cégeps et d’écoles secondaires travaillant dans une même discipline pourront s’y rencontrer, disposer de matériel de pointe et côtoyer des représentants d’organismes gouvernementaux et de l’industrie informatique.»

Trois chaires se partageront cinq grands axes de recherche: études stratégiques, études sur la collaboration, études sur le design pédagogique et les conditions d’enseignement, études en ergonomie cognitive et études sur les aspects technologiques des environnements d’apprentissage.

La Maison logera, avec d’autres laboratoires, dans un nouveau pavillon dont la construction doit débuter ce printemps, l’ouverture des portes étant prévue pour 2003. Déjà 12 M$ ont été recueillis pour soutenir ce projet, 10 M$ provenant de la fondation J.-A.-DeSève et le reste de Valorisation-recherche Québec. Un colloque et une exposition de travaux s’inscrivant dans l’esprit de la Maison sont prévus pour la fin avril.

D.B.