Volume 35 numéro 25
26 mars
2001


 


Show de chaises
Des chaises de lycra, de carton, d’acier et de gazon; des chaises dont on n’a pas besoin mais qu’on aimerait bien avoir.

Confortablement installés sur le Loveseat 4 ime, de Dalius Bulota, les professeurs Michel Savage et Denyse Roy discuteraient-ils de chaises?

«On n’a vraiment pas besoin d’un nouveau modèle de chaise», reconnaît Denyse Roy. La professeure de l’École de design industriel affichait pourtant un contentement bien justifié devant les 62 chaises disposées dans le hall d’entrée et les corridors du Pavillon de la Faculté de l’aménagement.

Aussi différentes et originales les unes que les autres, ces chaises sortaient tout droit de l’imagination créatrice des étudiants de deuxième année de l’École. «La chaise est un étalon, un thermomètre de l’évolution du design, explique Mme Roy. Elle constitue un projet complet associant l’ergonomie, l’esthétique, la technique et la symbolique. C’est un thème qui se renouvelle sans cesse.»

Pour contraindre quelque peu la créativité, la professeure a imposé un matériau, le lycra. Les propriétés de ce tissu créent un véritable défi pour les concepteurs puisqu’il est glissant et peut s’étirer jusqu’à huit fois sa longueur; gare à vous si le designer n’en a pas tenu compte!

Un étudiant procède au montage des chaises de carton conçues dans le cours de Roger Camous.

La chaise devait également répondre à un besoin particulier. Tout y est passé: des chaises pliables, des chaises de jardin, des chaises de cuisine, des chaises hautes, des chaises basses, des chaises longues, des chaises suspendues, des chaises d’enfants, des chaises d’amoureux, des chaises isoloirs, des chaises décoratives, des chaises flottantes, des chaises berçantes, des chaises pour guitaristes, des chaises pour tout le monde.

En plus de la conception, les étudiants devaient fabriquer l’armature de la pièce. Le lycra a été fourni par Dupond Canada, mais les désigners ont dû assumer les autres dépenses matérielles, qui variaient de 100 à 300$.

Catimini, la chaise de repos de Geneviève Massé, conçue pour les petites femmes, permet de garder les pieds au chaud et de ranger les objets usuels.


Chaises de carton et chaises sculptures

Sans s’être concertés sur le thème, deux autres professeurs de l’École de design industriel ont aussi amené leurs étudiants à travailler à ces «commodités de la conversation».

Roger Camous a fait réaliser à ses étudiants de première année des chaises de carton, fonctionnelles et démontables, sans recourir à aucune colle ni agrafe. «Le carton se travaille facilement, n’est pas cher et présente des similitudes avec le bois, souligne le professeur. Le défi était de fabriquer une chaise résistante et démontable tout en exerçant sa créativité.»

Son collègue Michel Savage a amené ses étudiants à la frontière du design et de l’art contemporain. «L’approche de mon cours vise à créer une tension entre le design et la sculpture, entre l’objet utilitaire et l’objet d’art. Il s’agit de pervertir la fonction utilitaire d’un objet recyclé et de l’assujettir à la sculpture ou encore de mettre la sculpture au service du design.»

Idée O Logis, de Marie-Pierre Bossé, Jessica Beaulieu et Guy Goulet, a donné à Michel Savage l’idée de sortir côté jardin.

Les résultats sont pour le moins étonnants, comme cette chaise conçue à partir d’une pelle à neige ou encore une chaise platebande dont le siège est fait de gazon avec une fenêtre en guise de dossier. «C’est un tour de force pour des étudiants de première année», reconnaît le professeur devant l’originalité des réalisations.

Toutes ces chaises, dont Ionesco aurait raffolé, sont exposées dans l’entrée de Centre d’exposition du Pavillon et sur la mezzanine jusqu’au 29 mars.

Daniel Baril