COURRIER
Débat
création-évolution: le mot du modérateur
Le nombre
et la place des articles publiés à la suite du débat
du 23 novembre dernier démontrent lintérêt
ou le désintérêt, si je puis mexprimer
ainsi suscité par ce dernier. Jai dabord
cru quil était inutile de répondre à ces
articles, mais je prends comme une invitation à le faire le
fait que mon nom y a été mentionné à plusieurs
reprises!
Le débat sur lorigine de la vie est une question très
actuelle aux États-Unis. Des arrêts ont été
prononcés en sa faveur dans plusieurs États américains
de sorte que la thèse créationniste est maintenant enseignée
dans ceux-ci. En tant quorganisateur de ce débat, ma
motivation était de favoriser le dialogue entre les tenants
de chacune des deux thèses. Je penche effectivement en faveur
de la thèse créationniste et, oui, je crois que Dieu
est le créateur de toutes choses. Je crois aussi que Dieu est
totalement libre et quil peut aussi avoir créé
par le biais de lévolution, quoique les arguments en
faveur de cette thèse ne maient pas convaincu. Comme
la si bien dit un professeur de biologie: «Pour la science,
cest le doute perpétuel!» Ceci constitue le moteur
qui la fait avancer! Pardonnez-moi si je doute de lévolution.
Je voudrais aussi préciser que la Faculté de théologie
et le centre Benoît-Lacroix ne sont pour rien dans lorganisation
du débat du 23 novembre dernier et que le GBU est bel et bien
affilié à lUniversité de Montréal
en tant que regroupement étudiant reconnu par celle-ci.
Je voudrais encore préciser que le GBU nendosse pas nécessairement
tout ce qui a été mentionné durant le débat,
autant au point de vue des arguments que sur le plan de la méthode
employée au cours de cette soirée. Nous favorisons louverture
et le dialogue entre membres de différents arrière-plans
en matière dhypothèses à ce sujet.
En droit, une preuve de culpabilité doit toujours être
suivie par la possibilité dêtre contestée
par la défense et cest dans cette joute darguments
que la vérité peut faire surface. Le débat se
voulait justement une joute qui permettrait à chaque parti
de faire valoir ses arguments et de répondre à ceux-ci.
Le public a eu loccasion unique de voir les deux thèses
mises face à face. Nétait-ce pas permettre une
distance critique que découter les arguments de chacun
des représentants? Nétait-ce pas une occasion
dentendre deux perspectives et déviter le piège
tautologique? Pour ce qui est du débat, les commentaires que
jen ai reçus ont été partagés de
part et dautre de sorte que, dune manière générale,
lexercice a été utile pour avancer la possibilité
dun dialogue.
À ce titre, aucune des deux thèses ne prétend
à toutes les réponses. Chaque thèse produit plusieurs
théories. Les scientifiques tentent dexpliquer par lhistoire
lorigine du monde (au sens large linfiniment petit et
linfiniment grand). Ensuite, un des buts du débat était
de lever le voile religieux couvrant la thèse créationniste.
Lapproche créationniste est une approche historique de
lhomme et du cosmos. Laffirmation que les changements
climatiques sont responsables de la disparition despèces
est reconnue par les deux thèses. Ce ne sont que les espèces
les mieux pourvues pour survivre à ces changements qui sont
demeurées. La dérive des continents fait aussi partie
des sujets détude des créationnistes et plusieurs
hypothèses sont émises.
La difficulté dans ce genre de débat, cest que
chacun cherche à le gagner. Ce qui, à mon sens, ne contribue
en rien au dialogue, bien au contraire. Ceci étant dit, jespère
quil y aura dautres débats de ce type. Que ceux-ci
favoriseront davantage une ouverture de part et dautre. Que
chacun pourra plus librement démystifier son approche quant
aux origines du monde. Épicure croyait que le monde était
le seul fait du hasard. Einstein dira que «Dieu ne joue pas
aux dés avec lunivers». Notre philosophie entre
en jeu dans linterprétation que nous faisons des phénomènes
que nous observons. En confrontant nos idées avec dautres
visions du monde, nous pouvons enrichir notre connaissance du monde.
La diversité est une source de richesse et faire taire les
idées contribue à lappauvrissement de la science.
Bertrand
Blais
Étudiant en théologie