Volume 35 numéro 24
19 mars
2001


 


Pour les amateurs d’histoires littéraires
Michel Pierssens lance une revue consacrée à la littérature française des 19e et 20e siècles.

«Le recours à l’histoire vaut plus encore pour comprendre l’intégration de la littérature à la culture en général, y compris la culture matérielle», selon Michel Pierssens, professeur au Département d’études françaises et codirecteur de la revue Histoires littéraires.

La notion d’auteur, le manuscrit retrouvé des Romances sans paroles de Verlaine, des lettres inédites de Mallarmé, Claudel, Huysmans, une description des archives de la Bibliothèque royale Albert 1er… Voilà un aperçu du dernier numéro d’Histoires littéraires*, une nouvelle revue lancée par Michel Pierssens, professeur au Département d’études françaises.

«Consacrée aux 19e et 20e siècles, Histoires littéraires s’adresse aux universitaires et aux amateurs de littérature française contemporaine moins curieux de détails infimes pour érudits maniaques que d’indices témoignant de l’importance passée de la vie littéraire, fait valoir le codirecteur de la revue. L’objectif principal est de donner une dimension plus actuelle et dynamique à la recherche sur la littérature des deux derniers siècles.»

Dans cette revue trimestrielle, on trouve des articles, des documents inédits et des comptes rendus. Parmi les particularités de l’ouvrage: des rubriques sur les grandes collections et diverses chroniques sur l’actualité. Par exemple, une liste des conférences et des ventes aux enchères qui ont lieu à Londres, Paris et New York ainsi qu’un répertoire des sites Internet consacrés à la littérature contemporaine.

L’historien de la littérature, revenu récemment d’un séjour de un an en France, où il a travaillé avec un collègue français, Jean-Jacques Le Frère, à la mise sur pied de la publication, explique ce côté «magazine» par l’attrait des spécialistes du domaine et des collectionneurs pour les manuscrits, les correspondances et les tirages rares. «Le recours à l’histoire vaut plus encore pour comprendre l’intégration de la littérature à la culture en général, y compris la culture matérielle», écrit-il en quatrième de couverture.

La revue, qui a pris son envol en janvier dernier, compte déjà plus de 500 abonnés de part et d’autre de l’Atlantique. Maintenant accessible sur le Web, elle est appelée à connaître un confortable succès auprès d’un public d’intellectuels et d’amateurs curieux, selon le rédacteur en chef.


Une âme de collectionneur

Dans son bureau où une pile de livres fait figure d’œuvre d’art, M. Pierssens déborde d’enthousiasme. Histoires littéraires n’est pourtant pas la première revue savante qu’il dirige. Il a fondé aux États-Unis, en 1970, une revue consacrée aux problèmes de théorie littéraire, Substance, dont il demeure codirecteur.

«Il fallait que je voie autre chose, explique-t-il. Je voulais renouer avec l’approche historique, redevenue omniprésente en recherche, et m’intéresser davantage aux auteurs “modestes” ou marginaux et à la vie littéraire, c’est-à-dire à l’histoire du livre, à l’édition, aux groupes et à leurs manifestes.» Selon le professeur Pierssens, la revue donne un sens à ce que l’activité littéraire a produit de plus fort et de plus grand. On y trouve des textes nombreux et variés plongés dans une histoire matérielle et culturelle globale.

Outre son intérêt pour les marges de la littérature (écrivains de genres douteux, fous littéraires, etc.), ce spécialiste du comte de Lautréamont (1846-1870) mène des recherches sur les rapports entre les cultures scientifique et littéraire. Le mouvement des symbolistes nommé les «hydropathes» le fascine. «Ce groupe de jeunes et sympathiques artistes se réunissaient dans les cafés et les brasseries de Paris et buvaient beaucoup. La devise de cette bohème littéraire: “L’eau est dangereuse pour la santé!”»

Doté lui aussi d’un esprit un peu vagabond et collectionneur passionné, le professeur Pierssens aime faire la tournée des antiquaires et des bouquinistes. Sa plus grande acquisition: la collection complète de Revue d’aujourd’hui, une publication qui date de 1880. Acheté 35$ chez un brocanteur du Vermont, le volume est estimé à une dizaine de milliers de dollars. «C’est formidable, la collection est complète et en bon état, indique-t-il. Elle comprend 15 numéros reliés dans sa couverture rouge originale.»

Dominique Nancy

*Voici le site Internet de la revue: http://histoires-litteraires.org.