Pour
les amateurs dhistoires littéraires
Michel
Pierssens lance une revue consacrée à la littérature
française des 19e et 20e siècles.
|
«Le
recours à lhistoire vaut plus encore pour comprendre
lintégration de la littérature à
la culture en général, y compris la culture
matérielle», selon Michel Pierssens, professeur
au Département détudes françaises
et codirecteur de la revue Histoires littéraires.
|
|
La notion dauteur,
le manuscrit retrouvé des Romances sans paroles de Verlaine,
des lettres inédites de Mallarmé, Claudel, Huysmans,
une description des archives de la Bibliothèque royale Albert
1er
Voilà un aperçu du dernier numéro dHistoires
littéraires*, une nouvelle revue lancée par Michel
Pierssens, professeur au Département détudes françaises.
«Consacrée aux 19e et 20e siècles, Histoires
littéraires sadresse aux universitaires et aux amateurs
de littérature française contemporaine moins curieux
de détails infimes pour érudits maniaques que dindices
témoignant de limportance passée de la vie littéraire,
fait valoir le codirecteur de la revue. Lobjectif principal
est de donner une dimension plus actuelle et dynamique à la
recherche sur la littérature des deux derniers siècles.»
Dans cette revue trimestrielle, on trouve des articles, des documents
inédits et des comptes rendus. Parmi les particularités
de louvrage: des rubriques sur les grandes collections et diverses
chroniques sur lactualité. Par exemple, une liste des
conférences et des ventes aux enchères qui ont lieu
à Londres, Paris et New York ainsi quun répertoire
des sites Internet consacrés à la littérature
contemporaine.
Lhistorien de la littérature, revenu récemment
dun séjour de un an en France, où il a travaillé
avec un collègue français, Jean-Jacques Le Frère,
à la mise sur pied de la publication, explique ce côté
«magazine» par lattrait des spécialistes
du domaine et des collectionneurs pour les manuscrits, les correspondances
et les tirages rares. «Le recours à lhistoire vaut
plus encore pour comprendre lintégration de la littérature
à la culture en général, y compris la culture
matérielle», écrit-il en quatrième de couverture.
La revue, qui a pris son envol en janvier dernier, compte déjà
plus de 500 abonnés de part et dautre de lAtlantique.
Maintenant accessible sur le Web, elle est appelée à
connaître un confortable succès auprès dun
public dintellectuels et damateurs curieux, selon le rédacteur
en chef.
Une âme de collectionneur
Dans son bureau où une pile de livres fait figure duvre
dart, M. Pierssens déborde denthousiasme. Histoires
littéraires nest pourtant pas la première
revue savante quil dirige. Il a fondé aux États-Unis,
en 1970, une revue consacrée aux problèmes de théorie
littéraire, Substance, dont il demeure codirecteur.
«Il fallait que je voie autre chose, explique-t-il. Je voulais
renouer avec lapproche historique, redevenue omniprésente
en recherche, et mintéresser davantage aux auteurs modestes
ou marginaux et à la vie littéraire, cest-à-dire
à lhistoire du livre, à lédition,
aux groupes et à leurs manifestes.» Selon le professeur
Pierssens, la revue donne un sens à ce que lactivité
littéraire a produit de plus fort et de plus grand. On y trouve
des textes nombreux et variés plongés dans une histoire
matérielle et culturelle globale.
Outre son intérêt pour les marges de la littérature
(écrivains de genres douteux, fous littéraires, etc.),
ce spécialiste du comte de Lautréamont (1846-1870) mène
des recherches sur les rapports entre les cultures scientifique et
littéraire. Le mouvement des symbolistes nommé les «hydropathes»
le fascine. «Ce groupe de jeunes et sympathiques artistes se
réunissaient dans les cafés et les brasseries de Paris
et buvaient beaucoup. La devise de cette bohème littéraire:
Leau est dangereuse pour la santé!»
Doté lui aussi dun esprit un peu vagabond et collectionneur
passionné, le professeur Pierssens aime faire la tournée
des antiquaires et des bouquinistes. Sa plus grande acquisition: la
collection complète de Revue daujourdhui,
une publication qui date de 1880. Acheté 35$ chez un brocanteur
du Vermont, le volume est estimé à une dizaine de milliers
de dollars. «Cest formidable, la collection est complète
et en bon état, indique-t-il. Elle comprend 15 numéros
reliés dans sa couverture rouge originale.»
Dominique
Nancy
*Voici le site
Internet de la revue: http://histoires-litteraires.org.