Des
étudiants de Polytechnique dessinent une voiture solaire
La
voiture Esteban participera à une course aux États-Unis.
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À
lÉcole Polytechnique, les étudiants
Jean-Daniel Genest (à gauche) et Vincent Deschênes
ont investi beaucoup de temps dans la fabrication du véhicule
solaire Esteban. Plus de 35 étudiants travaillent
à ce projet actuellement. |
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Le prototype dune
voiture solaire mise au point à lÉcole Polytechnique
par un groupe détudiants prendra le départ dune
course à travers les États-Unis, lAmerican Solar
Challenge, en juillet prochain. La voiture Esteban, qui a tout
juste la puissance dun grille-pain, devra parcourir 3700 km,
de Palm Springs à Chicago, et sera opposée à
des équipes aguerries comme celle de lUniversité
Queens, victorieuse de la dernière compétition,
en 1999, en Australie.
«Nous ne savons pas comment nous allons performer,
mais nous savons que ça va fonctionner, commente avec humilité
Jean-Daniel Genest, le coordonnateur du groupe. Disons que nous allons
être satisfaits si nous terminons le parcours puisque la moitié
des compétiteurs ne parviennent pas au fil darrivée.»
À quelques semaines des premiers essais sur route, le véhicule
est encore en pièces détachées dans un local
exigu de lÉcole Polytechnique et les panneaux solaires,
pièce maîtresse du prototype, nont pas encore été
livrés. Mais léquipe assure quelle sera
fin prête pour les qualifications, au début de lété
prochain. «Il sagit dune course très exigeante
où le véhicule doit pouvoir gérer efficacement
son énergie, explique Vincent Deschênes, étudiant
en génie électrique. Par exemple, on doit composer avec
les heures densoleillement pour alimenter les piles photoélectriques
et savoir choisir la meilleure vitesse pour éviter dépuiser
lénergie. De plus, la force déployée dans
les descentes doit être utilisée pour produire de lénergie.»
Cinq équipes pour un projet
Commandité par Bombardier Aéronautique, les ministères
fédéral et provincial des Ressources naturelles, lÉcole
Polytechnique et plusieurs entreprises, le prototype a une valeur
denviron 450 000 $, mais a été réalisé
avec un budget de
35 000 $. Inutile de dire que le bénévolat
a permis deffectuer la plus grande partie du travail. Dailleurs,
sur le site Web de lorganisme à but non lucratif qui
a été incorporé pour loccasion, la Société
technique du véhicule solaire http://esteban.polymtl.ca/,
on peut voir les photos de tous ceux qui ont mis la main à
la pâte. Cest-à-dire beaucoup de monde
Actuellement,
35 personnes, dont la moitié proviennent du Département
de génie mécanique, travaillent au projet.
«Nous avons réparti la tâche en cinq équipes,
explique Jean-Daniel Genest: structure, coque, électricité,
informatique et mécanique. À ce jour, tout est à
peu près réglé, sauf peut-être la composante
électrique.»
Au moment de rencontrer Forum, on sapprêtait à
recevoir les panneaux solaires contenant quelque 600 cellules photoélectriques
qui permettront au véhicule demmagasiner de lénergie
pour actionner le moteur-roue. Lorsque cette étape sera franchie
(et que la neige aura fondu), les essais routiers commenceront.
Esteban surprendra-t-elle?
La maîtrise de lénergie solaire demeure en bonne
partie imparfaite et la performance des panneaux est variable dun
fournisseur à lautre. Chaque véhicule a donc ses
caractéristiques propres. Mais Esteban peut-elle surprendre?
«Honnêtement, nous ne pensons pas pouvoir rivaliser avec
lÉcole de technologie supérieure ou les universités
Queens ou McGill. Cette dernière bénéficie
dune commandite de un million de dollars seulement pour ses
panneaux. De plus, nous en serons à notre premier départ,
alors que la plupart des équipes ont déjà participé
à la course, ce qui leur donne une expérience utile»,
commente Jean-Daniel Genest.
Aux États-Unis, lAmerican Solar Challenge est un véritable
happening médiatique. Chaque étape est couverte par
les médias locaux et les universités en tirent une excellente
visibilité. Dailleurs, ce sont surtout les professeurs
qui forment les équipes avec leurs étudiants. À
lÉcole Polytechnique, il sagit dun projet
para-universitaire presque entièrement conçu par les
étudiants.
«On choisit luniversité parce quon aime la
science, mais on commence par des cours théoriques assez éloignés
de la vraie vie. Plusieurs étudiants en génie cherchent
donc des projets qui leur permettront de plonger dans le concret.
Cest comme ça que nous avons eu lidée de
créer un véhicule propulsé à lénergie
solaire», explique M. Deschênes, qui est là depuis
les débuts du projet.
Après plusieurs années de travail, ce dernier dit en
avoir beaucoup appris sur lénergie solaire, au point
où il a «perdu ses illusions». Il croit que les
véhicules automobiles alimentés par énergie solaire
nont pas davenir. «Bien sûr, la question de
lautonomie ne se pose pas puisquon na plus besoin
de stations-services pour se ravitailler. Mais on demeure dépendant
de lensoleillement et, surtout, de capteurs photoélectriques
qui ne sont pas très efficaces. De plus, le prix restera prohibitif.»
Létudiant pense que le marché de la voiture à
essence munie dun système électrique complémentaire
est sur le point de souvrir à grande échelle.
Toutefois, lexpérience de la course nord-américaine
pour la voiture Esteban demeure extrêmement utile à
ses yeux, ne serait-ce que pour faire la promotion des sources dénergie
alternatives. Le prototype fera dailleurs le tour du Québec,
aussitôt après être revenu au pays, pour un bain
de foule à vocation promotionnelle. Ce ne sera pas sa première
sortie publique puisquil a été exposé avec
beaucoup de succès au dernier salon de lauto de Montréal,
en février.
Mathieu-Robert
Sauvé