Le
21e siècle sera protéomique
Et
le premier réseau canadien de recherche dans cette discipline
sera montréalais.
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«La
recherche canadienne en protéomique, cest à
Montréal
que ça se passe», affirme Michel Desjardins. |
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Mieux vaut se
faire à ce nouveau terme: la protéomique sera la science
du 21e siècle, selon ce que murmuraient des industriels au
Sommet économique de Davos en février dernier.
«La protéomique, cest létude des grands
ensembles de protéines, de leur localisation dans la cellule,
de leurs variantes et de leurs interrelations, explique Michel Desjardins,
professeur au Département de pathologie et biologie cellulaire.
Ce projet constitue le prochain défi de la recherche en biologie
cellulaire. Par analogie avec le hockey, on peut dire que le séquençage
du génome nous a donné les noms de tous les joueurs
de la Ligue nationale; la protéomique va nous permettre de
déterminer leur équipe, leur position et avec quel coéquipier
ils jouent. Lobservation de blessures permettra de comprendre
pourquoi léquipe est moins performante.»
Beaucoup plus complexe à réaliser que le séquençage
du génome, lidentification des protéines et de
leurs variantes, qui se comptent par centaines de milliers, permettra
de repérer de nouvelles cibles dans le traitement de diverses
maladies par la comparaison des états protéiniques sains
avec des états pathologiques.
Le professeur ne doute pas de la justesse des propos des industriels
à Davos. «Partout dans le monde, le milieu industriel
a déjà annoncé des milliards de dollars dinvestissement
dans la protéomique», affirme-t-il.
Le 28 février dernier, le ministre canadien de lIndustrie,
Brian Tobin, a choisi lUniversité de Montréal
pour annoncer des investissements de 140 M$ de la part de Génome
Canada dans la recherche en génomique et protéomique.
Ces subventions sajoutent aux 160 M$ déjà annoncés
lannée dernière. Génome Québec y
investit pour sa part une mise initiale de 50 M$.
Quelque 10 M$ de ces fonds serviront à la mise sur pied du
Réseau montréalais de protéomique, le premier
au Canada, regroupant lUniversité de Montréal,
lUniversité McGill, leurs centres hospitaliers affiliés
et lIRCM. Le Réseau bénéficiera également
de 11 M$ provenant de la FCI et de 3 M$ accordés par Valorisation-recherche
Québec.
LUdeM sur la carte
Michel Desjardins avec ses collègues Lucian Ghitescu et Jacques
Paiement, tous du même département, seront les trois
chercheurs de lUdeM membres de ce réseau, auxquels se
joindra John Bergeron, de lUniversité McGill. Ces trois
derniers chercheurs ont été formés par deux Prix
Nobel de médecine, Georges Palade et Christian de Duve, des
pionniers dans la mise au point de méthodes de fractionnement
cellulaire.
Le professeur Desjardins a pour sa part déjà assuré
la présence de lUniversité de Montréal
dans la recherche protéomique internationale. Avec cinq membres
de son équipe Roberto Diez, Sophie Duclos, Éthienne
Gagnon, Jean-François Dermine et Christiane Rondeau, et léquipe
de Jérome Garin à Grenoble , il publiait dans
le numéro de janvier du prestigieux Journal of Cell Biology
des résultats de recherche portant sur lidentification
de plus de 140 protéines du phagosome.
«Le phagosome est un compartiment des macrophages où
sont détruits les agents infectieux, explique le chercheur.
Il y a au moins 500 protéines dans ce compartiment. Nos travaux
consistent à identifier chacune de ces protéines par
spectrométrie de masse. Le procédé nous permet
également de noter les modifications fines que la cellule apporte
à ses protéines pour les rendre fonctionnelles.»
Ces travaux ont été cités par léditeur
de Science (12 janvier) comme une référence en
protéomique.
Cette expertise sera mise à contribution au sein du réseau
montréalais dont les travaux porteront sur les effets de différents
stimuli tels les facteurs de croissance, des agents infectieux
ou diverses substances bioactives sur les protéines
de plusieurs compartiments cellulaires. «On pourra observer
par exemple comment la bactérie de la tuberculose modifie les
protéines du phagosome et en perturbe le fonctionnement.»
Ce type de recherche permettra de déterminer les systèmes
dinterrelations des protéines et de mettre au point des
interventions visant plusieurs cibles à la fois. «Ultimement,
la protéomique favorisera la compréhension des bases
moléculaires du vivant», estime Michel Desjardins.
Daniel
Baril