Volume
35 numéro 22
26 février 2001
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Épuration
des eaux du Biodôme
Yves
Comeau, de lÉcole Polytechnique, a mis au point des procédés
de filtrage pour éliminer les nitrates et les phosphates.
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À
laide de ce modèle réduit, Yves Comeau
étudie le processus
de cristallisation du phosphate sur les scories dacier.
Seize colonnes de ce genre, pouvant contenir 300 L deau
chacune, sont en train dêtre installées
au Biodôme. Le système devrait être opérationnel
lété prochain. |
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À loeil,
leau du Saint-Laurent recréée en miniature au
Biodôme est semblable à une eau de roche. Les différents
procédés daspiration et de filtration viennent
à bout des déchets produits par les quelque 3000 poissons,
oiseaux et invertébrés qui peuplent cet écosystème
en circuit fermé.
Mais les trois millions de litres deau sont atteints dune
pollution invisible: les nitrates et les phosphates provenant des
déjections animales.
«Seulement un septième de cette masse deau est
renouvelé chaque année et la concentration de nitrates
et de phosphates a monté en flèche de 1992 à
1998, explique Yves Comeau, professeur au Département des génies
civil, géologique et des mines de lÉcole Polytechnique.
Remplacer toute leau de mer, qui est fabriquée de façon
synthétique, coûterait trop cher comme méthode
dépuration. Il faut donc trouver un procédé
qui permette de réduire la fréquence des vidanges tout
en assurant la santé des poissons.»
Il y a trois ans, on a dû réduire le nombre de poissons
et remplacer la colonie de fous de Bassan gros producteurs dazote
par des eiders afin de stabiliser le niveau des nitrates. Mais
cela na pas été suffisant puisque ce niveau
150 milligrammes par litre était déjà
trop élevé. Le Biodôme a fait appel à lexpertise
dYves Comeau, qui a mis au point un dénitrificateur à
base de micro-organismes. Depuis 1998, le niveau est à la baisse.
Scories dacier
«Mais il faut aussi abaisser le niveau des phosphates pour contrôler
la prolifération dalgues qui se fixent aux rochers et même
sur les parois vitrées, indique Serge Parent, conseiller scientifique
au Biodôme. De plus, en éliminant seulement les nitrates,
on laisserait le champ libre aux bactéries toxiques fixatrices
dazote qui utilisent aussi le phosphate pour se développer
et qui proliféreraient.»
Yves Comeau, qui travaillait déjà sur un projet de recherche
du CRSNG pour épurer les rejets de pisciculture, avait une solution
toute prête. «Nous avons testé 80 matériaux
pouvant agir comme filtres à phosphate, dont le calcaire et la
serpentine, mais ce sont les scories dacier qui ont donné
les meilleurs résultats en raison de leur haute teneur en chaux,
explique-t-il. La chaux absorbe le phosphate, le précipite, puis
le cristallise sur les scories.»
Cest ce procédé qui sera appliqué au Biodôme,
où lon espère pouvoir ainsi abaisser le niveau des
phosphates de 20 à 2 milligrammes par litre. Selon les estimations
dYves Comeau, les scories sur lesquelles leau devrait séjourner
pendant 24 heures auraient besoin dêtre remplacées
tous les trois ou cinq ans. Non seulement ces résidus industriels
ne coûtent rien, mais ils pourraient même être réutilisés
comme engrais phosphaté.
Un tel engrais, à libération lente, pourrait être
employé dans des sites de naturalisation comme celui de la carrière
Miron ou dans des lieux de reboisement, notamment pour la production
de chênes, un arbre à croissance lente. Un projet de recherche
en ce sens est sur le point dêtre amorcé avec lInstitut
de recherche en biologie végétale.
Daniel
Baril
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