Volume 35 numéro 21
19 février
2001




VIENT DE PARAÎTRE

Sociologie et sociétés
La science n’a pas été épargnée par les bouleversements qui ont marqué les sociétés industrialisées depuis le début des années 80. Entre autres, la mondialisation des marchés et la redéfinition du rôle de l’État ont modifié la conduite de l’activité scientifique. On observe ainsi des changements dans l’environnement externe de la recherche, notamment en matière de financement: augmentation du financement privé et mise en place de programmes de soutien à la recherche qui privilégient la collaboration avec les entreprises. Par ailleurs, les établissements au sein desquels travaillent les scientifiques sont eux aussi marqués par des tendances semblables: création d’organismes où cohabitent les universitaires et les industriels, création d’entreprises par les chercheurs, etc.

Si le constat de ces changements fait consensus, il en va tout autrement de l’analyse et de l’interprétation des transformations qu’ils induisent dans les pratiques des chercheurs. Certains y voient la mise en place d’un nouveau mode de production des connaissances; d’autres, de nouveaux moyens de poursuivre une activité dont les caractéristiques fondamentales restent inchangées. Les articles de ce numéro de Sociologie et sociétés s’inscrivent dans ce débat. Ils explorent, dans une variété de contextes institutionnels, disciplinaires et historiques, le caractère réellement nouveau des changements actuels et leurs effets sur les pratiques des scientifiques.

Sociologie et sociétés, vol. 32, no 1, La science, nouvel environnement, nouvelles pratiques?, Presses de l’Université de Montréal, 2000, 235 pages.


Les promesses du cyberespace
Ce numéro de Sociologie et sociétés présente une perspective sociologique et critique sur les enjeux des nouvelles formes de communication à l’aube du troisième millénaire (réseaux informatiques, médias électroniques, réalité virtuelle, etc.). Il articule une variété de points de vue représentant les différentes approches actuelles sur ces phénomènes, tant en ce qui concerne les ancrages disciplinaires — principalement sociologiques, en phase avec la vocation de la revue, mais aussi connexes tels que droit, philosophie et, bien sûr, communication — que les partis pris méthodologiques: études de cas, démarches de type ethnographique ou analyses de discours. Ce numéro thématique combine des essais de réflexions théoriques avec des articles s’appuyant sur des études plus empiriques.

La thématique retenue — les promesses du cyberespace — doit être entendue dans un sens ironique, en ceci que nous nous intéressons autant au potentiel révolutionnaire de ces nouvelles formes de communication qu’aux multiples effets d’annonce qu’elles suscitent. Nous cherchons, par le choix des auteurs, à fournir une vision contrastée de ces promesses. Depuis quelques années, les penseurs et les décideurs nous annoncent en effet trop souvent une transformation radicale du lien social à l’heure des autoroutes de l’information. Projet de société ou projet philosophique pour des sociétés qui semblent parfois en manquer singulièrement, ces promesses, délirantes ou non, reposent sur un certain nombre d’hypothèses qu’il convient de rappeler. C’est ce à quoi ce numéro de Sociologie et sociétés s’attache par un regard rigoureux et informé sur ces phénomènes.

Sociologie et sociétés, vol. 32, no 2, Les promesses du cyberespace, Presses de l’Université de Montréal, 2001, 236 pages, 22$.


Faire dire
Le présent ouvrage est destiné à tous ceux qui, de près ou de loin, s’intéressent aux communications et plus spécialement à ceux qui cherchent à mieux connaître les techniques de l’interview. Claude Sauvé, à travers son expérience de journaliste et de professeur, nous fait voir comment il est possible d’éviter les pièges de la banalité et de réaliser une interview constructive et enrichissante. Pour lui, il s’agit d’abord de se préparer avec intelligence et d’établir un lien de confiance entre l’intervieweur et l’interviewé. Dans ce but, l’intervieweur doit impérativement connaître ses dossiers et utiliser une langue accessible au commun des mortels. Ensuite, il lui faut exercer son jugement et être assez humble pour se renseigner sur ce qu’il ignore. Enfin, il doit être accueillant à l’égard de celui qu’il interroge tout en ayant le discernement nécessaire pour ne pas céder aux caprices de son interlocuteur, voire à ses dérobades. Par ailleurs, l’intervieweur ne doit jamais oublier qu’il est au service du public et qu’il doit le renseigner adéquatement.

Par des exemples savoureux et des mises en situation stimulantes, Claude Sauvé attire l’attention du lecteur sur les incidences et les exigences du métier d’intervieweur tout en soulignant le caractère fascinant et passionnant de cette pratique journalistique.

Claude Sauvé enseigne le journalisme à l’Université de Montréal depuis plus de 20 ans.

Claude Sauvé, Faire dire, L’interview à la radio-télévision, Presses de l’Université de Montréal, 2000, 245 pages.


Rodolphe Mathieu
Le compositeur Rodolphe Mathieu (1890-1962) est un personnage énigmatique de l’histoire culturelle du Québec. Libre penseur foncièrement ouvert à la pensée moderne, il écrit, entre 1913 et 1933, des oeuvres d’une étonnante originalité, puis il cesse pratiquement de composer.

Esprit original et autodidacte, il refuse d’adhérer aux diktats de la pensée cléricale et conservatrice de l’époque. Durant cette période, il interroge le processus de création artistique, découvre la science et consigne ses réflexions dans un cahier.

Plus tard, entre 1947 et 1952, isolé du milieu musical, Rodolphe Mathieu jette un regard critique, et parfois cynique, sur l’obscurantisme qui couvre la «Sainte Province», puis il se tait. Des extraits de ces documents nous font découvrir un artiste qui vécut à une époque où la liberté de pensée ne s’exprimait que tout bas, au fil d’une plume solitaire.

L’auteure, Marie-Thérèse Lefebvre, est professeure à la Faculté de musique et responsable des recherches en musique canadienne. Elle travaille présentement à la rédaction d’une biographie de Rodolphe Mathieu et à une histoire de la vie musicale au Québec durant la première moitié du 20e siècle.

Marie-Thérèse Lefebvre, Rodolphe Mathieu, Choix de textes inédits, Montréal, Guérin, 2000, 256 pages, 18,70$.


Émotions et valeurs
Pour s’opposer au scepticisme de la connaissance des valeurs, nombreux sont les philosophes qui soutiennent avec John Rawls qu’une croyance morale est justifiée dans la mesure où elle appartient à un ensemble cohérent de croyances.


Christine Tappolet s’inspire des travaux de Max Scheler et d’Alexius von Meinong pour défendre une conception différente. Elle soutient que la connaissance des valeurs dépend de nos émotions, ces dernières étant conçues comme des perceptions de valeurs.

Christine Tappolet est professeure adjointe au Département de philosophie de l’Université de Montréal.

Christine Tappolet, Émotions et valeurs, Paris, Presses universitaires de France, 2000, 295 pages.


Question de maigrir
Lorsqu’on observe l’épidémie de l’obésité en Amérique du Nord, on constate que, depuis 10 ans, le nombre de personnes excédant sensiblement leur poids normal a augmenté de façon fantastique, alors qu’avant ce nombre était stable. Or, durant les 10 dernières années, il n’y a eu de révolution ni dans les régimes alimentaires ni dans les modes de vie qui pourrait expliquer une telle recrudescence. Il est temps de faire le tour de la question. C’est du moins ce que l’auteur de Question de maigrir, le Dr Dominique Garrel, a voulu faire dans ce livre en misant sur la compréhension des mécanismes de base du maintien du poids pour aider non seulement à gérer son poids, mais à vivre en santé sans se priver des plaisirs de la table.

Le livre Question de maigrir n’a qu’une seule intention: informer, expliquer intelligemment le pourquoi et le comment pour intervenir efficacement sur son problème à l’égard de la nourriture. Qui plus est, son auteur souhaite que, lorsque se présentera un nouveau gourou avec la diète du siècle, on sache résister à l’envie de croire au miracle.

Dominique Garrel est chef du Département de nutrition de l’Université de Montréal et Jacques Beaulieu a participé à l’écriture de plusieurs livres de vulgarisation médicale pour des professionnels de la santé.

Le Dr Dominique Garrel avec la collaboration de Jacques Beaulieu, Question de maigrir, Montréal, Éditions Ph. D., 2000, 170 pages.


Les dérèglements de l'art
Les bas-côtés, les bordures, les marges de la scène culturelle de petite et de moyenne diffusion, les multiples manières dont des textes et des discours sont déclarés illégitimes et irrecevables sont encore peu connus. Les auteurs, mouvements, écoles et groupes, les pratiques et les métiers, les textes et les discours qui, aux 18e et 19e siècles, se sont situés sur le terrain de la course à la légitimité culturelle, mais qui ont été tenus pour aberrants, iconoclastes, secondaires parce qu’ils ont été considérés comme tels de leur temps sans nul espoir de rédemption ou parce que la postérité les a exclus de ses tableaux d’honneur, sont en grande partie restés dans l’ombre. Avec cet ouvrage, les auteurs ont voulu soulever un coin du voile. Les travaux qui le composent arpentent les chemins de la déviance culturelle et littéraire entre 1715 et 1914. Une hypothèse: la pensée aberrante, la marginalité esthétique, la pratique atypique, la stratégie inopérante, la carrière irrégulière disent quelque chose de fondamental sur l’état d’une société et de sa culture.

Pierre Popovic est professeur agrégé au Département d’études françaises de l’Université de Montréal.

Sous la direction de Pierre Popovic et Érik Vigneault, Les dérèglements de l’art, Presses de l’Université de Montréal, 2001, 266 pages, 24,95$.