Incubateur
pour gestionnaires de portefeuille
LIGP
vise aussi lexpérimentation de nouveaux produits financiers.
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«Lincubateur
est à la finance ce que le laboratoire est à
la chimie», selon Pierre Laroche. |
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Février.
Le mois des REER. Banques, sociétés de fonds communs
de placement, compagnies dassurances et courtiers déploient
tous les moyens à leur disposition pour mettre la main sur
notre épargne quils confieront, la plupart du temps,
à des gestionnaires de portefeuille censés la faire
fructifier.
Mais le Québec affiche un manque de gestionnaires de portefeuille
compétents. Cest pourquoi lÉcole des Hautes
Études Commerciales créait, il y a un an, en collaboration
avec une filiale de la Caisse de dépôt et placement du
Québec (Services financiers CDPQ), un incubateur de gestionnaires
de portefeuille (IGP) afin de développer le savoir-faire en
la matière.
«Lincubateur est à la finance ce que le laboratoire
est à la chimie», explique son directeur, Pierre Laroche,
qui dirige également le Service de lenseignement de la
finance aux HEC. LIGP sadresse tant aux professionnels
déjà en exercice quaux diplômés récents
des universités. Pour être admis, le candidat doit remplir
un questionnaire détaillé et soumettre son dossier à
un comité composé de représentants du milieu
de la finance.
En fait, lincubateur offre un encadrement qui permet de gérer
en temps réel un portefeuille fictif. Lobjectif est non
seulement de former de nouveaux gestionnaires mais aussi délaborer
de nouvelles stratégies dinvestissement sans mettre du
capital en jeu.
Portefeuille
fictif
Lincubateur permet à ladhérent de placer
des ordres en temps réel et contrôle rigoureusement leur
acceptation. Il effectue le suivi des transactions et calcule les
rendements comme si ces opérations avaient réellement
eu lieu. Les ordres peuvent être placés sur la plupart
des marchés grâce aux services de la société
CITAC, fournisseur de la Salle des marchés des HEC, qui constitue
le centre des opérations.
Ainsi le gestionnaire communique les détails dune transaction
à un opérateur de la Salle des marchés qui voit
à sa validation. La faisabilité de la transaction une
fois confirmée, lordre est transmis à CITAC. Cette
dernière rassemble les transactions et fournit chaque mois
un relevé de compte. À la fin dune période
de deux ans, les données sont authentifiées et rendues
disponibles pour le calcul du rendement.
Cinq professionnels en exercice ont déjà adhéré
à lIGP, dans la majorité des cas avec la collaboration
de leur employeur. «Nous avons actuellement cinq comptes et
deux autres sont sur le point de démarrer», précise
Pierre Laroche, qui se réjouit de la réaction du milieu
des affaires.
À la suite dune invitation lancée dans les universités
québécoises et dans les clubs dinvestissement,
une quinzaine détudiants ont présenté leur
dossier. Répartis en trois équipes, ces étudiants
sont en train délaborer leur projet. M. Laroche est donc
optimiste quant à la mise en route de trois autres portefeuilles
à la fin de lété. «Il y a un critère
très important pour adhérer à lIGP, insiste-t-il.
Il faut avoir une politique de placement bien claire.»
Pour adhérer à lIGP comme étudiant, une
formation en finance nest pas essentielle, dautant plus
que le travail en équipe est encouragé. Cest dailleurs
le cas dans les institutions financières où les fonds
communs de placement sont presque toujours gérés par
des équipes de professionnels. Un diplômé du doctorat
en biotechnologie qui connaît bien les entreprises dans ce domaine
ferait un excellent candidat, croit Pierre Laroche. Autre profil possible:
un diplômé en génie minier qui a une formation
en placement et qui connaît les rudiments de la gestion de portefeuille
pourrait élaborer une stratégie de placement pour un
portefeuille de type ressources naturelles.
Approches novatrices
Lincubateur pour faire écho aux incubateurs dentreprises
quutilisent les PME afin de développer leur savoir-faire
favorise léclosion dapproches novatrices.
Des professionnels et les sociétés qui les emploient
peuvent donc y faire lexpérience de nouveaux produits
financiers sans avoir à risquer des sommes considérables.
«Aussi étonnant que cela puisse paraître, même
sil sagit dun domaine qui est près de la
finance, il est très difficile de trouver du capital de démarrage,
constate Pierre Laroche. Ainsi une société de fonds
dinvestissement désireuse de proposer un nouveau fonds
commun peut tester son concept à lIGP sur une période
de 12 à 24 mois avant de lancer son produit sur le marché.»
Le professionnel qui gère un portefeuille selon une certaine
méthode pour le compte de son employeur peut voir ce que son
travail aurait donné sil avait utilisé une autre
approche et faire authentifier ses résultats. «Nous sommes
en mesure, avec les moyens dont nous disposons, dauthentifier
les résultats avec un haut degré de certitude, donc
de donner une idée, la plus précise possible, de ce
qui serait advenu si ce portefeuille avait réellement existé.
Nous avons dans notre salle des marchés le système informatique
requis pour authentifier les transactions. Il sagit dun
processus très rigoureux qui tient compte, par exemple, du
nombre de minutes qui se sont écoulées entre le moment
où le gestionnaire a fait connaître sa transaction et
le moment où elle a été exécutée.»
Se pose également le problème de la confidentialité
puisque les stratégies utilisées sont des secrets commerciaux
jalousement gardés. «Nous avons avec ces gestionnaires
des ententes de confidentialité, observe M. Laroche. Nous sommes
seulement deux, lofficier et moi, à connaître en
détail toutes les opérations.»
Françoise
Lachance
Les personnes
qui veulent en savoir plus sur lIncubateur de gestionnaires
de portefeuille peuvent consulter le site Internet à ladresse
suivante: www.hec.ca/igp.