Volume 35 numéro 20
12 février 2001




COURRIER

Même La Palice aurait rougi
«Personne n’échappe à la honte», déclare gravement le professeur de psychologie Conrad Lecomte. Est-ce bien vrai? S’ils sont fidèlement rapportés, les propos qu’il tenait récemment dans Forum (2001-01-22, p. 3) donnent pourtant à penser que leur auteur — qui serait aussi «un psychothérapeute renommé» —constitue lui-même une troublante exception à la règle. Car il faut bien être tout à fait à l’abri de ce sentiment ravageur pour énoncer tranquillement, du haut de la fonction qui est la sienne, des banalités comme celles-ci: «Le professionnel doit donc apprendre à accepter la complexité de l’expérience émotive dans le cadre du processus thérapeutique»; « D’une manière ou d’une autre, tout psychothérapeute est appelé à se situer, à se définir et à composer avec la complexité humaine»; «Malgré sa subjectivité, le psychothérapeute demeure un professionnel qui réfléchit et invite l’autre à réfléchir à son tour».

L’article de Forum donne un aperçu du cheminement réflexif de l’interviewé. S’étant demandé au début de sa longue carrière d’enseignant et de chercheur si «un psychologue compétent est […] réellement un expert invisible qui observe et analyse de manière objective le patient», M. Lecomte conclut, 26 ans plus tard, qu’il n’en est rien, qu’«aucune règle ou technique précise ne peuvent répondre aux exigences de chaque situation [car voyez-vous] l’être humain est complexe».

On voudrait croire que le savoir des psychothérapeutes de formation universitaire va quelque peu au-delà de cette sagesse simplette. Autrement, il serait assez honteux que l’enseignement de la psychologie clinique continue de faire partie d’un cursus.

Luis Carlos Fernandez
Maîtrise en psychologie (1974)
Psychothérapeute