COURRIER
Même
La Palice aurait rougi
«Personne néchappe à la honte», déclare
gravement le professeur de psychologie Conrad Lecomte. Est-ce bien
vrai? Sils sont fidèlement rapportés, les propos
quil tenait récemment dans Forum (2001-01-22,
p. 3) donnent pourtant à penser que leur auteur qui
serait aussi «un psychothérapeute renommé»
constitue lui-même une troublante exception à la
règle. Car il faut bien être tout à fait à
labri de ce sentiment ravageur pour énoncer tranquillement,
du haut de la fonction qui est la sienne, des banalités comme
celles-ci: «Le professionnel doit donc apprendre à accepter
la complexité de lexpérience émotive dans
le cadre du processus thérapeutique»; « Dune
manière ou dune autre, tout psychothérapeute est
appelé à se situer, à se définir et à
composer avec la complexité humaine»; «Malgré
sa subjectivité, le psychothérapeute demeure un professionnel
qui réfléchit et invite lautre à réfléchir
à son tour».
Larticle de Forum donne un aperçu du cheminement
réflexif de linterviewé. Sétant demandé
au début de sa longue carrière denseignant et
de chercheur si «un psychologue compétent est [
]
réellement un expert invisible qui observe et analyse de manière
objective le patient», M. Lecomte conclut, 26 ans plus tard,
quil nen est rien, qu«aucune règle
ou technique précise ne peuvent répondre aux exigences
de chaque situation [car voyez-vous] lêtre humain est
complexe».
On voudrait croire que le savoir des psychothérapeutes de formation
universitaire va quelque peu au-delà de cette sagesse simplette.
Autrement, il serait assez honteux que lenseignement de la psychologie
clinique continue de faire partie dun cursus.
Luis
Carlos Fernandez
Maîtrise en psychologie (1974)
Psychothérapeute