La
fasciite plantaire: aïe aïe aïe!
Le
Dr André Roy traite sans chirurgie ce mal qui touche 1% des
gens.
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Le
Dr André Roy a utilisé la reproduction dun
squelette de pied pour illustrer ses propos; un élastique
jouait le rôle du fascia plantaire. |
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Pour voir si le
pied dun patient présente un problème, le Dr André
Roy jette toujours un coup doeil sur sa chaussure. «Vous
avez là une rétrospective des anomalies biomécaniques
du patient. Ça ne ment pas.»
Au cours des Journées du Département de médecine,
les 30 novembre et 1er décembre derniers, le Dr Roy a entretenu
son auditoire de lune des pathologies les plus fréquentes
chez les gens qui ressentent des douleurs aux membres inférieurs:
la fasciite plantaire. Plusieurs sportifs sen plaignent, particulièrement
les coureurs, mais les personnes âgées et les obèses
ne sont pas épargnés puisque la surcharge pondérale
crée une pression excessive sur la structure du pied. Parmi
les gens âgés, de 2 à 10% en souffrent sur une
longue période. Cette pathologie est la deuxième cause
de douleurs au pied, et plus de deux millions de personnes en souffrent
aux États-Unis, soit 1% de la population.
La fasciite plantaire est une rupture ou un étirement du tendon
qui unit los du talon (le calcanéum) au métatarse
et qui donne au pied son arche. Essentiel à la marche et au
maintien en position debout, le fascia plantaire peut cesser de jouer
son rôle. Une des approches thérapeutiques consiste en
une opération chirurgicale. Mais les résultats ne sont
pas toujours heureux. «Je nai jamais envoyé personne
en chirurgie», dit fièrement le physiatre.
Dans les cas légers, la pose dorthèses et les
exercices de physiothérapie peuvent convenir, mais si le mal
est aigu ou chronique, le médecin doit appliquer la méthode
PRICE. Il sagit de lacronyme des approches suivantes:
protection des membres atteints, repos, glace (ice), compression du
talon et élévation (il est indiqué de soulever
le pied du lit du patient afin que ses pieds soient plus élevés
que le reste de son corps). Il faut aussi prévoir les anti-inflammatoires.
Le Dr Roy ne recommande pas les orthèses plantaires préfabriquées
vendues de 15 à 20$ à la pharmacie du coin. Par contre,
il est souvent inutile dengloutir plus de 300$ dans des orthèses
moulées, faites sur mesure. «Quand jen prescris,
cest pour des anomalies permanentes», dit-il. Lidéal,
cest lorthèse de qualité quon trouve
dans des boutiques spécialisées. Elle coûte environ
150$.
Un traitement prometteur vient de voir le jour: le Extracorporal Shock
Waves Therapy. Il consiste à corriger lanomalie en bombardant
le pied dondes produites par un appareil électromagnétique.
«Ce traitement affiche un taux de succès de 75 à
98%, dit le Dr Roy. Mais il a malheureusement plusieurs défauts.
Il est douloureux, coûteux et peu disponible. Dans la région
de Montréal, seule une clinique spécialisée de
Saint-Bruno loffre à ses patients.»
La chirurgie traditionnelle, consistant au détachement du fascia
plantaire, nest pas recommandable, car elle se solde souvent
par un affaissement de larche du pied. La chirurgie par endoscopie,
en revanche, favorise une fasciotomie partielle, ce qui diminue le
temps de la convalescence.
Évidemment, la meilleure prévention contre la fasciite
plantaire demeure une bonne hygiène de vie (alimentation saine,
pratique dactivités sportives), car lobésité
est une condition associée à ce problème.
Si André Roy a choisi de faire porter sa conférence
du 1er décembre dernier exclusivement sur la fasciite plantaire,
cest quil considère cette blessure comme lune
des plus courantes dans la pratique de la médecine sportive.
Mais le physiatre connaît bien dautres problèmes
associés à la pratique du sport. Responsable de la médecine
sportive au CHUM, le Dr Roy aimerait bien ouvrir une clinique près
du CEPSUM dici deux ans. «Cest au CEPSUM quon
trouve une concentration intéressante de sportifs délite;
dans les hôpitaux, on nen voit quà loccasion.»
Mathieu-Robert
Sauvé