Volume 35 numéro 20
12 février 2001


 


La fasciite plantaire: aïe aïe aïe!
Le Dr André Roy traite sans chirurgie ce mal qui touche 1% des gens.

Le Dr André Roy a utilisé la reproduction d’un squelette de pied pour illustrer ses propos; un élastique jouait le rôle du fascia plantaire.

Pour voir si le pied d’un patient présente un problème, le Dr André Roy jette toujours un coup d’oeil sur sa chaussure. «Vous avez là une rétrospective des anomalies biomécaniques du patient. Ça ne ment pas.»

Au cours des Journées du Département de médecine, les 30 novembre et 1er décembre derniers, le Dr Roy a entretenu son auditoire de l’une des pathologies les plus fréquentes chez les gens qui ressentent des douleurs aux membres inférieurs: la fasciite plantaire. Plusieurs sportifs s’en plaignent, particulièrement les coureurs, mais les personnes âgées et les obèses ne sont pas épargnés puisque la surcharge pondérale crée une pression excessive sur la structure du pied. Parmi les gens âgés, de 2 à 10% en souffrent sur une longue période. Cette pathologie est la deuxième cause de douleurs au pied, et plus de deux millions de personnes en souffrent aux États-Unis, soit 1% de la population.

La fasciite plantaire est une rupture ou un étirement du tendon qui unit l’os du talon (le calcanéum) au métatarse et qui donne au pied son arche. Essentiel à la marche et au maintien en position debout, le fascia plantaire peut cesser de jouer son rôle. Une des approches thérapeutiques consiste en une opération chirurgicale. Mais les résultats ne sont pas toujours heureux. «Je n’ai jamais envoyé personne en chirurgie», dit fièrement le physiatre.

Dans les cas légers, la pose d’orthèses et les exercices de physiothérapie peuvent convenir, mais si le mal est aigu ou chronique, le médecin doit appliquer la méthode PRICE. Il s’agit de l’acronyme des approches suivantes: protection des membres atteints, repos, glace (ice), compression du talon et élévation (il est indiqué de soulever le pied du lit du patient afin que ses pieds soient plus élevés que le reste de son corps). Il faut aussi prévoir les anti-inflammatoires.

Le Dr Roy ne recommande pas les orthèses plantaires préfabriquées vendues de 15 à 20$ à la pharmacie du coin. Par contre, il est souvent inutile d’engloutir plus de 300$ dans des orthèses moulées, faites sur mesure. «Quand j’en prescris, c’est pour des anomalies permanentes», dit-il. L’idéal, c’est l’orthèse de qualité qu’on trouve dans des boutiques spécialisées. Elle coûte environ 150$.

Un traitement prometteur vient de voir le jour: le Extracorporal Shock Waves Therapy. Il consiste à corriger l’anomalie en bombardant le pied d’ondes produites par un appareil électromagnétique. «Ce traitement affiche un taux de succès de 75 à 98%, dit le Dr Roy. Mais il a malheureusement plusieurs défauts. Il est douloureux, coûteux et peu disponible. Dans la région de Montréal, seule une clinique spécialisée de Saint-Bruno l’offre à ses patients.»

La chirurgie traditionnelle, consistant au détachement du fascia plantaire, n’est pas recommandable, car elle se solde souvent par un affaissement de l’arche du pied. La chirurgie par endoscopie, en revanche, favorise une fasciotomie partielle, ce qui diminue le temps de la convalescence.

Évidemment, la meilleure prévention contre la fasciite plantaire demeure une bonne hygiène de vie (alimentation saine, pratique d’activités sportives), car l’obésité est une condition associée à ce problème.

Si André Roy a choisi de faire porter sa conférence du 1er décembre dernier exclusivement sur la fasciite plantaire, c’est qu’il considère cette blessure comme l’une des plus courantes dans la pratique de la médecine sportive. Mais le physiatre connaît bien d’autres problèmes associés à la pratique du sport. Responsable de la médecine sportive au CHUM, le Dr Roy aimerait bien ouvrir une clinique près du CEPSUM d’ici deux ans. «C’est au CEPSUM qu’on trouve une concentration intéressante de sportifs d’élite; dans les hôpitaux, on n’en voit qu’à l’occasion.»

Mathieu-Robert Sauvé