Nos
paysages de rivières
Mathématiques
et émotions de la géomorphologie fluviale
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Dans
le Bas-Saint-Laurent, crevasses et vallées glaciaires
créent de nombreuses chutes, comme celles-ci sur
la rivière Neigette qui révèlent la
puissance de lélément. |
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Leau qui
coule a un irrésistible effet relaxant sur lHomo sapiens
et ce nest pas un hasard si nos images paradisiaques en contiennent
toujours.
Conscients de limportance de cet élément pour
agrémenter notre environnement, les chercheurs de la Chaire
en paysage et environnement de lÉcole darchitecture
de paysage ont entrepris, par une série de six séminaires,
de faire le point sur létat des connaissances entourant
les aménagements de rivières.
«Nous voulons connaître les processus en action dans le
façonnement des cours deau, comprendre comment ils se
transforment, quelles sont les forces en présence, ce qui se
produit si lon construit un barrage, de quoi il faut tenir compte
pour mettre cet environnement en valeur», précise François
Tremblay, chercheur à la Chaire.
Le 26 janvier dernier, cétait au tour dAndré
Roy, directeur du Groupe de recherche en géomorphologie fluviale
du Département de géographie, de tracer le tableau des
phénomènes géologiques et hydrologiques qui façonnent
les paysages de rivières.
«Pour un géomorphologiste, une rivière est dabord
une voie de transport de la matière vers les océans.
Le paysage fluvial, créé par laction de leau
structurée en réseau, est le résultat de leffet
combiné de diverses composantes comme le débit, les
sédiments, la friction, la pente, la profondeur ou encore la
largeur, qui interagissent les unes avec les autres.»
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Calme
et sérénité de la rivière Rimouski,
un cours deau caractéristique des Appalaches. |
Calme et frayeur
Tout ceci peut être traduit en équations mathématiques,
mais les interactions sont si complexes quil est très
difficile de prévoir les résultats. Et lorsque les résultats
sont prévisibles, cest sur une échelle de temps
très réduite de quelques décennies quils
sont observables: «Des aménagements réalisés
sur des rivières à saumons il y a 40 ans sont maintenant
à peine visibles, mais on na aucun moyen de savoir ce
que va devenir un paysage de rivière à une échelle
géologique», reconnaît André Roy.
Les mathématiques des écoulements et les limites de
la science nempêchent toutefois pas le chercheur dapprécier
la beauté des cours deau quil étudie. À
laide dune série de photos, il a pu montrer à
son auditoire que non seulement divers types de cours deau sont
propres à des paysages particuliers, mais quils suscitent
aussi des émotions différentes.
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Les
torrents provenant de la fonte de glaciers constituent un type
particulier de cours deau où André Roy (ici
dans les Alpes suisses) mesure lun des éléments
de la géomorphologie, soit la vitesse découlement
de leau. |
Un bassin succédant à un seuil sur une rivière
bordée darbres a un effet calmant; le Saguenay, contemplé
du haut des montagnes environnantes, fait naître un sentiment
de grandeur; les méandres dune rivière stimulent
lobservation et limagination. Mais leau peut aussi
évoquer la puissance ou même provoquer la frayeur lors
dinondations dévastatrices.
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Les
méandres de la Diable, près du lac Maskinongé,
propres aux terres basses constituées de sédiments,
livrent le passé récent de la rivière. |
Jean-Pierre Ducruc, chef de service à la Direction du patrimoine
écologique et du développement durable du ministère
de lEnvironnement, a montré pour sa part que lappréciation
dun paysage de rivière, à linstar dune
oeuvre dart, répond à des lois de lesthétique
et peut aussi sapprendre: les éléments doivent
être considérés selon les niveaux successifs de
perception, allant de lensemble du paysage à une section
précise.
Encore trois séminaires sont à venir, les 16 février,
16 mars et 30 mars. À chacune des rencontres, un représentant
dHydro-Québec est présent afin de faire état
des pratiques de lentreprise sur le sujet abordé. Sont
également de la partie des représentants dorganismes
décideurs et dusagers tels les groupes de plein air.
Daniel
Baril