COURRIER

Précision sur le Groupe biblique universitaire
En lisant le courrier dans le numéro de Forum du 15 janvier 2001, je vois qu’il y a un manque d’information. La lettre de Pierre Brunel, intitulée «Évolutionnisme contre créationnisme: le combat contre l’ignorance», est suivie d’une note erronée.

En effet, le Groupe biblique universitaire ne relève pas du Centre étudiant Benoît-Lacroix, comme il est écrit. Selon la politique du Centre, quand c’est possible, à lui, comme à d’autres groupes d’étudiants, nous prêtons nos locaux pour la tenue de leurs réunions. Ces activités sont indépendantes des services habituels offerts par le Centre étudiant Benoît-Lacroix.

Il n’est donc pas de notre responsabilité de vérifier et encore moins d’endosser les théories qu’ils défendent et font circuler dans le milieu universitaire.

Suzanne Demers
Directrice du Centre étudiant Benoît-Lacroix

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Créationnisme: un débat qui n’en est pas un
Faisant suite à l’article de Daniel Baril publié dans les pages de Forum (vol. 35, no 14, p. 7), deux professeurs (Pierre Brunel et Robert David) ont cru bon d’intervenir (vol. 35, no 16, p. 10) pour rétablir certains faits abordés dans le cadre du débat entre un créationniste (Laurence Tisdall) et un évolutionniste (David Morse).

J’ai également été interpellé par cet article. Je n’ai pas assisté au débat tenu le 23 novembre dernier au sein des murs de l’Université de Montréal. J’ai volontairement décidé de boycotter cet événement pour ne pas lui accorder trop d’importance. Et pourtant, on m’avait contacté, au même titre que mes collègues Pierre Brunel et David Morse, pour aller défendre la thèse évolutionniste face à M. Tisdall.

J’ai refusé l’invitation, non sans avoir préalablement justifié ma décision auprès de l’organisateur de cet événement (M. Blais, du Groupe biblique universitaire). J’ai refusé l’invitation non par crainte de perdre la face, mais à cause d’un sentiment de déjà-vu. J’ai refusé l’invitation, en toute connaissance de cause, pour avoir participé à maintes reprises à des rencontres de ce genre. J’ai refusé l’invitation, poliment, pour avoir déjà confronté M. Tisdall au cours d’un débat télédiffusé sur les ondes de Canal D, l’hiver dernier. J’ai refusé, car le débat en question n’en est pas un.

La comparaison des thèses créationniste et évolutionniste ne relève pas de la science. Alors que la théorie de l’évolution est falsifiable, comme toute théorie scientifique, les bases de la théorie créationniste sont immuables. Darwin a proposé un paradigme de recherche hypothético-déductif qui ne peut être prouvé; tout au plus peut-il être corroboré par des observations de plus en plus nombreuses. La foi, par contre, repose sur des croyances, voire des certitudes. À ce titre, De l’origine des espèces n’est pas la Bible des évolutionnistes. La théorie de l’évolution est d’ailleurs modifiée de façon constante; elle évolue. Peut-on en dire autant des religions?

Il est inquiétant que la pensée créationniste soit encore à la mode, mais cette pensée est loin d’être unique. Alors que M. Tisdall affirme que Dieu est seul responsable de la Création, Raël prétend plutôt que les Elohims sont à la base de toute vie sur terre. Qui a raison? Il serait sans doute souhaitable que les différents promoteurs du créationnisme adoptent un même discours avant de s’attaquer à la théorie de l’évolution. J’attends donc avec impatience la prochaine conférence de M. Tisdall qui s’intitulera «Comment débattre de nos origines avec un raélien… et ne jamais perdre1!» Pourtant, j’ai bien peur que cette confrontation ne voie jamais le jour. Deux croyances ne peuvent être comparées. Une religion n’est pas supérieure à une autre, en dépit des guerres que chacune alimente. Le simple fait d’opposer «création» et «évolution» nous confirme alors que les deux visions appartiennent à des domaines distincts: la science et la foi. J’ai refusé l’invitation pour éviter de me battre contre des moulins à vent.

1 Laurent Tisdall, «Comment débattre de nos origines avec un évolutionniste… et ne jamais perdre!», conférence de l’Association de science créationniste du Québec, 2 octobre 2000.

François-Joseph Lapointe
Professeur agrégé
Département de sciences biologiques