Lasthme,
une maladie de riches
Paolo
Renzi se consacre à cette maladie en progression.
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Le
pneumologue Paolo Renzi consacre une bonne partie de ses
travaux de recherche et de sa pratique clinique à
lasthme. Cette maladie est en progression dans les
pays industrialisés, mais elle est rarement observée
dans le tiers-monde
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Richard, 38 ans,
est asthmatique depuis un an. Il contrôle habituellement bien
ses symptômes grâce à son médicament en
aérosol doseur, mais, quand il fait du sport, sa respiration
devient sifflante. De plus, une toux persistante le réveille
à loccasion.
Lorsque les 15 médecins généralistes de latelier
sur lasthme (dans le cadre des Journées du Département
de médecine) apprennent que Richard na jamais subi de
spirométrie, un test permettant de mesurer le volume expiratoire
maximal avant et après un traitement aux corticostéroïdes,
ils sempressent de le lui prescrire. Richard passera en même
temps les tests dallergie qui permettront de déterminer
si les chats, les acariens et la poussière provoquent chez
lui des réactions.
«Bonne réponse, juge le responsable de latelier
interactif, le pneumologue Paolo Renzi. Le nouveau Consensus canadien
sur lasthme, adopté en 1999, dit que 100% des patients
asthmatiques doivent subir une spirométrie et des tests dallergie.»
Lasthme est une maladie très fréquente de nos
jours. Elle touche de 5 à 10% de la population. Chez les jeunes
garçons, on compte jusquà 15% dasthmatiques,
soit près dun enfant sur six dans certaines classes.
À la grandeur du Québec, cela se traduit par 760 000
visites médicales et 37 000 consultations aux urgences par
année. Un coût de 150 M$.
Paradoxalement, lasthme fait moins de ravages quautrefois.
«Jusquen 1990, on comptait régulièrement
six ou sept décès par année au Québec,
relate le Dr Renzi. Puis, ce chiffre est tombé à un
seul depuis cinq ans.»
Le Dr Renzi lui-même a des patients qui frôlent la catastrophe
lorsquils sont surpris par une crise le jour où ils ont
oublié leur inhalateur. Mais la mort est moins fréquente
quautrefois. Cette diminution est due aux entreprises pharmaceutiques
qui ont mis sur le marché de nouveaux produits, mais également
à une intervention peu coûteuse et drôlement efficace:
léducation. «Plusieurs études démontrent
que des patients informés sont mieux en mesure de contrôler
leurs symptômes. Il existe une centaine de centres déducation
sur lasthme au Québec. Chaque médecin devrait
connaître celui de sa région.»
Une maladie de pays riches
En marge de latelier, le Dr Renzi précise que laugmentation
des cas dasthme demeure inexpliquée. Les épidémiologistes
soupçonnent lenvironnement familial des maisons
surchauffées, trop isolées, mal aérées
, et lon sait que les facteurs allergènes sont
en cause. Mais cela nexplique pas tout. «Il semble quil
sagisse dune maladie moderne des pays riches. Lasthme
est rarement observé dans le tiers-monde.»
De plus, on sait quun certain nombre denfants asthmatiques
verront lintensité de leurs symptômes diminuer
au point de disparaître complètement durant ladolescence.
«Fait nouveau, on voit revenir ces gens en clinique vers le
milieu de la trentaine. Je ne peux pas vous présenter de chiffres,
ce phénomène est trop nouveau, mais je constate chaque
semaine quune bonne partie des nouveaux cas est en fait constituée
danciens asthmatiques.»
Programme Vespa
On sait aussi que lincidence de lasthme varie dune
région à lautre. Une étude à grande
échelle prévoit faire la lumière sur cette question.
Le programme Vespa (acronyme de Vers lexcellence dans les soins
aux personnes asthmatiques), initiative commune du Réseau québécois
de lenseignement sur lasthme et de la société
pharmaceutique Merck Frosst, vise à joindre plusieurs milliers
de patients asthmatiques dans diverses régions du Québec
afin de déterminer les meilleures approches pour améliorer
le traitement.
Le programme est basé sur les principes suivants: la maladie
ne semble pas être maîtrisée adéquatement
chez plusieurs asthmatiques; de nombreux patients éprouvent
de la difficulté à comprendre et à suivre leur
traitement; plusieurs patients ne connaissent pas ou sous-estiment
limpact des mesures de lassainissement de lenvironnement
sur leur asthme et sur leur qualité de vie.
Latelier animé par le Dr Renzi, en tout cas, a révélé
que les omnipraticiens étaient bien informés des meilleures
façons dintervenir dans les cas présentés.
En plus de Richard, les participants étaient invités
à poser un diagnostic et à prescrire un traitement à
Marguerite, 42 ans, et Georges, 45 ans. En comparant leurs réponses
avec celles des experts consultés par lanimateur de latelier,
ils se sont montrés assez compétents.
«Je men réjouis, dit le Dr Renzi. Mais les médecins
qui se sont inscrits à mon atelier étaient manifestement
déjà sensibilisés à la question. Ce nest
pas certain quon puisse généraliser cette attitude
à lensemble de la profession, même si lasthme
est beaucoup mieux connu quautrefois.»
Mathieu-Robert
Sauvé