Contact-études:
pour contrer le décrochage
Des étudiants
prennent des nouvelles de leurs collègues de première
année.
«Et comment
ça va, les études?» Quelques centaines de nouveaux
étudiants se sont fait poser cette question en novembre dernier,
alors quils parvenaient à mi-chemin de leur premier trimestre
à lUniversité de Montréal. Dans le cadre
du projet Contact-études, 27 «anciens» avaient
été engagés pour mener cette opération
visant à diminuer le décrochage scolaire. Leur mission:
appeler les nouveaux pour causer, simplement, et leur offrir de linformation
ou du soutien, au besoin.
«Dans la plupart des cas, nous avons simplement pris des nouvelles
des étudiants, explique Mathieu Chabot, qui termine actuellement
un baccalauréat en philosophie. Ils étaient tous assez
surpris de voir quon sintéressait à eux.
Mais ils nont pas hésité à se livrer, à
nous parler de leurs craintes et de leurs embûches.»
Le blitz téléphonique auprès des nouveaux étudiants
une première à lUniversité mais
une pratique courante dans plusieurs établissements anglo-saxons
a été limité à 12 unités
denseignement reconnues pour leur haut taux de décrochage.
Les étudiants de la Faculté de musique et de 11 programmes
détudes de la Faculté des arts et des sciences
(anthropologie, études françaises, histoire, histoire
de lart, linguistique, philosophie, sociologie, sciences politiques,
sciences économiques, mineur arts et sciences et baccalauréat
120) ont été appelés.
Au cours de ces conversations, Mathieu Chabot a orienté plusieurs
nouveaux vers différents services universitaires. Mais il na
pas eu au bout du fil des étudiants en plein désarroi,
comme cest arrivé à dautres. «On nous
a rapporté des témoignages assez émouvants, explique
Sylvana Bertocchi, coordonnatrice du projet et aujourdhui conseillère
au Service universitaire de lemploi. La consigne était
alors de diriger les étudiants vers le Service dorientation
et de consultation psychologique [SOCP].»
Des étudiants en détresse
«Les données que nous recueillons sur le cheminement
des étudiants dans le dossier cohorte montrent que la première
année détudes, et principalement le premier trimestre,
est déterminante pour les nouveaux étudiants, explique
la vice-rectrice à lenseignement de premier cycle et
à la formation continue, Claire McNicoll. Nous avons donc voulu
établir un lien entre ces jeunes qui entament leur vie universitaire
et des étudiants qui sont passés par là et se
sont bien adaptés.»
La directrice intérimaire du SOCP, Hélène Trifiro,
confirme que les premiers mois dadaptation à la vie universitaire
laissent parfois des marques profondes. «Le premier trimestre
est le plus critique, dit-elle. Nous observons des troubles de ladaptation
qui sexpriment de plusieurs façons, de la procrastination
[tendance à tout remettre au lendemain] à la dépression
majeure avec idées suicidaires. Il faut donc dépister
de façon précoce les personnes à risque.»
La psychologue, qui a participé à titre de consultante
à la mise sur pied du projet Contact-études, na
que des bons mots pour cette initiative. «Cest un excellent
projet, commente-t-elle. Toute léquipe ici est enchantée.
Nous espérons que le projet sera repris et élargi à
lensemble des unités.»
Chaque année, la majorité des 1000 nouveaux clients
du secteur consultation psychologique du SOCP sont dans leur première
année universitaire. Après une entrevue individuelle
qui vise à évaluer les besoins de létudiant,
les cas les plus urgents sont traités sans délai, alors
que les autres peuvent être mis sur une liste dattente.
Celle-ci peut atteindre trois ou quatre semaines dans les périodes
de pointe.
90% de réussite après un an
«Nos chiffres montrent que ceux qui traversent leur première
année détudes universitaires réussissent,
dans une proportion de 90%, à obtenir leur diplôme, explique
Mme McNicoll. Il me semble que nous avons une responsabilité
importante, comme administrateurs, de faire en sorte que les étudiants
qui atteignent luniversité y restent.»
Géographe de formation, Mme McNicoll se souvient bien des efforts
exigés lorsquelle a elle-même fait son lentrée
à lUniversité. Elle devait rédiger des
rapports de stage, des rapports dexcursion, en plus des travaux
écrits et des examens. Mais dans son programme détudes,
les étudiants étaient très solidaires et elle
na pas ressenti ce sentiment disolement que plusieurs
jeunes éprouvent aujourdhui.
«Jaurais bien aimé quon mappelle à
ma première année duniversité, signale
Chantal Martineau, qui a terminé deux baccalauréats
à lUniversité dOttawa avant de sinscrire
au Certificat en droit à la Faculté de léducation
permanente. Jétais dans une ville étrangère,
je navais pas de réseau damis, je découvrais
un monde tout à fait nouveau. Cet appel aurait certainement
contribué à raffermir ma confiance et mon sentiment
dappartenance.»
«Quand on commence un programme universitaire, on se sent toujours
un peu seul, reprend Theresa Canito, étudiante en histoire
de lart. Le projet Contact-études est très intéressant.
Ça fait du bien de savoir que des étudiants sintéressent
à nous.»
Mmes Martineau et Canito ont été parmi les étudiants
engagés pour appeler les nouveaux. Elles ont toutes deux beaucoup
apprécié leur expérience.
Compte tenu des résultats obtenus et de son faible coût
quelque 10,000$ , le projet Contact-études sera
reconduit dès le mois de mars prochain pour les étudiants
qui ont fait leur entrée à lUniversité
de Montréal durant le trimestre dhiver.
Mathieu-Robert
Sauvé
![](../../../images/btn/haut_page.gif)