Une
taxe spéciale pour rembourser la dette
si
James Pierlot était premier ministre du Canada.
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Si James Pierlot
était premier ministre du Canada, il créerait une taxe
de réduction de la dette (TRD). Cette TRD permettrait déliminer
en deux ou trois décennies le lourd fardeau de la dette publique
qui, selon lui, paralyse léconomie du pays. «On
semble oublier que cette dette atteint 550 milliards de dollars et
que des sommes colossales sont englouties chaque année dans
le simple paiement des intérêts», dit le juriste
de 36 ans.
Au cours dune année détudes à la
Faculté de droit de lUniversité de Montréal,
lan dernier, James Pierlot a participé à un concours
organisé par la multinationale ontarienne Magna et qui a pour
thème «Si jétais premier ministre
»
Ce concours, plus connu au Canada anglais quau Québec,
a attiré à sa cinquième année dexistence
quelque 500 auteurs dessais de 2500 mots. On leur a demandé
dexpliquer leur utilisation du pouvoir politique sils
étaient à la tête du pays. Les 11 finalistes sont
ensuite venus défendre leur point de vue devant un jury. James
Pierlot na pas obtenu le premier prix (qui est allé à
Richard Mellof, de Toronto), mais à titre de finaliste il a
gagné une bourse de 10,000$ en plus davoir droit à
un stage de six mois chez Magna dune valeur de 12,000$. Son
texte, de même que celui des 10 autres finalistes, a été
publié en langue anglaise dans un livre diffusé par
la chaîne Chapters (sous le titre @stake «as Prime
Ministre, I Would»).
Sensible aux iniquités intergénérationnelles,
M. Pierlot na pas hésité longtemps sur le thème
quil voulait exploiter. «Mon essai est en réalité
une version abrégée dun texte écrit en
1999 pour le Canadian Tax Journal, explique le juriste au cours
dun entretien téléphonique de son bureau de Toronto.
Pour moi, la question de la dette nationale est lune des plus
cruciales et lune des plus négligées du discours
politique actuel.»
Bien quil ne soit pas économiste, le jeune homme signale
que John Maynard Keynes approuvait lendettement de gouvernements
lors des récessions de façon à stimuler lactivité
économique, mais ceci à condition de rembourser ses
dettes en période de croissance. Or, au Canada, ce remboursement
nest pas en cours.«Quattendons-nous? Allons-nous
refiler la facture à la prochaine génération?»
Une taxe progressive
«Les politiciens ont la tentation naturelle dutiliser
les surplus budgétaires pour obtenir des gains politiques»,
déplore lauteur dans son essai. Une taxe, encadrée
par une loi, pourrait les garder à distance de cette tentation
tout en étant fort efficace.
La TRD serait une taxe progressive, donc proportionnellement plus
élevée pour les nantis. Et le modèle de M. Pierlot
prévoit que les Canadiens nauraient pas à payer
plus dimpôts. «Il sagirait simplement dune
réallocation des revenus actuels du gouvernement.»
Qui dit réallocation dit réduction des dépenses
en santé, en éducation et dans des domaines comme la
recherche scientifique ou le développement du Nord. «Il
est certain que, politiquement, ce serait difficile à défendre,
conçoit James Pierlot, mais tout cela serait transitoire. Le
sacrifice prendrait fin après quelques années. Toutefois,
il ne faut pas négliger que largent consacré actuellement
au service de la dette est complètement perdu. À moyen
terme, nous léconomiserons et nous pourrons linvestir
dans des projets constructifs.»
Linactivité actuelle est la plus grave menace aux programmes
sociaux, qui font la fierté des élus fédéraux,
estime James Pierlot. En bon aspirant politicien, il reprend: «Il
faut expliquer aux Canadiens pourquoi et pour qui ces sacrifices sont
nécessaires. Chaque milliard remboursé représente
un espoir pour les jeunes générations.»
Bien que le programme paraisse hors de portée, James Pierlot
pense que le ministre des Finances du gouvernement canadien, Paul
Martin, a fait un pas dans la bonne direction en prenant des mesures
pour éliminer le déficit. Mais il suffirait dun
remaniement ministériel pour quon revienne en arrière.
Cest pourquoi une loi devrait être adoptée pour
créer une éventuelle taxe de réduction de la
dette. Cest là, dailleurs, que le juriste entre
en jeu. «Mon sujet emprunte beaucoup de choses à léconomie,
mais il est dabord relié au droit. Ce que je propose
passe par la Loi sur les impôts, notamment.»
Un Canadien «pure laine»
James Pierlot est un archétype du Canadien «pure laine».
Né en Colombie-Britannique dans une famille dimmigrants
belges comptant sept enfants, il grandit à lÎle-
du-Prince-Édouard, où les siens déménagent
alors quil a 5 ans. À 21 ans, il étudie à
lUniversité de Western Ontario, à London, où
il obtient un baccalauréat en histoire. Puis, il se trouve
un travail au ministère du Revenu, à Ottawa.
Sa carrière aurait pu en quelque sorte sarrêter
là, mais, après six ans au fisc, il a envie de retourner
aux études. Il sinscrit en droit à lUniversité
York, à Toronto, et profite dun programme déchanges
avec la France pour séjourner à lUniversité
dAix-Marseille. Après lobtention de son baccalauréat
en common law, il décide de venir à lUniversité
de Montréal afin dobtenir un diplôme de droit civil
qui lui permettra, éventuellement, de pratiquer au Québec.
Actuellement au service du département des affaires juridiques
chez Bell Canada, dans la Ville reine, le jeune homme na aucunement
lintention de jeter lancre. «La France mattire,
dit-il. Ou encore un pays hispanique où je pourrais parfaire
mon espagnol.»
Interrogé quelques jours à peine après la réélection
du Parti libéral, M. Pierlot ne cache pas ses sympathies pour
léquipe au pouvoir, particulièrement pour le ministre
Paul Martin. Mais plus encore, il affirme être très attaché
au «meilleur pays du monde». «Oui, jaime cette
idée dun pays tolérant, multiculturel: le Canada.»
Mathieu-Robert
Sauvé