Le Centre détudes de lAsie de lEst a 25 ans
Son
centre de documentation porte désormais le nom de son fondateur,
Robert Garry.
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Claude
Comtois dirige le Centre détudes de lAsie
de lEst depuis 1997. Ce géographe spécialisé
dans les problèmes de transport revient dun
voyage en Chine, où il a inauguré un troisième
centre de recherche sur les transports en territoire chinois.
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Le centre de documentation
du Centre détudes de lAsie de lEst (CETASE)
porte désormais le nom de son fondateur, Robert Garry, qui
a légué sa collection personnelle de 1500 livres en
1976. Comptant aujourdhui la troisième collection douvrages
sur lAsie de lEst en importance au Canada, le Centre de
documentation Robert-Garry abrite quelque 45 000 documents en chinois,
japonais, coréen, vietnamien, anglais et français.
«Notre collection ne se compare peut-être pas à
celles des universités Harvard ou de Washington, qui comptent
10 fois plus douvrages, mais dans certains secteurs, comme la
philosophie chinoise classique, le cinéma japonais, lhistoire
de la Chine contemporaine ou lanthropologie du Japon, nous possédons
des ouvrages remarquables», signale le directeur du CETASE,
Claude Comtois.
M. Comtois montre par exemple une édition dune quarantaine
de tomes sur les origines du bouddhisme. Richement illustrée
et comprenant nombre de fac-similés de manuscrits calligraphiés
datant du début de lère chrétienne, cette
édition a été offerte par lInstitut de
philosophie orientale du Japon. Elle vaut à elle seule plus
de 40,000$. De plus, le gouvernement japonais a fait don, récemment,
dun atlas du Japon qui aurait coûté plus de 1000$.
«Avec notre budget annuel dacquisitions, on naurait
jamais pu se payer de tels volumes», dit M. Comtois.
Rencontré en fin de trimestre, alors que les étudiants
étaient en sprint final en vue des examens, le directeur du
CETASE a signalé que le centre de documentation fourmille dactivités
durant la période de pointe. «Plus de 60 étudiants
travaillent ici. Cest le point de ralliement. Ils consultent
les ordinateurs, la salle multimédia. Difficile, certains jours,
de trouver de la place.»
Robert Garry, géographe
Né en 1906 à Saint-Barthélemy, en France, et
mort à Montréal en 1989, Robert Garry a enseigné
la géographie à lUniversité de Montréal
de 1947 à 1971. Diplômé de lUniversité
de Paris en droit et en économie politique, il sinscrit
à lÉcole nationale de la France doutre-mer,
où il obtient un brevet de lÉcole nationale des
langues orientales vivantes. En 1933, à Phnom Penh, il obtient
un brevet de connaissance pratique de la langue cambodgienne.
Robert Garry a dabord mené une carrière de haut
fonctionnaire colonial. De 1931 à 1949, il occupe les fonctions
dadministrateur des services civils de lIndochine, de
directeur des services économiques du Cambodge et de délégué
auprès du gouvernement cambodgien. De 1935 à 1942, il
enseigne également le droit à lÉcole dadministration
cambodgienne. Emprisonné par les Japonais, il passera près
de deux ans dans les prisons nippones.
Après la guerre, il quitte lEurope pour sinstaller
définitivement au Québec. En 1951, lUniversité
de Montréal lui remet une licence en géographie. Après
sa retraite, en 1971, il continue denseigner à titre
de chargé de cours jusquen 1985. Il participe à
la réalisation de nombreuses émissions de télévision,
voyage et publie beaucoup. Un fonds constitué de ses milliers
de photographies, denregistrements sonores et dautres
documents a été déposé à la Division
des archives (www.archiv.umont real.ca).
Claude Comtois na pas suivi les cours de ce pionnier, mais plusieurs
chercheurs du CETASE lont côtoyé. «Ceux qui
lont connu disent que cétait un érudit et
un conférencier remarquable.»
Un centre en croissance
Cest en 1976 que Robert Garry crée, à la demande
du recteur Lacoste, le Centre détudes de lAsie
de lEst. Il fait don au centre de documentation de ses 1500
volumes et est imité ensuite par la société Canada-Chine,
qui offrira 1200 documents. La crédibilité du centre
de documentation est rapidement reconnue, car le gouvernement du Québec
nomme le CETASE dépositaire attitré pour tous les ouvrages
en langues chinoise, japonaise et coréenne reçus par
la Bibliothèque nationale du Québec.
Grâce à Robert Garry, une entente conclue avec la Bibliothèque
nationale de la diète du Japon permet à un bibliothécaire
japonais deffectuer des contrats de trois ans au Centre. Depuis
1976, des spécialistes choisis par concours se sont succédé
sans interruption pour permet- tre au CETASE dagrandir sa collection
japonaise. Depuis 1998, cest Mme Asa Takanobu qui occupe le
poste. Claude Comtois est très heureux de cette «entente
privilégiée».
Il signale que le Centre compte deux autres bibliothécaires
respectivement spécialisés dans lhistoire de la
Chine et lhistoire de la Corée ainsi quun commis
au service des chercheurs.
Le directeur avoue que le CETASE, avec quelque 150 étudiants,
a tout de même un problème: lespace. «Nous
fonctionnons à la limite de nos capacités. Mais ce problème,
nous ne sommes pas les seuls à lavoir», dit-il.
Certains cours comme celui sur le cinéma asiatique se déroulent
à guichets fermés, devant une centaine détudiants.
Les études est-asiatiques exercent donc un attrait croissant
sur les étudiants, mais Claude Comtois ne sen étonne
pas. «LAsie, cest le marché du 21e siècle»,
dit-il. Les temps ont bien changé depuis lépoque
où les gens comme lui passaient pour des marginaux, alors quil
terminait son doctorat à Hong-Kong.
Le Québec est plus près quon pense de lAsie,
soutient-il. Des programmes de jumelage favorisent les activités
communes entre Montréal et Shanghai (Chine), Pusan (Corée-du-Sud)
et Hiroshima (Japon). De nombreux projets de lAgence canadienne
de développement international se déroulent en Asie.
Et plusieurs anciens du CETASE trouvent du travail dans cette partie
du globe. «Les Québécois sont depuis longtemps
ouverts sur le monde, dit-il. La création de ce centre en est
la preuve.»
Le directeur est élogieux à légard de la
Faculté des arts et des sciences, qui a épargné
au CETASE des compressions durant la période difficile que
lUniversité a traversée durant les années
90.
Mathieu-Robert
Sauvé
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