Volume 35 numéro 14
4 décembre
2000




L’histoire au bout des doigts
Le Groupe de recherche sur les jeunes et les médias lance La cyberligne du temps.

Gouverneur de la prison de Québec à la fin du siècle dernier, Joseph Elzéar Bernier rêve de voyages vers le pôle Nord. Il embarque enfin, en 1904, afin d’explorer les archipels à l’est de l’Arctique et de percevoir les droits de douane des bateaux de pêche. En juillet 1909, sur l’île Melville, l’explorateur réclame officiellement, au nom du Canada, la plupart des îles arctiques au nord du 80e parallèle. De 1904 à 1925, il effectue 12 expéditions dans l’Arctique. Au cours de sa carrière, il commandera plus de 100 bateaux.

Cette biographie de l’un des plus grands explorateurs de l’histoire canadienne a été trouvée en trois minutes grâce à un tout nouveau site: La cyberligne du temps (www.histori.ca/cyberligne). En plus de la description des exploits du capitaine Bernier, on peut apercevoir le tracé de ses itinéraires sur une carte topographique du Grand Nord canadien ainsi qu’une photo d’un de ses équipages. De plus, le lecteur a accès à des hyperliens utiles pour en apprendre davantage sur l’exploration de l’Arctique.

Financée par la fondation Historica, La cyberligne du temps présente 700 capsules historiques, de la visite de Jean Cabot à Terre-Neuve en 1497 à l’arraisonnement en Colombie-Britannique d’un cargo délabré et insalubre où s’entassaient 123 immigrants chinois illégaux, le 19 juillet 1999. «Destinées au grand public, les capsules historiques sont des textes faciles à lire mais rigoureux et bien documentés», explique Annie Caron, étudiante à la maîtrise au Département de communication et coordonnatrice
de liaison d'Historica au Groupe de recherche sur les jeunes et les médias (GRJM).

Les capsules historiques sont bien illustrées. On y trouve des images provenant notamment des Archives nationales du Canada et certaines sont inédites.

Pour l’instant uniquement en français, La cyberligne du temps partage la mission de la fondation Historica: «La promotion d’une meilleure compréhension de l’histoire du Canada et de son importance dans le façonnement de notre avenir.» Cette fondation, créée par les hommes d’affaires Charles Bronfman, président de Seagram, et Red Wilson, président de CAE, est bien connue pour avoir produit les Minutes du patrimoine, ces «messages publicitaires» sur l’histoire télédiffusés à des heures de grande écoute.

«Le choix des thèmes à explorer n’est jamais facile dans ce genre de projet, explique Maude Ladouceur, qui a écrit la plupart des textes sous la supervision du directeur du projet, Jean-Pierre Charland, professeur au Département de didactique de la Faculté des sciences de l’éducation. Mais nous avons consulté une grande quantité d’ouvrages pour être certains de n’oublier aucun événement majeur.»

Mme Ladouceur ajoute cependant que le travail n’est pas terminé. Mais ainsi va la vie d’un historien. «Nous aimerions développer des thèmes comme l’histoire des sciences, l’histoire économique.»

Lancée au Carrefour de l’histoire, dans le cadre du Salon du livre de Montréal, le 17 novembre dernier, La cyberligne du temps est assez complète pour être utilisée par quiconque s’intéresse à l’histoire du pays. «Nous présentons huit thèmes à travers lesquels l’utilisateur peut naviguer: Autochtones, Immigration, Occupation du territoire, Transports et communications, Politique extérieure, Politique intérieure, Exploration et enfin Droits de la personne. L’usager peut créer sa propre ligne du temps selon ses préférences.»

L’équipe a pris en considération le travail des enseignants afin que ceux-ci puissent organiser leurs cours à partir d’éléments tirés de la Cyberligne. «Plusieurs professeurs du secondaire doivent enseigner une seconde matière; ils choisissent l’histoire dans une bonne proportion. Or, la plupart d’entre eux n’ont suivi que six cours d’histoire durant leur formation universitaire. Les outils informatiques peuvent leur venir en aide.»

Jusqu’à maintenant, la réaction des utilisateurs du milieu de l’enseignement a été très positive. Mais Maude Ladouceur et les autres chercheurs associés au GRJM ne savent pas si le financement permettra de réaliser la suite du projet. De toute façon, la jeune femme, qui poursuit une maîtrise en technologie éducationnelle à la Faculté des sciences de l’éducation, a d’autres projets. Elle travaille notamment à la tenue des Fêtes du patrimoine virtuelles, organisées par la même fondation.

M.-R.S.