«Cest
pour moi la campagne des campagnes»
Le
coprésident André Caillé, PDG dHydro-Québec,
rappelle ses années détudes.
«Les
universités McGill, de Toronto, de la Colombie-Britannique
et les grandes écoles de Boston et de New York sont toutes
soutenues
par
les entreprises du milieu», dit ce docteur
en physique-chimie de lUniversité de Montréal.
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«LUniversité
de Montréal et ses écoles affiliées
doivent devenirle complexe universitaire francophone numéro
un au monde»,
affirme André Caillé.
LUniversité
de Montréal et Hydro-Québec traversent une
bonne période, dit André Caillé.
LUniversité de Montréal arrive en
deuxième place au Canada en ce qui concerne les
fonds de recherche (derrière lUniversité
de Toronto, beaucoup plus populeuse). Quant à Hydro-Québec,
elle a annoncé des profits de un milliard de dollars
pour lan 2000.
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Quand André
Caillé sest inscrit au baccalauréat en chimie
à lUniversité de Montréal en 1964, il est
monté, à pied, du terminus dautobus jusquà
la tour du Pavillon principal. Un trajet de près de deux heures.
«Jai eu 100 fois le temps de changer didée.
Je ne lai pas fait. Tant mieux», dit le président-directeur
général dHydro-Québec.
Durant lascension, le jeune homme sest promis quil
ne redescendrait pas le chemin de la Côte-des-Neiges avant davoir
obtenu un diplôme. Il a tenu parole. Quand il a quitté
son alma mater, en 1970, il avait en main un baccalauréat,
une maîtrise et un doctorat. Aujourdhui coprésident
de la campagne de financement Un monde de projets (avec Robert Brown,
président de Bombardier), il a dautres ambitions: faire
de lUniversité de Montréal et de ses écoles
affiliées le complexe universitaire francophone numéro
un dans le monde.
«Cest pour moi la campagne des campagnes, a-t-il dit au
cours dune entrevue exclusive accordée à Forum
dans son bureau du 19e étage de limmeuble du boulevard
René-Lévesque. La sollicitation va bien, mais il reste
encore du travail à faire. Mieux nous réussirons, plus
nous aurons les moyens de nos ambitions. Un bon fonds de dotation,
cela signifie plus de chaires, des équipements performants
et des bourses détudes. On doit attirer les meilleurs
étudiants au monde. Rien de moins.»
M. Caillé rappelle que le Québec connaîtra bientôt,
à mesure que les baby-boomers prendront leur retraite, un grand
renouvellement demployés à tous les échelons.
À Hydro-Québec, cela se fera sentir. Cest donc
le temps dinvestir dans la formation universitaire.
Volkswagen blues
Celui qui a popularisé le port du col roulé institutionnel
durant la crise du verglas, en janvier 1998, conserve dexcellents
souvenirs de ses années détudes universitaires.
«De la science, jen ai mangé!» dit-il. Encore
aujourdhui, lun de ses livres de chevet est un ouvrage
sur la thermodynamique quil a lu pour la première fois
durant ses études.
Pourtant, rien ne prédisposait ce fils dagriculteur à
devenir le PDG de la huitième entreprise dénergie
au monde. Rien? Ce nest pas tout à fait exact. «Papa
est un homme de science à sa manière, relate M. Caillé.
Lorsque nous étions jeunes, il observait les cycles naturels;
il nous expliquait la botanique avec ses plantations, la mécanique
avec son tracteur. Il nous a appris à observer le monde et
à nous montrer curieux.»
Même sils navaient pas étudié eux-mêmes,
ses parents croyaient à léducation. Trois des
quatre fils Caillé ont dailleurs obtenu des diplômes
universitaires en sciences; le quatrième, Roger, a pris la
relève à la ferme familiale. «Mes parents valorisaient
létude. Et ils nous admiraient, dit André Caillé.
Jai toujours été fier de leur présenter
mes résultats scolaires. Même au doctorat, jallais
leur montrer mes relevés de notes.»
Durant les années 60, Alain, André et Jean-Pierre
tous trois étudiants à lUdeM faisaient
le trajet de Saint-Luc à Montréal, matin et soir, dans
une Volkswagen achetée à crédit et quils
payaient 25$ par mois. «Dans notre bagnole, les essuie-glaces
étaient toujours détraqués. Je me souviens dun
jour de forte pluie où lon ne voyait rien. Alain a fixé
une corde sur les essuie-glaces et les deux extrémités
passaient dune fenêtre à lautre. Dun
mouvement alternatif, il actionnait manuellement les essuie-glaces
pendant que je conduisais.»
De la haute technologie, en somme. «Nous donnions alors plutôt
dans la basse technologie», dit-il dans un grand éclat
de rire.
Linventeur du dispositif manuel, Alain, est aujourdhui
vice-recteur à la recherche à lUniversité
de Montréal. Quant à Jean-Pierre, il est décédé
accidentellement il y a une dizaine dannées lors dun
match de hockey. Parmi les causes du décès, on soupçonne
le monoxyde de carbone produit par la surfaceuse. «Toutes les
Zamboni devraient fonctionner à lélectricité.
Vous pouvez écrire ça.»
Les leçons de lhistoire
Malgré son horaire chargé, André Caillé
sévade en vélo sur le mont Royal trois fois par
semaine. Cest son rituel dans cet «endroit sacré».
Après le souper, il enfile sa combinaison et dévale
lun des sentiers quil a découverts au fil de ses
escapades. Il est de retour dans sa maison dOutremont à
temps pour le Téléjournal.
Un de ses plus grands plaisirs consiste à faire sa randonnée
durant la soirée la plus froide de lhiver, alors quHydro-Québec
connaît sa période de pointe. Lors de ces sorties, il
arrive que le froid soit si intense que ses cils se collent les uns
sur les autres dans un glaçon horizontal. Mais sa bécane
adaptée aux pires conditions lui permet datteindre lun
des sommets du mont, doù il aperçoit la ville
illuminée. Il voit aussi la tour de lUniversité
de Montréal.
Depuis deux ans, Hydro-Québec traverse une bonne période.
Elle annonce des revenus de un milliard pour la dernière année.
Mais la société dÉtat a-t-elle retenu les
leçons de la crise du verglas? «Nous procédons
à lenfouissement des fils grâce à une mise
de fonds de 100 millions sur cinq ans. Mais cela ne concerne pas que
lélectricité; il y a aussi les fibres optiques,
la téléphonie. Je peux vous faire une prédiction:
dici le prochain siècle, il ny aura plus un fil
aérien. Tout sera souterrain.»
Dans une perspective beaucoup plus rapprochée, André
Caillé rêve de voir ses concitoyens se déplacer
dans des véhicules propulsés à lélectricité.
Lui-même possédera au printemps prochain une voiture
100% électrique, fruit du travail des chercheurs de lInstitut
de recherche dHydro-Québec. «Jaurai une auto
qui fonctionne à leau. Branchée sur la baie James»,
dit le président.
Mathieu-Robert
Sauvé
Inauguration
de lamphithéâtre Hydro-Québec
Le 8 novembre
dernier, lamphithéâtre de la Faculté de
laménagement a été nommé amphithéâtre
Hydro-Québec pour souligner la contribution de lentreprise
dÉtat au développement de lUniversité.
Entre autres, Hydro-Québec a fait une contribution de 11,9
M$ à la campagne Un monde de projets. À cette occasion,
la doyenne Irène Cinq-Mars, son prédécesseur
Michel Gariépy, Marie-Josée Nadeau, vice-présidente
exécutive aux affaires corporatives à Hydro-Québec
(en remplacement dAndré Caillé retenu à
létranger), et le recteur Robert Lacroix ont procédé
au dévoilement dune plaque.