Bientôt
des vaccins pour guérir le cancer
Léquipe
du Dr Rafick-Pierre Sékaly travaille à lélaboration
de vaccins contre le cancer et les infections virales chroniques.
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Rafick-Pierre
Sékaly est professeur depuis 1988 à la Faculté
de médecine et directeur scientifique du nouveau
Réseau canadien pour lélaboration de
vaccins et dimmunothérapies contre le cancer
et les infections virales chroniques (CANVAC). |
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Dici 10
ans, les vaccins ne serviront pas seulement à prévenir
les infections, mais permettront éventuellement de guérir
des maladies comme le cancer, lhépatite C et le sida»,
estime Rafick-Pierre Sékaly, professeur au Département
de microbiologie et immunologie de la Faculté de médecine.
Cest du moins lobjectif poursuivi par le directeur scientifique
du nouveau Réseau canadien pour lélaboration de
vaccins et dimmunothérapies contre le cancer et les infections
virales chroniques (CANVAC). Inauguré au printemps dernier
grâce à un investissement de 18,8 millions de dollars
du gouvernement fédéral, ce centre dexcellence
basé à lUniversité de Montréal regroupe
67 des plus éminents virologistes et immunologistes du pays
travaillant dans plusieurs universités, entreprises et organismes
gouvernementaux.
Cette possibilité de vaincre le cancer par la vaccination pourrait
venir plus tôt quon le pense. La revue Nature Medicine
de mars rapporte une réduction de 50% des tumeurs cancéreuses
de deux patients atteints dun cancer du rein métastasé
(disséminé dans dautres parties du corps) grâce
à un vaccin expérimental. Ce traitement prometteur,
obtenu par la fusion électrique de cellules prélevées
sur le malade et de cellules dun donneur, pourrait soigner dautres
formes de cancer, par exemple le cancer du sein et le cancer de la
prostate. Mais pour linstant, on ne connaît pas encore
les antigènes qui caractérisent ces maladies et beaucoup
de questions demeurent sans réponses.
Lespoir est permis
«Les vaccins constituent loutil de prévention par
excellence, rappelle le professeur Sékaly. Jusquà
récemment, leur efficacité était limitée
aux maladies bactériennes et aux infections virales aiguës.
Au cours des dernières années, des découvertes
ont permis de mieux comprendre les processus immunitaires fondamentaux
qui entrent en jeu dans le contrôle des maladies chroniques.
Limmunothérapie est maintenant envisageable pour traiter
le virus de limmunodéficience humaine (VIH), lhépatite
C et certains types de cancer.»
Il ne sagit pas de vaccins prophylactiques (cest-à-dire
préventifs) mais plutôt thérapeutiques, explique
le chercheur. Le vaccin anticancer ou antisida provoque une stimulation
des défenses immunitaires chez les gens atteints de sorte que
leur organisme parvient à combattre les antigènes et
à éliminer les tumeurs. À ce jour, seuls des
souris cancéreuses et des chats leucémiques ont été
guéris par limmunothérapie.Mais
lespoir est permis.
Pour le Dr Sékaly, létablissement du réseau
CANVAC représente une occasion unique de faire avancer les
connaissances dans la lutte contre le cancer et les maladies chroniques.
Environ 275 000 Canadiens souffrent dhépatite C et 50
000 sont infectés par le VIH. Quant au cancer, les spécialistes
estiment quil sera la principale cause de mortalité au
pays dici 20 ans.
Ce que les chiffres ne disent pas, cest que le cancer et les
maladies virales chroniques coûtent très cher à
la société. Doù les efforts également
déployés par les scientifiques dans la mise au point
et la production de vaccins préventifs. Car la prévention
est beaucoup plus économique que le traitement. Il a dailleurs
été évalué que chaque dollar investi dans
la vaccination fait économiser 7$ en traitement, souligne limmunologiste.
Profession: chercheur
Rafick-Pierre Sékaly a toujours été fasciné
par limmunologie. Lorsque ce dynamique chercheur dorigine
libanaise effectuait sa thèse de doctorat à Lausanne
(Suisse), les manipulations in vitro faisaient leur entrée
dans la science. «De nos jours, le transfert de gènes
peut se faire directement dans le corps du patient (thérapie
génique in vivo) ou dans des cellules après leur
multiplication en culture (thérapie génique ex vivo).»
Ce sont ces possibilités dinterventions et la diversité
des pathologies résultant dun dérèglement
du système immunitaire qui lont incité à
entreprendre des études dans ce domaine. À lorigine
de son intérêt pour la recherche en santé, le
directeur scientifique du réseau CANVAC révèle
un profond désir daméliorer la qualité
de vie des gens. Aujourdhui, le Dr Sékaly se passionne
toujours autant pour limmunologie et est animé par la
même ambition. Dans son laboratoire, qui compte une quarantaine
de chercheurs polyvalents, on espère mettre au point des vaccins
efficaces contre le cancer et les infections virales chroniques pour
protéger les personnes partout dans le monde.
En plus de bénéficier, pour les quatre prochaines années,
dune subvention annuelle de un million de dollars du Conseil
de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada,
léquipe de Rafick-Pierre Sékaly vient de recevoir
une subvention de 1,600,000$ de Valorisation-recherche Québec.
Dominique
Nancy