COURRIER
Hommage
à Claude Pratte
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Lété
est maintenant bien loin, mais il nest jamais trop tard pour
rendre hommage à une personne qui a consacré plus de
30 ans de sa vie professionnelle à lUniversité
de Montréal.
Le 22 mars dernier, le directeur du Service dorientation et
de consultation psychologique (SOCP) et du Service de santé,
Claude Pratte, annonçait sa décision de prendre sa retraite
de lUniversité et de réorienter sa vie professionnelle
à compter du 1er juillet 2000. Avant son départ, plusieurs
témoignages sont venus souligner le dévouement, la compétence
et lhumanisme de cet homme qui a poursuivi ses études
et sa carrière dans notre établissement.
Entré à lUniversité de Montréal
en 1969 comme conseiller dorientation au Service dévaluation,
dinformation et de consultation (SEICUM), Claude Pratte devait
ensuite se joindre à léquipe de psychologues.
La carrière de Claude Pratte a toujours été étroitement
liée au SOCP et aux services qui sont à lorigine
de sa création. Les plus anciens de lUniversité
se souviendront peut-être du Service dorientation et de
tests dadmission, le SOTA, créé en 1966 pour ensuite
devenir le SEICUM, duquel a finalement émergé le SOCP.
Comme le rapportait Forum le 4 février 1972 dans un article
sur le Service dorientation et de consultation psychologique:
«Nouveau nom, nouvelle orientation, le SOCP senracine
davantage dans la communauté universitaire.»
Cest en 1986 que Claude Pratte assume la direction du SOCP et
relève le défi dorienter les services toujours
en fonction des besoins des étudiants. En 1994, on lui confie
également la tâche de diriger le Service de santé
après le départ à la retraite du directeur.
Homme de vision, ouvert aux idées, aux projets et aux nouvelles
technologies, Claude Pratte a su donner au SOCP et au Service de santé
un niveau élevé de qualité tant par les services
offerts aux étudiants que par le professionnalisme de son équipe.
Les conseillers dorientation, psychologues, conseillers en information
scolaire et professionnelle, secrétaires et commis regroupés
au sein du SOCP, les infirmières, médecins, nutritionnistes,
physiothérapeutes, techniciennes en radiologie du Service de
santé ont tous et toutes apprécié son grand sens
des responsabilités, son savoir-faire et son savoir-être.
Rappeler la carrière de Claude Pratte à lUniversité
de Montréal, cest aussi se rappeler son intervention
auprès des familles des victimes et des étudiants au
moment de la tragédie de lÉcole Polytechnique.
Dès lannonce de la nouvelle dans les médias, le
6 décembre 1989, Claude Pratte se rendait sur place pour soutenir
les parents face à ce drame innommable. Toute léquipe
du SOCP sétait par la suite mobilisée pour organiser
lintervention post-traumatique.
Membre actif de lAssociation des cadres et professionnels de
lUdeM, Claude Pratte a siégé au Comité
des avantages sociaux et participé au Groupe de travail sur
la réduction volontaire de la semaine de travail de même
quau Groupe de travail sur la retraite progressive.
Claude Pratte sétait totalement engagé à
donner aux étudiants laide et tous les outils nécessaires
pour atteindre leurs objectifs, que ce soit en surmontant des difficultés
personnelles ou scolaires ou en prenant des décisions éclairées
quant à un choix de carrière. La vie du SOCP et la vie
de plusieurs dentre nous nauraient pas été
la même sans Claude Pratte et, pour cela, nous len remercions
et lui souhaitons une belle et longue vie sur son nouveau chemin.
Louise
Beauchamp,
au nom de léquipe du SOCP et du Service de santé
Sommes-nous
encore colonisés?
Cest à un relent de colonisation quon pourrait
penser en lisant larticle paru à la une de Forum du 6
novembre 2000. Larticle vante les succès remarquables
et sans doute pleinement mérités dun groupe détudiants
ayant participé à un congrès de psychologie en
France. Le titre insiste sur le fait que lévénement
a eu lieu en France: «Des étudiants de premier cycle
font un tabac en France.» Et un peu plus loin: «[Une équipe]...
renverse littéralement les chercheurs de carrière. Et
en France par surcroît!» Voilà. Largument
non dit a déjà été inconsciemment compris:
sils ont connu du succès en France, ils sont sûrement
bons! Sinon, quelle est la signification de lexpression «par
surcroît»? Souffrons-nous toujours du «syndrome»
Félix Leclerc, reconnu ici après lavoir été
en France? Nous faut-il encore le regard de lAutre pour être
rassurés sur notre propre valeur? Cest une attitude typique
de colonisé et, individuellement, dadolescent. Na-t-on
pas collectivement dépassé ce stade? Jespère
me tromper en interprétant ainsi ces quelques phrases. Mais
comment expliquez-vous alors cette autre remarque: «Un Français
ma même dit quil en était tombé
sur le cul»? Sans vouloir manquer de respect à
son postérieur, je ne crois pas quil soit intrinsèquement
dune qualité supérieure parce quil est français.
Par contre, on peut raisonnablement supposer que le type en question
était un chercheur confirmé puisquil sagissait
dun congrès important. Le mentionner aurait plus forcé
notre admiration pour ces étudiants.
Que le congrès ait eu lieu en France na pas trop dimportance.
Je crois que cest le fait que ça soit international,
que ça se passe ailleurs qui est valorisant à nos yeux.
Notez que ces étudiants avaient dabord présenté
leurs résultats à Québec, puis au congrès
de lACFAS. Ils ont même tenu un colloque sur leurs travaux.
Mais voilà. Cétait au Québec. Quun
postérieur québécois eût basculé
naurait peut-être pas mérité la une de Forum...
Mon but nest pas dattaquer lauteur de larticle.
Je suppose seulement quil sagit dune attitude qui
fait encore partie de nos réflexes québécois.
Prenons un exemple dans un tout autre domaine: la couverture médiatique
de la carrière de Julie Snyder en France. Encore les mêmes
relents. Les magazines et les journaux suivent la montée ou
la descente des cotes découte de notre «ptite»
Julie comme sil ne suffisait pas que ses qualités danimatrice
soient reconnues ici. Imaginons un peu linverse. Michel Drucker
sennuie. Il décide de venir au Québec animer une
émission de variétés. Croyez-vous que les journaux
français vont sinquiéter de ses cotes découte
ou sétonner de ses succès au Québec? Non.
Michel Drucker est un excellent animateur. Point. Quil ait du
succès ou non au Québec ne changera rien au jugement
que ces compatriotes ont porté sur lui.
Autre domaine, autre exemple: l«internationalisation»
des événements culturels. Chaque rencontre ou festival
cherche à devenir international. Si cest international,
cest que lAutre daigne venir chez nous pour lévénement
en question. Donc, ça doit être bon... Une troupe québécoise
qui se produit au festival international de folklore de Drummondville
nest pas meilleure parce quelle se produit entre une troupe
du Gabon et une de lAutriche... Attention! Je ne dis pas quon
doit rester chez soi, tout seul, à se regarder le nombril et
à se trouver beau, pis fin. Au contraire, je crois quil
faut rechercher, multiplier et cultiver les contacts avec les habitants
de cette petite planète. Mais finissons par croire que notre
regard a sa propre valeur. Faisons-nous ce cadeau à nous-mêmes
et au monde.
Sylvain
White
Étudiant en histoire de lart
N. D. L. R. Lexpression «en France par
surcroît» se voulait une pointe humoristique à
lendroit de nos amis français et non un critère
pour évaluer la valeur du travail des étudiants. Quant
aux deux autres allusions à la France, elles étaient
purement factuelles. Ceux qui ont bien lu le texte auront compris
que les présentations aux deux congrès québécois
portaient sur des données préliminaires.