Volume 35 numéro 13
27 novembre
2000


 


Découvrir l’histoire de Saint-Laurent
Béatrice Sokoloff et Johanne Brochu assurent la conception et la réalisation de l’exposition Saint-Laurent: du village à la ville.

L’exposition Saint-Laurent: du village à la ville sera de nouveau à l’honneur au Musée d’art de Saint-Laurent l’été prochain.

Le technoparc Saint-Laurent, un parc consacré à la recherche et au développement sur le chemin Albert-Einstein à Saint-Laurent, témoigne de l’évolution de ce village agricole devenu, avec ses 450 centres de recherche et ses milliers d’entreprises de haute technologie, la deuxième ville industrielle du Québec.

Mais ce n’est pas la seule marque de l’«explosion suburbaine» qu’a connue cette municipalité depuis la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui. Une rétrospective de la croissance urbaine et de l’histoire de cet ancien village, dont la naissance remonte au 18e siècle, a vu le jour grâce à une collaboration entre Saint-Laurent et l’Institut d’urbanisme de la Faculté de l’aménagement.

«Dans le cadre des célébrations du passage à l’an 2000, la Ville voulait souligner son existence depuis 1702 en révélant le patrimoine architectural du noyau ancien de Saint-Laurent, raconte Johanne Brochu, étudiante à la maîtrise en urbanisme. Le comité des célébrations a sollicité la participation de plusieurs universités afin de réaliser une exposition. Il a reçu une seule réponse, celle de Béatrice Sokoloff.»

«La vitalité d’un quartier ancien se mesure à la capacité d’une com-munauté d’inscrire le présent dans les traces du passé et l’amélio-ration des interventions sur le milieu urbain passe par une étroite collaboration entre les diverses professions de l’aménagement», selon les commissaires Béatrice Sokoloff et Johanne Brochu, respectivement professeure et étudiante à la maîtrise à l’Institut d’urbanisme de la Faculté de l’aménagement.

La professeure à l’Institut d’urbanisme et Mme Brochu ont assuré la conception et la réalisation de l’exposition Saint-Laurent: du village à la ville, qui a été présentée au cours de l’automne au Musée d’art de Saint-Laurent. Ces deux spécialistes de l’histoire de l’urbanisme ont tenu à intégrer au projet la dimension évolutive de la disposition spatiale de la ville. Car la notion de patrimoine urbain ne renvoie pas qu’aux vieilles maisons, comme le souligne Mme Sokoloff. «La façon dont les bâtiments sont implantés, le tracé des rues, la taille et la forme des lots ont une valeur patrimoniale, affirme-t-elle. C’est l’ensemble de ces éléments qui donne à lire l’identité d’une population, son histoire et son rapport avec le monde.»


Trois grandes périodes

Ce n’est pas la première fois que Mmes Sokoloff et Brochu travaillent ensemble. Cerdà, Ville et territoire est aussi le fruit de leur collaboration. Cette exposition itinérante présentée en 1998 proposait une analyse de l’oeuvre de l’urbaniste catalan D’Ildefons Cerdà et une réflexion sur l’urbanisme actuel à travers l’expérience de la ville de Barcelone.

Avec l’exposition Saint-Laurent: du village à la ville, les commissaires relèvent de nouveau le défi en suscitant une façon de voir le milieu. Ce regard, qui vise d’abord à sensibiliser les habitants de Saint-Laurent à leur patrimoine urbain, encourage le respect de l’environnement et permet de mieux comprendre l’histoire et les transformations de la ville.

Trois grandes périodes caractérisent l’urbanisation de cette agglomération de l’île qui, à l’époque de la Nouvelle-France, est la seule à se développer à l’intérieur des terres. Son emplacement stratégique pour les communications et la défense se révèle un atout de taille qui favorisera sa croissance continue. De la naissance du village (de 1702 à 1890) à l’émergence d’un visage urbain (de 1890 à 1940) et à l’explosion suburbaine (de 1945 à aujourd’hui), différents facteurs contribuent à diversifier les formes de l’habitat urbain et concourent au développement socioéconomique et culturel de la ville.

«L’arrivée du collège, premier établissement d’enseignement du village fondé par les Pères de Sainte-Croix en 1852, a beaucoup accentué le dynamisme économique de Saint-Laurent. De même que la construction du chemin de fer, en 1885, qui ouvre la porte aux activités industrielles, indique l’étudiante et coordonnatrice du projet. Le village, qui jusque-là concentre l’essentiel de ses activités économiques dans le commerce de biens et de services, connaît dès lors un développement qui en fera un des principaux centres industriels de la province.»

Saint-Laurent a également connu un essor considérable à l’époque de la Deuxième Guerre mondiale. Depuis les années 50, son visage de ville industrielle moderne se précise. Saint-Laurent compte aujourd’hui 74000 habitants.


Une exposition accessible au grand public

En plus de présenter des faits historiques et de montrer l’apport des fondements sociaux, religieux et culturels des individus et des institutions qui ont marqué le paysage de cette municipalité, les commissaires se sont évertuées à rendre l’information accessible au grand public. On ne peut que les féliciter de cet effort de vulgarisation qui permet au visiteur de reconstruire facilement la démarche sans par ailleurs lui imposer un circuit préétabli.

De plus, deux compléments à l’exposition sont proposés: un parcours piétonnier invite à redécouvrir le vieux Saint-Laurent et une série de panneaux installés dans la rue informent les passants de ce qu’est le patrimoine urbain.

«L’exposition a été conçue à partir d’un matériel constitué dans trois ateliers d’urbanisme et d’un cours en conservation de l’environnement bâti, tient à signaler Béatrice Sokoloff. Une équipe de recherche, formée d’une dizaine d’étudiants au baccalauréat et à la maîtrise de la Faculté, a également travaillé tout l’été afin d’assurer la finalité de la production.»

Dominique Nancy