À
Édouard Bolté
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Notre université
et notre faculté de médecine ont récemment perdu
un grand enseignant doublé dun chercheur clinicien. Édouard
Bolté, professeur titulaire de médecine, devenu professeur
émérite, est décédé après
une longue maladie le 22 mars.
Diplômé en médecine de notre université
en 1956, Édouard Bolté effectue dabord deux années
à lHôtel-Dieu de Montréal en médecine
interne et complète sa formation de chercheur en endocrinologie
à lUniversité de Columbia, à New York,
puis à linstitut Karolinska, à Stockholm.
Détenteur dun fellowship du Conseil de recherches médicales
du Canada, il commence sa carrière au Département de
physiologie en 1964 et devient professeur agrégé en
1967. Il poursuit alors ses recherches fondamentales dans le domaine
des stéroïdes tout en maintenant une activité clinique
à lHôtel-Dieu de Montréal. Ses découvertes
sur la genèse des stéroïdes chez le foetus sont
le point de départ de nombreuses recherches de par le monde.
Ses propres travaux lont logiquement conduit à fonder
la première clinique de fertilité à lHôtel-Dieu
de Montréal.
Édouard Bolté appartient à cette génération
de médecins et denseignants qui ont su combiner à
merveille la recherche fondamentale avec la recherche clinique. Il
fait partie de cette deuxième vague de cliniciens érudits,
formés à la rigueur de la médecine expérimentale
qui apportent au cours des années 60 un courant dair
frais, lair du large, au sein de nos milieux universitaires.
Une petite révolution en médecine clinique et un nouvel
esprit. Pendant plusieurs années, Édouard Bolté
enseignera aux étudiants de première année de
médecine les bases physiologiques de lendocrinologie;
il les retrouvera comme externes ou internes au chevet des malades.
Ce qui lui donnera loccasion de démonter les mécanismes
physiopathologiques menant à la compréhension de la
maladie et de la thérapeutique.
Médecin par la science, il lest aussi dans lâme
et dans le coeur. Ses confrères peuvent témoigner du
souci quil avait du bien-être de ses malades et lon
ne peut être quadmiratif devant lamour quil
portait non seulement à sa famille et à ses amis mais
aussi à tout être humain. Louverture desprit
est la marque dÉdouard Bolté. Cette qualité
fondamentale lui permet de défendre ses idées, participer
à toutes les discussions, mener des combats opiniâtres
sur le plan des idées sans montrer la moindre agressivité,
en ne blessant personne et en gardant le parfait contrôle de
ses émotions. Il ne cherchait querelle à quiconque.
Il était plutôt porté à analyser et à
décortiquer les situations et les problèmes avec une
attitude constructive, ce qui justement désarmait ses opposants.
Combien de fois, au cours de réunions du Département
de physiologie, du Conseil de la Faculté de médecine
ou de lexécutif de lHôtel-Dieu de Montréal,
alors que la situation semble sans issue pour tout le monde, voit-on
Édouard Bolté se lever, au grand soulagement de tous
dailleurs, et replacer les choses dans un contexte plus serein
et plein de nuances. Il fut essentiellement un pacificateur. Il participe
pendant plus de 30 ans à de nombreux débats à
lUniversité aussi bien en sciences fondamentales quen
sciences cliniques. Il a toujours préservé ce quil
croyait être important et essentiel à la survie et à
lépanouissement de la collectivité. Plusieurs
de ses actions ont été déterminantes au sein
du Centre hospitalier universitaire. Les seuls moments dimpatience
que nous lui connaissons il adoptait alors un ton plutôt
bourru surgissent lorsquil parle de ceux qui dilapident
et détruisent le formidable patrimoine culturel et médical
que constitue lHôtel-Dieu de Montréal. Patriote
convaincu mais tranquille, il na pas craint dintervenir
dans les débats politiques et sociétaux, y apportant
son témoignage de médecin, de scientifique et de citoyen
engagé. Ses confrères du campus de lUniversité
de Montréal et plus particulièrement ses collègues
cliniciens de lHôtel-Dieu garderont longtemps un impérissable
souvenir plein de tendresse et damitié de ce grand professeur
dendocrinologie et du médecin de coeur que fut Édouard
Bolté.
Michel
Bergeron et Jacques Papillon
Professeurs à la Faculté de médecine