Découverte
importante sur le fonctionnement des récepteurs membranaires
Les
travaux de doctorat de Stéphane Angers mettent fin à
une controverse et ouvrent la voie à de nouveaux types de médicaments.
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«Les
étudiants-chercheurs sont la force motrice dune
faculté», affirme Stéphane Angers, dont
les travaux ont fait avancer les connaissances sur les récepteurs
membranaires. |
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Par un procédé
astucieux, Stéphane Angers, étudiant au doctorat au
Département de biochimie de la Faculté de médecine,
est parvenu à démontrer que les plus importants récepteurs
à la surface des cellules fonctionnent par paires. Des hypothèses
avaient déjà été avancées en ce
sens, mais on nétait jamais parvenu jusquici à
en faire la démonstration à même des cellules
vivantes.
Non seulement la démonstration réussie par ce jeune
chercheur permet-elle de faire avancer les connaissances fondamentales
sur le fonctionnement des récepteurs membranaires, mais elle
ouvre la voie à lélaboration éventuelle
dune nouvelle classe dagents thérapeutiques qui
pourraient inhiber ou favoriser le pairage des récepteurs.
Les récepteurs en question sont connus sous le sigle RCPG,
cest-à-dire «récepteurs couplés aux
protéines G», lesquelles assurent, à lintérieur
de la cellule, la transmission des signaux captés par les récepteurs.
Les RCPG constituent la plus grande famille de récepteurs membranaires
et permettent les réactions aux stimuli comme la lumière,
les odeurs, les hormones peptidiques, les amines et certains ions.
«Le dysfonctionnement de ces récepteurs est responsable
de problèmes tels que lhypertension artérielle,
la douleur, lasthme et certains désordres hormonaux et
neurologiques, explique Stéphane Angers. Entre 40 et 50 % des
médicaments agissent sur ces récepteurs pour bloquer
ou activer leur action.»
Une idée lumineuse
Les spécialistes du fonctionnement cellulaire savaient que
dautres familles de récepteurs fonctionnent par paires,
mais ce mode de fonctionnement était réfuté par
la communauté scientifique à propos des RCPG. Lun
des premiers à avoir émis lhypothèse de
leur pairage ou dimérisation est le professeur Michel Bouvier,
directeur de thèse de Stéphane Angers.
Létudiant est parvenu à observer directement le
phénomène en recourant à un procédé
novateur inspiré du phénomène de bioluminescence
de certains organismes marins. Deux molécules aux propriétés
fluorescentes, la luciférase quon retrouve dans
certains coraux et la protéine fluorescente verte présente
chez les méduses (GFP pour lappellation anglaise) ont
été combinées avec deux RCPG. La luciférase
émet sa propre lumière, mais la GFP a besoin dune
énergie extérieure pour activer sa fluorescence; cette
énergie peut être fournie par la luciférase si
les deux molécules sont à proximité (moins de
50 armstrongs) lune de lautre.
«En réimplantant les deux récepteurs sur une membrane
cellulaire, lexpérience a montré que la fluorescence
de la GFP sest activée, ce qui indique que les deux récepteurs
se sont couplés et ont fonctionné en mode dimérique
plutôt que monomérique, explique le chercheur. Nous avons
refait la même expérience avec un type de récepteur
différent pour chacune des deux molécules et lactivation
de la GFP ne sest pas reproduite.»
Reconnaissance
Ces résultats ont été publiés dans une
revue scientifique prestigieuse, la Proceeding of the National
Academy of Science, et la dimérisation des RCPG est maintenant
un fait reconnu par la communauté scientifique. Cette démonstration
a également valu à Stéphane Angers le prix Bernard-Belleau,
décerné par lACFAS et accompagné dune
bourse de 2000 $ de BioChem Pharma.
«Ce prix a eu un impact notable auprès des médias
et a permis de faire valoir le rôle et limportance des
étudiants-chercheurs, souligne le lauréat. Même
si nous sommes la force motrice dune faculté et malgré
limportance des retombées économiques de la recherche
en biochimie, nos conditions restent précaires.»
Stéphane Angers poursuit ses travaux au laboratoire de Michel
Bouvier pour élucider, au cours des deux prochaines années,
dautres questions entourant les RCPG.
«Plusieurs aspects de la dimérisation restent nébuleux.
On ne sait pas sil sagit du mode de fonctionnement normal,
sil y a une alternance ou un équilibre entre le mode
monomérique et le mode dimérique ni si les hormones
et autres stimuli physiologiques favorisent la dimérisation.
Mieux nous comprendrons ce fonctionnement, mieux nous pourrons agir
dans son déroulement. Des médicaments qui cibleraient
une classe de récepteurs spécifiques en agissant sur
la dimérisation pourraient savérer beaucoup moins
toxiques», espère-t-il.
Daniel
Baril