Laccès
à légalité piétine chez les professeurs
Le nombre
de professeures na pas bougé entre 1993 et 1999.
En 1999, lUniversité
comptait le même nombre de professeures quen 1993, à
savoir 348. Si laccès à légalité
chez les professeurs a tout de même fait de légers progrès
de 0,6% par année ou 3,8% en six ans, cest surtout parce
quun grand nombre dhommes ont pris leur retraite durant
cette période.
Cest ce qui ressort du cinquième rapport du Comité
paritaire sur laccès à légalité
en emploi pour les femmes au sein du corps professoral, affilié
au Syndicat général des professeurs de lUniversité
de Montréal. Le document a été présenté
le 6 novembre dernier à lAssemblée universitaire
par la doyenne Gisèle Painchaud, coprésidente de ce
comité paritaire.
Au 1er octobre 1999, la proportion de femmes dans les 63 unités
visées par létude se chiffrait à 28,7%.
Seulement 10 unités atteignaient alors le taux fixé
par la convention collective, à savoir 40%: ce sont Linguistique
et traduction, Psychologie, Médecine, Médecine sociale
et préventive, Nutrition, Orthophonie et audiologie, Réadaptation,
Didactique, Psychopédagogie et andragogie et Sciences infirmières.
Onze unités comptaient moins de 10% de femmes. Il sagit
de Philosophie, Physique, Sciences économiques, Microbiologie
et immunologie et Physiologie auxquelles il faut ajouter Administration
de la santé, Médecine du travail et hygiène du
milieu, Obstétrique-gynécologie, Pédiatrie, Biomédecine
vétérinaire et Géologie (en voie de dissolution).
Ces six dernières unités nont aucune femme dans
leur corps professoral.
Certaines unités de la Faculté de médecine dont
les professeurs sont reliés à lAssociation des
médecins cliniciens enseignants de Montréal (AMCEM)
ont été exclues de létude. En octobre 1999,
la proportion de femmes rattachées à lAMCEM était
de 6,5%.
Les facultés des sciences infirmières et des sciences
de léducation sont toujours les deux seules à
avoir une proportion de femmes supérieure à 40% tandis
quelle est inférieure à 20% en aménagement
et en médecine dentaire.
Le Comité, qui affirme que laccès à légalité
a fait du surplace jusquà maintenant, fait le commentaire
suivant: «Attribuer à la faiblesse des taux de disponibilité
dans chaque discipline la responsabilité des faibles taux de
féminité dans les unités ne saurait être
un argument valable, car la très grande majorité des
unités dont le taux de féminité est inférieur
à 40% (48 unités sur 51) natteignent pas le taux
de disponibilité de leur bassin québécois et/ou
canadien.»
Malgré les rappels du Comité, cinq unités qui
nont pas la proportion de femmes visée navaient
toujours pas présenté de plan de redressement à
la fin de 1999. Ce sont Mathématiques et statistique, Obstétrique-gynécologie,
Littérature comparée, Pharmacie et Pédiatrie.
Les trois dernières ont même contesté lobligation,
inscrite à la convention collective, de présenter un
tel plan.
Le Comité termine son rapport en faisant plusieurs recommandations
pour améliorer la situation.
Au cours de la discussion qui a suivi, Monique Michaud, professeure
à la Faculté de médecine dentaire, a fait remarquer
que le bassin de disponibilité ne tient pas toujours compte
du type de compétences recherchées pour lenseignement
universitaire. Ainsi, sil y a de plus en plus de femmes chez
les dentistes, peu dentre elles possèdent une maîtrise
ou un doctorat, a-t-elle indiqué. Cest pourquoi sa faculté
a pris la décision de financer les études à létranger
de quelques étudiantes prometteuses. Le vice-recteur exécutif
Michel Trahan a ajouté quon avait prévu, dans
le Fonds de relance, un certain montant dargent pour favoriser
ce genre dinitiatives dans certaines unités.
Politique linguistique
Au cours de cette même réunion, lAssemblée
universitaire a adopté à lunanimité le
rapport du comité ad hoc sur la place du français
à lUniversité de Montréal présenté
par la doyenne Mireille Mathieu. Le Comité recommande que soit
élaborée une politique linguistique institutionnelle
de façon à assurer la promotion et la qualité
du français à lUniversité. Il demande que
ce mandat lui soit confié et quil puisse, au besoin,
avoir recours à des experts sur la question. Dans lesprit
du comité de même que dans celui de plusieurs intervenants,
une telle politique doit tenir compte de la volonté de lUniversité
de jouer un rôle exemplaire dans la promotion de la langue française
tout en maintenant une nécessaire ouverture aux autres langues.
Politique scientifique du Québec
En début de séance, le vice-recteur Alain Caillé
a présenté le mémoire de lUniversité
de Montréal portant sur le document de consultation du ministère
de la Recherche, de la Science et de la Technologie intitulé
Vue densemble pour une politique scientifique du Québec.
Tout en approuvant la proposition visant à faire en sorte que
le Québec puisse atteindre la moyenne des pays du G7 en ce
qui concerne les efforts consacrés à la R & D, lUniversité
de Montréal ajoute que la version définitive de la politique
devra faire état des «moyens de ses ambitions».
«Le Québec, sil veut réussir sa révolution
scientifique, conclut le mémoire, devra au cours des
années qui viennent: 1) miser sur lexcellence et la concentration
des ressources humaines dans des centres de stature internationale,
2) différencier les missions de recherche respectives des différentes
universités par un financement approprié, 3) miser sur
une plus grande ouverture à linterdisciplinarité,
4) assurer un transfert technologique efficient dans le respect des
droits de tous les partenaires, 5) accorder une plus grande place
aux sciences sociales et aux sciences humaines, en insistant notamment
davantage sur limportance de la recherche de pointe dans ces
secteurs et, enfin, 6) former la relève scientifique.»
Françoise
Lachance