Volume 35 numéro 11
13 novembre
2000


 


Prier aide à guérir!
Jean-Guy Nadeau étudie les rapports entre la souffrance et la foi.

Jean-Guy Nadeau

Le médecin qui voit un malade se mettre à prier peut se réjouir», disait à L’Actualité médicale le neurologue montréalais Michel Copti en mai dernier. Selon lui, on peut consulter 130 articles scientifiques sur les vertus curatives de la prière. De plus, les malades hospitalisés qui reçoivent la visite du service de pastorale pendant une heure quotidiennement quittent l’hôpital en moyenne deux jours plus tôt que les autres.

Dieu devrait-il être un allié de la ministre de la Santé et des Services sociaux afin de l’aider à réformer le système? En tout cas, récemment, 300 délégués de l’Association québécoise de la pastorale de la santé et de l’Association canadienne pour la pratique et l’éducation pastorales se sont réunis à l’Université de Montréal pour tracer le «bilan de santé du spirituel et du religieux». Parmi les conférenciers, Jean-Guy Nadeau, professeur à la Faculté de théologie, qui donne depuis plusieurs années des cours optionnels qui obtiennent un succès fou: Interprétation chrétienne de la souffrance et Souffrance et foi chrétienne. «À quoi j’attribue cette popularité? Au fait que chacun d’entre nous a une certaine expérience de la souffrance et cherche des réponses à ses questions», souligne-t-il.

En conférence, M. Nadeau a expliqué que les interprétations chrétiennes de la souffrance avaient beaucoup changé au cours des dernières années. «Jadis, la souffrance était l’expression de la punition. On a aussi poussé à son paroxysme l’idée que la souffrance faisait grandir. En général, les gens n’acceptent plus ces idées aujourd’hui.»

Pourtant, signale le théologien, plusieurs personnes qui doivent être hospitalisées pour des maladies graves redécouvrent la religion de leur enfance. «Les gens de ma génération, par exemple, ont un fond de religion catholique où Dieu a une image de bienfaiteur: c’est un dieu qui s’occupe de nous. Chez les musulmans, c’est un peu différent. Ce qui arrive dans la vie correspond à la volonté divine.»

Mais la réconciliation n’a pas lieu sans heurt. Les condamnés voient d’abord un dieu vengeur et peuvent connaître une période de révolte. «Cette notion de révolte contre son dieu est présente dans la culture chrétienne. Il existe même un psaume de colère contre Dieu où l’auteur exprime sans détour son humeur: “Où étais-Tu lorsque j’avais besoin de Toi?”»

Mathieu-Robert Sauvé