Prix
du Québec pour Gilles Brassard et Jean Davignon
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Gilles
Brassard, lauréat du prix Marie-Victorin 2000 |
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La plus haute
distinction du gouvernement du Québec dans le domaine des sciences
naturelles et du génie, le prix Marie-Victorin, a été
attribuée le 7 novembre dernier à Gilles Brassard.
«Ce prix rend hommage à un visionnaire du monde de linformatique,
a déclaré Jean Rochon, ministre de la Recherche, de
la Science et de la Technologie au cours de la cérémonie
qui se tenait à Québec. Son travail acharné et
tenace dans le domaine de la mécanique quantique a contribué
grandement au développement de cette discipline, qui se veut
la convergence des mathématiques, de la physique et de linformatique.
Le prix Marie-Victorin vient donc reconnaître un chercheur qui
est considéré comme lun des plus brillants informaticiens
au monde.»
À lécole primaire, Gilles Brassard maîtrise
déjà le calcul intégral et na que 13 ans
lorsquil entre à lUniversité de Montréal,
où il sinitie à linformatique. Il entreprend
son doctorat en informatique théorique à la prestigieuse
Université Cornell. Lorsquil est tombé sur la
première publication traitant de cryptographie, la science
du décodage, il avoue avoir été «fasciné
par lélégance mathématique du concept».
Ainsi il oriente son doctorat vers cette nouvelle discipline.
Avec lui, la théorie de linformation basée sur
la conception classique du monde physique héritée de
Newton subit quelques bouleversements. Cest lère
de lordinateur quantique qui débute
Avec Charles
Bennett, un physicien de IBM, il crée la cryptographie quantique.
Pendant plus de cinq ans, il dirige ses efforts et ses recherches
sur linterception de messages codés par la cryptographie
quantique. Sa contribution à cette discipline a été
significative. Ses travaux de recherche pourraient dailleurs
révolutionner le commerce électronique en rendant les
transactions totalement sécuritaires.
Même si lordinateur quantique nest pas pour demain,
les travaux du chercheur commencent déjà à trouver
des applications. En Suisse, un prototype de cryptographie quantique
relie Nyon à Genève par lentremise dune
fibre optique de 23 km et assure la confidentialité des messages
entre les interlocuteurs.
Au début des années 90, Gilles Brassard se tourne vers
des applications encore plus futuristes de linformation quantique.
Avec cinq autres chercheurs, dont Charles Bennett, il invente le concept
de la téléportation quantique. Ainsi des particules
de lumière, appelées photons, ont pu être «téléportées»
sur une distance de quelques mètres. Une réalisation
expérimentale sélectionnée par le journal Science
comme lune des 10 plus importantes de lannée 1998.
Lexcellence et loriginalité des travaux de Gilles
Brassard lui ont valu de nombreuses distinctions. Il a notamment reçu
la bourse EWR Steacie et le prix Steacie du Conseil de recherches
en sciences naturelles et en génie (1994), le prix Urgel-Archambault
de lAssociation canadienne-française pour lavancement
des sciences en 1992 et la bourse de recherche Killam du Conseil des
arts en 1997. Il a, par ailleurs, été élu à
lAcadémie des sciences de la Société royale
du Canada en 1996 et est, depuis 1998, lun des 100 membres étrangers
de lAcadémie des sciences de Lettonie.
Le dévouement de Gilles Brassard en matière denseignement
nest plus à démontrer. En 1993, lUniversité
lui a décerné le Prix dexcellence de lenseignement.
Linformaticien montréalais espère quun jour
la mécanique quantique sera enseignée à lécole:
«En ninitiant pas les jeunes aux théories quantiques,
on ralentit considérablement le progrès de la science»,
soutient-il.
Le frère Marie-Victorin fut un éminent botaniste à
qui lon doit le développement des sciences naturelles
au Québec. Le prix qui porte son nom récompense le travail
exceptionnel de chercheurs travaillant dans les sciences exactes et
naturelles, les sciences de lingénierie et technologiques
ainsi que les sciences agricoles.
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Jean
Davignon, lauréat du prix Wilder-Penfield 2000 |
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La plus haute
distinction attribuée par le gouvernement du Québec
dans le domaine des sciences biomédicales, le prix Wilder-Penfield,
a été décernée à Jean Davignon.
«Ce prix récompense un chercheur clinicien de grande
renommée qui sest illustré à léchelle
mondiale avec ses travaux de recherche clinique portant sur la compréhension
des processus complexes qui régissent les maladies reliées
aux lipides et au système vasculaire, comme lhypercholestérolémie
familiale, a déclaré le ministre Rochon. Le prix Wilder-Penfield
vient donc honorer Jean Davignon, considéré comme lun
des pionniers dans le domaine de la recherche en lipidologie et un
ambassadeur de la recherche clinique.»
Jean Davignon a créé de toutes pièces lune
des plus importantes cliniques dhyperlipidémies reconnues
sur la scène internationale. Sa clinique reçoit actuellement
plus de 8000 patients par an. «Mettre la recherche fondamentale
au service de la santé et sappuyer sur des patients pour
faire avancer les découvertes est à la fois passionnant
et très difficile», soutient-il. Jean Davignon, dont
lenthousiasme est communicatif, entretient des liens privilégiés
avec ses patients et ses collègues chercheurs.
Né à Montréal en 1935, Jean Davignon effectue
ses études de médecine à lUniversité
de Montréal; il les termine avec la mention summa cum laude
à lâge de 22 ans. Dans le cadre de ses recherches,
il collabore avec le Dr Jacques Genest, qui deviendra le fondateur
de lInstitut de recherches cliniques de Montréal. Il
étudie le rôle des hormones surrénaliennes dans
lhypertension et sinitie à la médecine vasculaire.
Il est lun des premiers Canadiens français travaillant
dans un hôpital francophone à obtenir une maîtrise
en médecine expérimentale de lUniversité
McGill.
Au début des années 60, il passe trois ans à
la célèbre clinique Mayo de Rochester, berceau de la
médecine vasculaire en Amérique, pour parfaire ses connaissances
en physiologie vasculaire. Puis, après trois années
passées à lUniversité Rockefeller, à
New York, dans le laboratoire dun des maîtres à
penser de la recherche clinique en lipidologie, le Dr E.H. Ahrens
fils, il revient à Montréal à linvitation
du Dr Genest. De 1967 à 1972, lobtention de la prestigieuse
bourse Markle lui permet de mettre sur pied un laboratoire de recherche
sur les dyslipidémies et lathérosclérose.
Son équipe dune quarantaine de chercheurs acquiert rapidement
une réputation dexcellence en lipidologie qui ne sest
jamais démentie depuis.
Ses travaux sur les hyperlipidémies héréditaires,
fréquentes au Québec, lont conduit à découvrir,
entre autres, cinq mutations dun gène engendrant une
hausse anormale du taux de «mauvais» cholestérol
dans le sang, expliquant environ 80% des cas dhypercholestérolémie
familiale chez les Canadiens français.
Curieux et avide détablir des ponts entre les différentes
disciplines, il sest illustré dans des domaines aussi
variés que la nutrition, la génétique et la pharmacologie
clinique. Il est, par ailleurs, lauteur de 285 publications
scientifiques, 57 chapitres de livres et 3 ouvrages.
Jean Davignon est devenu un modèle pour la relève. Son
laboratoire et sa clinique ont attiré de nombreux chercheurs
qui y sont venus parfaire leurs connaissances. Il a présidé,
en 1994, le symposium international sur lathérosclérose,
à Montréal, qui a obtenu un succès retentissant.
Il prononce aujourdhui près de 30 conférences
par an partout dans le monde.
Ses contributions scientifiques lui ont valu de nombreux prix et distinctions.
Il recevait, en 1992, un doctorat honoris causa de lUniversité
Paul-Sabatier de Toulouse; en 1993 la médaille FNG Starr de
lAssociation médicale canadienne; et, en 1994, la Grande
Médaille dor du centenaire de linstitut Pasteur
de Lille. Nommé officier de lOrdre du Canada en 1995,
lAssociation des médecins de langue française
du Canada lui décerne le Prix de carrière scientifique
en 1996.
Wilder Penfield fut lun des plus éminents chirurgiens
et neurologues du 20e siècle (1891-1976). Il est le fondateur
de lInstitut de neurologie de Montréal. Le prix qui porte
son nom honore un chercheur de mérite travaillant dans le domaine
biomédical.
Daniel
Baril