70%
des étudiants ont de la difficulté à conjuguer
les verbes!
Un
centre de communication écrite sera créé dici
lautomne 2001.
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Lorsquon
demande à Chantal Gamache, lune des auteurs
de létude sur le français chez les étudiants,
si cest à luniversité que les
jeunes doivent apprendre à écrire, elle répond
quil faut assumer ses responsabilités. «On
ne peut pas tout pelleter dans la cour des maternelles!» |
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À lautomne
2001, tous les nouveaux étudiants qui feront leur entrée
à lUniversité de Montréal devront subir
un test de français. «Il sagira dun test
diagnostique, précise la vice-rectrice à lenseignement
de premier cycle et à la formation continue, Claire McNicoll.
Il permettra aux étudiants de sévaluer de façon
précise. Ceux qui le voudront pourront sinscrire, par
la suite, à des cours de rattrapage.»
Un centre de communication écrite sera créé dici
là pour permettre aux nouveaux davoir accès à
des cours sur mesure. Cette initiative sappuie sur une étude
menée par une équipe de chargés de cours de la
Faculté de léducation permanente (FEP) qui révèle
des données surprenantes sur la maîtrise de la langue
chez les étudiants de lUniversité de Montréal.
Selon cette étude, plus de 70% dentre eux ont des problèmes
à conjuguer les verbes, mais la première source de difficulté
concerne le vocabulaire: de 75% à 87% des étudiants
admettent ressentir «parfois», «souvent» ou
«très souvent» des lacunes sur ce plan.
Écrire des textes représente une véritable épreuve
pour eux puisque de 49% à 64% des répondants, selon
lunité à laquelle ils sont rattachés, disent
éprouver de la difficulté à structurer des textes.
Par ailleurs, plus du tiers des 1156 étudiants interrogés
entre novembre 1999 et janvier 2000 (37%) ont admis ne jamais consulter
douvrages de référence pour résoudre leurs
problèmes grammaticaux.
«Il sagit dune étude sur la perception que
les étudiants ont deux-mêmes, signale Chantal Gamache,
qui donne des cours de «mise à niveau» en français
depuis plusieurs années et préside le Syndicat des chargées
et chargés de cours de lUniversité de Montréal.
Nous voulions aller plus loin que les études habituelles, qui
ne tiennent pas compte de ce que les gens concernés pensent
du problème.»
Zone dinterprétation
La perception que les étudiants ont deux-mêmes
comporte tout de même une zone dinterprétation
quil faut analyser avec discernement. «Ce ne sont pas
toujours ceux qui disent avoir le plus de problèmes qui en
ont effectivement le plus, indique Mme Gamache. Parfois, le seul fait
dadmettre une lacune est le début dun effort pour
la combler.»
Létude note toutefois que «dautres indices
montrent que les étudiants minimisent leur besoin daide:
60,6% des étudiants qui confondent souvent les
relatifs dont, que et duquel et
56,8% des étudiants qui disent éprouver souvent
de la difficulté à employer correctement les signes
de ponctuation dans leurs textes estiment navoir besoin que
dun peu daide en français. Il nous semble donc
que la case un peu devrait être interprétée
comme oui, jai besoin daide.»
Sur la façon dont cette aide doit être offerte aux étudiants,
létude des chargés de cours représente
une douche froide pour les adeptes de lenseignement à
distance. «Les étudiants qui disent avoir énormément
besoin daide en français préfèrent les
cours de 45 heures (25,7%) et laide individuelle (20%), dit
létude. La case offrant des cours par correspondance
ou par Internet reçoit le moins de faveur chez les étudiants:
5,7%.» Les réponses vont dans le même sens chez
les étudiants qui disent avoir besoin d«un peu»
daide.
«Les étudiants rejettent donc, dans lensemble,
les cours par correspondance ou par Internet et les cours à
distance avec, à loccasion, des rencontres de groupe,
soulignent les auteurs. Comme on ne peut expliquer ces choix en accusant
les étudiants dêtre réfractaires aux nouvelles
technologies cest dans leur groupe dâge que
ces nouvelles technologies sont les plus populaires , on peut
conclure que les étudiants réclament des formules pédagogiques
impliquant le soutien dun enseignant sur place et non un soutien
à distance.»
Ce résultat nest pas pour déplaire aux quelque
30 chargés de cours en enseignement du français (unités
méthodologie, EDP, et mise à niveau, FRA), qui bénéficient
dun lien demploi avec la FEP. «Cest notre
rôle denseigner le français, dit Mme Gamache. Nous
pressentions donc assez bien les faiblesses des étudiants.
Ce projet, initialement modeste, a pris de lampleur grâce
à lappui de plusieurs partenaires.»
Létude, intitulée «Les besoins en français
et en méthodologie des étudiants et étudiantes
de lUniversité de Montréal», a coûté
35 000$ et a été financée par un «programme
dintégration pédagogique des chargés de
cours». Cest le premier projet dune telle envergure
résultant de ce programme, créé en 1996.
Une réponse rapide du vice-rectorat
Au vice-rectorat à lenseignement de premier cycle et
à la formation continue, on a réagi rapidement aux conclusions
de cette étude. Dautant plus quune enquête
sur lorientation de la formation de premier cycle a révélé
récemment un «large consensus parmi les unités
(N=50) voulant que lUdeM mette en place des moyens pour aider
les étudiants à améliorer leur compétence
en langue française lue (70%), écrite (92%) et parlée
(84%)».
Les répondants à cette dernière enquête
des vice-doyens aux études, directeurs de département
et décole et responsables de programme ont indiqué
quils appuyaient en forte proportion les tests institutionnels
de classement à ladmission, les cours de français
non crédités donnés par lUniversité
de Montréal et la formation de correcteurs compétents
pour assister les professeurs.
Le Centre de communication écrite, qui verra le jour dici
lautomne 2001, pourrait offrir un soutien aux professeurs surchargés
par la correction dexamens écrits; il viendrait également
en aide aux étudiants en cours de rédaction et proposerait
un site Internet de référence. Le Centre, doté
dun comité scientifique consultatif, sera la partie visible
dune politique de la maîtrise du français dans
lapprentissage.
La mise en place de ce centre a été approuvée
par les membres de la Commission des études le 24 octobre dernier.
Au cours de cette séance, ils ont également donné
leur accord à plusieurs projets de création de programmes:
Diplôme détudes spécialisées en médecine
durgence (Faculté de médecine), Mention en études
allemandes dans le contexte européen (Faculté des arts
et des sciences), Concentration plasturgie au Département de
génie chimique et de génie mécanique (École
Polytechnique), Module de formation en gestion de linvalidité
et de la réadaptation, Module de formation en échocardiographie
adulte et pédiatrique et Certificat dintervention en
déficience intellectuelle (FEP). À la Faculté
de laménagement et à lÉcole Polytechnique,
les projets de modifications aux répertoires de cours ont également
été approuvés.
Mathieu-Robert
Sauvé