Une
classe du maître de musique
José
van Dam professe quelques conseils à cinq étudiants
en chant.
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«Songe
à la douceur daller là-bas vivre ensemble»,
dit le poème mis en musique par Henri Duparc dans
Linvitation au voyage. «Ne donnez pas limpression
de lire une brochure de Tourisme soleil», dit José
van Dam à Anik-Ève Saint-Louis. |
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«Les peupliers
sont beaucoup plus frais quand ils sont frrrais», lance José
van Dam à la jeune Geneviève Couillard, qui vient dinterpréter
un air de Camille Saint-Saëns. Le son, explique linoubliable
interprète du Maître de musique, film de Gérard
Corbiau, est comme un diamant brut; il prend racine au fond des poumons,
monte le long du corps dans une colonne dair et est ciselé
par les lèvres.
La chanteuse reprend son extrait de lopéra Samson
et Dalila et réussit une interprétation plus convaincante.
Le maître la reprend de nouveau, mais cette fois son commentaire
ne concerne pas la technique. «Vous nêtes pas assez
amoureuse, là!»
Cest dur, le chant. Mais pour les cinq étudiants qui
ont été entendus par José van Dam, le 23 octobre
dernier, devant un auditoire denviron 500 personnes à
la salle Claude-Champagne, il ne pouvait y avoir de meilleur pédagogue.
«Ce nest pas facile de se mettre à nu devant ses
pairs, explique Anik-Ève Saint-Louis, qui a passé près
de 45 minutes avec M. van Dam. Il y a dans la salle des étudiants
en musique dautres universités québécoises,
des professeurs, des mélomanes. Nous avions tous une bonne
dose dangoisse à surmonter
»
Rarement dans les 50 ans dhistoire de la Faculté une
classe de maître avait-elle attiré autant de spectateurs.
Cest que le baryton dorigine belge naccepte quexceptionnellement
danimer des classes de maître. «Il a voulu rencontrer
les étudiants par reconnaissance pour lhonneur que lUniversité
de Montréal lui faisait de lui décerner un doctorat
honorifique, explique Rosemarie Landry, directrice du secteur chant
à la Faculté de musique. Le caractère francophone
de lUniversité a également pesé dans la
balance», ajoute-t-elle.
Cest Mme Landry qui a pris linitiative dinviter
José van Dam. Elle-même chanteuse professionnelle, elle
la déjà côtoyé sur la scène.
«Nous sommes très contents quil ait accepté»,
dit-elle. Le célèbre chanteur nest actuellement
rattaché à aucune université, mais caresse le
projet de mettre sur pied un institut international du chant.
Pour la classe du 23 octobre, les chanteurs (Michèle Bolduc,
Geneviève Couillard, Jean-Philippe Laroche, Benoît Leblanc
et Anik-Ève Saint-Louis) avaient été sélectionnés
par consensus par les sept professeurs de chant. Le secteur compte
75 étudiants. «Nous étions tous nerveux avant
de le rencontrer, confie Mme Saint- Louis. Il a une telle carrière
derrière lui! Mais somme toute, cest un homme simple,
chaleureux.»
Éloges et acrimonie
M. van Dam avait reçu, la veille, un doctorat honoris causa
de lUniversité de Montréal et avait donné
un récital avec le pianiste polonais Maciej Pikulski. Ce concert,
marquant le premier événement dimportance des
célébrations du 50e anniversaire de la Faculté,
a été accueilli avec des éloges par le critique
du Devoir, François Tousignant, et avec acrimonie par
celui de La Presse, Claude Gingras. Le premier évoque
le génie, alors que le second estime au contraire que «M.
van Dam passe toujours à côté».
Quoi quil en soit, la salle Claude-Champagne était comble
(et comblée, à en juger par les trois rappels) pour
ce concert produit en collaboration avec la société
Pro-musica. On avait laissé le balcon aux étudiants,
qui bénéficiaient dun prix réduit.
«Le passage de José van Dam était le premier événement
majeur de lannée du cinquantième. Il y en aura
dautres», a expliqué le directeur artistique des
célébrations, Jean-Jacques Nattiez. Ce dernier est très
satisfait du succès obtenu jusquà maintenant par
les activités. La qualité est au rendez-vous, et la
visibilité pour la Faculté et lUniversité
est exceptionnelle.
Mathieu-Robert
Sauvé