Apprendre
la géographie à ciel ouvert
Les
étudiants du Département de géographie participent
volontiers aux cours de terrain obligatoires.
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Les
sables cimentés par des processus chimiques naturels
ont lapparence et la dureté des roches. Mais
ce sont de «fausses roches» formées de
grains de quartz cimentés par le sel de mer et doxyde
de fer, explique le directeur du Département de géographie,
François Courchesne. |
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Au début
de lautomne, une quinzaine détudiants du cours
GÉO 3282 du programme de géographie ont fait une expédition.
Leur destination? Montréal. «Cest une ville cosmopolite
à lorigine de nombreuses études universitaires,
affirme François Courchesne, directeur du Département
de géographie. Les recherches portent notamment sur lobservation
des paysages métropolitains, la construction de lespace
urbain et les transformations par les acteurs du milieu.»
Lexploration des différents secteurs de la métropole
nest pas lexpérience la plus exotique, mais elle
permet un contact direct avec lobjet détude. Cest
la particularité des cours sur le terrain qui, même sils
sont obligatoires, connaissent beaucoup de succès chez les
étudiants comme chez les professeurs. Ils font partie du programme
de géographie depuis près de 50 ans.
Un autre groupe détudiants sest rendu, du 5 au
15 octobre derniers, dans un village colonial à lextrémité
du cap Cod, non loin de Provincetown, dans lÉtat du Massachusetts.
Un lieu renommé pour ses superbes plages bordées de
dunes et ses petites maisons à volets, dont le charme paisible
fait le bonheur des vacanciers.
Mais ce ne sont pas les raisons qui ont motivé le choix de
cette destination. Dans ce paysage, les étudiants ont loccasion
de voir une grande variété de sols. «Cette région
nest pas sous lemprise des phénomènes liés
à la période glaciaire, signale M. Courchesne. Elle
est cependant modelée par les vagues et marées qui sculptent
un paysage fragile, colonisé par une végétation
adaptée aux conditions rigoureuses du littoral.»
Les paysages de lOuest canadien, des Prairies, de lOntario
et du Québec ont été façonnés par
les glaciations, un événement majeur dans lhistoire
des paysages naturels. Cest comme si le compteur pédologique
avait été mis à zéro, indique le géographe.
À la limite daction des glaciers, on retrouve un environnement
façonné par lactivité et les sédiments
fluviatiles.
La Pennsylvanie figure aussi parmi les sites régulièrement
visités par François Courchesne et ses étudiants.
Cest que le berceau des États-Unis se trouve à
la frontière de linfluence exercée par les glaciations.
«Les sols ont des centaines de milliers dannées
contrairement à ceux du territoire canadien, qui nont
approximativement que 10 000 ans. On peut presque avoir le pied gauche
sur un sol qui na pas subi les glaciations et le droit sur un
terrain transporté par les glaciers, dit le professeur à
la blague. Cest lendroit le plus près dici
pour observer ce genre de phénomène.»
Sentiment dappartenance
Les quatre cours sur le terrain occupent une place importante dans
le programme de géographie. Ils permettent entre autres aux
étudiants de mieux comprendre les processus naturels et humains
qui façonnent les paysages. «On se sert du terrain comme
dun laboratoire naturel», déclare le directeur.
Lapproche nest pas nouvelle; elle sinscrit dans
la tradition établie, il y a plusieurs dizaines dannées,
par le Département. Déjà, lorsque la vice-rectrice
à lenseignement de premier cycle et à la formation
continue, Claire McNicoll, y faisait ses études, ce type de
cours était en vigueur. Elle sen rappelle comme dune
belle et riche expérience. «En offrant aux étudiants
des cours de terrain, non seulement on répond à leur
besoin de formation, mais aussi on favorise le développement
dun plus grand sentiment dappartenance à la discipline
et au Département, fait valoir Mme McNicoll. Et cela est un
facteur important de rétention.»
François Courchesne partage cet avis. Depuis 1988, moment de
son arrivée à lUniversité, il a souvent
constaté la valeur ajoutée de ce type de cours. Les
cours sur le terrain sont propices à la création dun
rapport privilégié entre les étudiants et les
professeurs, observe-t-il.
Frais de voyage
Les futurs géographes ne sont pas les seuls à apprécier
lexpérience. Chaque année, dit-on, les responsables
des cours sur le terrain anticipent avec optimisme les départs
en excursion. Pour eux, il sagit dun moyen de garder contact
avec lobjet détude. Les professeurs Pierre J. H.
Richard et André G. Roy ont aussi pris part à laventure
au cap Cod. Quant à James Gray et à Peter Foggin, ils
se sont respectivement rendus avec leurs étudiants, au début
de septembre, en Gaspésie et au SaguenayLac-Saint-Jean.
Lapprentissage à ciel ouvert a toutefois un prix. Outre
le travail de préparation, chaque équipe doit prendre
à sa charge des responsabilités. Certains étudiants
ont, par exemple, pour mandat de voir au matériel scientifique;
dautres sont responsables de la nourriture ou encore de la navigation.
Et cest sans compter les frais inhérents au voyage quils
doivent supporter, en plus de leurs droits de scolarité.
«Les frais sont réduits au minimum, assure-t-il. On loge
dans des installations modestes où lon peut préparer
des repas et le transport est payé par lUniversité.
Le plaisir et la somme des connaissances quapportent ces voyages
de formation valent leur pesant dor.»
Dominique
Nancy