Animateur
à la chaîne culturelle et étudiant au doctorat
Pierre
Vachon rédige une thèse sur Schumann.
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Lorsquon
a cherché une voix pour le message daccueil
de lUniversité de Montréal, cest
à Pierre Vachon, étudiant au doctorat en musicologie
et animateur à la radio, quon sest adressé.
Cest sa voix qui souhaite la bienvenue aux personnes
qui composent le 343-6111. |
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À 32 ans,
Pierre Vachon avait déjà connu deux vies (violoniste
et traducteur) lorsquil a appris quon cherchait un animateur
à la chaîne culturelle de Radio-Canada. Avec sa voix
de baryton, très «radio-canadienne», le jeune homme
avait peut-être un avantage sur les autres candidats, mais ce
nétait pas gagné davance. Après un
test écrit sur les connaissances générales, il
a dû réaliser une émission pilote incluant une
interview avec une personnalité du monde culturel.
Tout sest bien passé, et Pierre Vachon a eu sa chance
dès 1995, dans le cadre dune émission quotidienne
nocturne
«Jai toujours adoré la radio. Je
suis attiré par le métier danimateur depuis mon
adolescence. Quand on me demandait ce que je voulais faire dans la
vie, cétait ce que je répondais.»
Aujourdhui, Pierre Vachon tient lantenne tout lété
(Un été en musique, puis Parce que cest lété)
à raison de trois heures par jour, en plus danimer des
séries radiophoniques durant les autres saisons et de remplacer
à loccasion les animateurs habituels. Et il poursuit
actuellement à la Faculté de musique des études
de doctorat sur le compositeur allemand Robert Schumann.
«Après avoir été traducteur pendant 10
ans, je voulais revenir dans le monde musical. Ça me manquait
beaucoup. Mais linterprétation, il ne fallait pas y penser.
Après avoir étudié le violon au conservatoire,
je ny ai plus touché. Quand on met son instrument de
côté, on perd beaucoup trop sa technique. Il me restait
la musicologie. Jai donc entrepris des études aux cycles
supérieurs sur Schumann. Je nai jamais regretté
mon choix.»
La quintessence du romantisme
Une bourse du Fonds pour la formation des chercheurs et laide
à la recherche lui a permis daller mener des recherches
à Düsseldorf, où se trouve lessentiel des
archives de Robert Schumann. Son doctorat, sous la direction de Marcelle
Guertin, porte sur les liens entre la musique et les autres arts dans
loeuvre du compositeur.
«Je travaille particulièrement sur la symbolique des
titres doeuvres pour piano. Une de ses suites les plus connues,
par exemple, sintitule Carnaval. Lorsquon étudie
lhistoire culturelle, on se rend compte que Schumann na
pas choisi ce titre par hasard. Il y a à cette époque
un dérèglement du système, de lordre social
qui inspire bien des artistes. Cest le temps des masques.»
Autre exemple, Kreisleriana, une oeuvre maîtresse basée
sur un conte dHoffmann. «Schumann, cest la quintessence
du romantisme, dit Pierre Vachon. Il est exalté, passionné.
Il mourra dans un asile après deux ans dinternement.
Mais cest surtout un génie; dans ses oeuvres, on sent
une cohérence, une logique indiscutable.»
Pierre Vachon, qui est né un 8 juin comme Schumann, a connu
une vive émotion quand, au cours de son voyage en Allemagne,
il a examiné des partitions du musicien où il pouvait
apercevoir les ratures, les notes de la main du maître. «Quand
on regarde ses manuscrits, on constate quil était un
être extrêmement complexe.»
Les historiens rapportent que Robert Schumann aurait contracté
la syphilis dans son jeune âge et aurait souffert de ce quon
appelle aujourdhui la maniacodépression. Après
avoir attenté à ses jours, il a lui-même demandé
à sa femme, Clara, de le faire interner dans un asile. Mais
il a laissé une oeuvre unique. «Maître du lied
où la partie pianistique est traitée en une polyphonie
pleine de nuances, véritable commentaire du poème chanté,
Schumann exprima aussi, dans son oeuvre pour piano, tous les aspects
de la sensibilité romantique, de la gaieté populaire
à langoisse onirique», peut-on lire dans le Robert.
Entre la radio et la thèse
Actuellement, Pierre Vachon est un peu tiraillé entre ses occupations
détudiant et danimateur. En principe, il devrait
déposer sa thèse dici la fin de lannée,
mais son travail au micro laccapare. «Un emploi permanent
à Radio-Canada, il ne faut pas y penser parce que la Société
ne crée plus de postes, résume-t-il. Mais jaimerais
bien obtenir un contrat pour une émission régulière,
à lannée. Je dois donc être très
disponible. Toutefois, pour terminer ma rédaction, je devrai
mettre les bouchées doubles.»
Le matin de la rencontre avec Forum, létudiant
et animateur enregistrait la présentation dun concert
de lensemble I Musici de Montréal. Un travail qui exige
de lui une excellente diction, mais qui ne fait pas appel à
ses plus grandes forces. «Ce que jaime, cest rendre
lhistoire vivante. La radio nous permet de faire un travail
pédagogique formidable. Jai animé lan dernier
une série démissions avec des grands interprètes
comme Jean-Pierre Rampal, Renata Scoto et Carlo Maria Giulini. Des
entrevues en profondeur dune durée dune heure et
demie. Ces documents sonores témoignent de la vie de ces artistes.
Jai aussi plusieurs idées de thèmes pour des documentaires
radiophoniques.»
Très intéressé par les musiciens canadiens, Pierre
Vachon a publié au début de lannée une
biographie de la cantatrice Emma Albany dans la collection Célébrités
canadiennes (Lidec). Il a bien dautres projets
sil
parvient à finir sa thèse.
Mathieu-Robert
Sauvé