Aider
les enfants esclaves en Bolivie
Cest
le défi quont relevé cinq étudiantes du
Département de psychologie.
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Cette
toile de trois mètres sur deux, réalisée
par les quelque 200 enfants qui fréquentent lorganisme
Enda, en Bolivie, fait partie de lexposition nationale
Les jeunes cultivent la paix. Ce projet de coopération
a été pris en charge par les étudiantes
Catherine dAnjou et Catherine Ross. |
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En Bolivie, des
milliers denfants travaillent, sept jours par semaine, dans
les plantations de café, les bananeraies, les cimenteries ou
les mines ou encore cirent les chaussures sur le bord de la route
pour un salaire quotidien de moins de 50 ¢. Ils subviennent à
leur mesure aux frais de la famille mais, faute de temps, ne peuvent
aller à lécole.
«Une des solutions proposées par les organismes daide
humanitaire consiste à distribuer des repas gratuits aux jeunes
qui fréquentent lécole. Ils reçoivent une
formation dans lavant-midi et le reste de la journée
est consacré à leur boulot. Cela nabolit pas lesclavage
des enfants, mais contribue à changer le cours des choses»,
affirme Mélany Faucher, étudiante au Département
de psychologie.
Avec quatre autres collègues de classe Milène
Richer, Catherine dAnjou, Geneviève Gauthier et Catherine
Ross , elle a décidé dapporter son aide
à lun de ces organismes: Enda. Lété
dernier, grâce à lappui de leur professeure Margaret
Kiely et du Centre canadien détude et de coopération
internationale (CECI), les cinq jeunes femmes sont parties travailler
huit semaines auprès des enfants des bidonvilles de Trinidad,
en Bolivie.
Peut-on vraiment modifier le sort de ces pauvres gens? «On peut
améliorer à peine la misère quotidienne des enfants,
mais on reçoit beaucoup en retour», répond Milène
Richer. Les regards approbateurs de ses compagnes témoignent
quelles partagent son avis. Avec leur ferveur et beaucoup de
travail, elles ont pourtant versé un baume sur la vie de ces
enfants démunis.
Certains nestiment guère la coopération internationale
puisquelle place les pays en développement en situation
de dépendance. Une fois laide terminée, la misère
revient en force. Sert-elle donc davantage à nous donner bonne
conscience? «Là-bas, les besoins sont si grands que même
les petites choses font une différence», estime Catherine
Ross. Mélany Faucher ajoute toutefois que un pour cent des
budgets alloués dans le monde à larmement pourrait
améliorer les conditions de vie des 300 millions denfants
esclaves.
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La professeure Margaret Kiely entourée des cinq étudiantes
du Département de psychologie qui se sont rendues en Bolivie
pour venir en aide aux enfants démunis. Les jeunes femmes
présenteront prochainement une conférence sur leur
expérience de coopération. |
En sandales
Retour en arrière: après une période dorganisation
exigeante et plusieurs heures de formation dont des cours despagnol
et des séances dinformation sur lengagement communautaire,
la communication interculturelle et les conditions dhygiène
dans les pays du tiers-monde , les étudiantes émergent
de lavion à La Paz au début mai.
À 4000 m daltitude, certaines éprouvent des malaises.
Mais ce nest rien avec le choc qui les attend. À La Paz,
de nombreux enfants traînent leur misère dans les rues.
«Heureusement que le Centre canadien détude et
de coopération internationale et Mme Kiely nous avaient bien
préparées au voyage, lance Catherine dAnjou. On
ne sembarque pas à laveuglette dans ce genre daventure.»
Après une semaine dinitiation aux différences
culturelles, les cinq jeunes femmes, âgées de 20 à
25 ans, affrontent la chaleur asphyxiante de Trinidad, où lorganisme
Enda est situé. Dans cette région amazonienne de la
Bolivie, où le seul remède contre la faim et la fatigue
est la feuille de coca (larbuste dont on tire la cocaïne)
quon mastique, les soirées fraîches succèdent
aux journées chaudes: on peut passer de 30oC à 0oC.
«Parfois la température atteint 20 oC, rapporte
Geneviève Gauthier; les familles sentassent dans des
taudis, sans eau ni électricité. Les enfants travaillent
dans les cimenteries et les fabriques de céramiques en sandales,
sans casque ni gants de protection.»
Au début, les étudiantes distribuent aux enfants des
vêtements de travail, des ballons de soccer et des objets utiles.
Puis, elles participent graduellement aux activités dEnda:
formation, bricolage, préparation des repas, petits travaux
de rénovation, etc. Milène Richer saventure même
à visiter des familles. Mais convaincre les parents de libérer
leur progéniture pour apprendre à lire et à écrire
nest pas chose facile. Ça sert à quoi, au juste,
lécole? lui demande-t-on. Difficile à expliquer
dans cette région où des campagnes dalphabétisation
ont été menées sans grand succès.
«On apprend avec ce genre dexpérience à
reconnaître les limites de nos actions, soutient létudiante.
Ce nest pas en séjournant quelques semaines en Bolivie
quon va changer le monde, mais notre engagement nous permet
de mieux le comprendre.»
Une expérience riche en apprentissages
Chaque année, des centaines détudiants sengagent
dans des programmes déchanges à létranger.
Cela représente une excellente occasion de voyager tout en
continuant détudier. Le principe du CECI est différent:
lentente de coopération est conclue avec un organisme
et non un établissement denseignement. Cest un
supplément à la formation qui napporte pas de
crédits, mais qui connaît depuis quelques années
une grande popularité auprès des étudiants du
Département de psychologie.
Dans le cas de Mélany Faucher, Milène Richer, Catherine
dAnjou, Geneviève Gauthier et Catherine Ross, leur dévouement
sest transformé en projet de stage. «Nous avons
demandé au Département de superviser notre projet afin
que notre expérience soit créditée, raconte Geneviève
Gauthier. Mme Kiely sest gentiment portée volontaire
même si, officiellement, elle est à la retraite.»
Sous la supervision de la dynamique professeure âgée
de 68 ans, le projet, surnommé «Corazon de niña»
(«Coeur de petite fille» en espagnol), se structure de
manière à acquérir une plus grande ouverture
aux autres cultures et une meilleure écoute des besoins du
milieu et, surtout, de façon à permettre lenrichissement
de chacun.
«Ces apprentissages exigent une grande maturité, indique
Margaret Kiely. Le plus difficile est dapprendre aux étudiants
à ne pas avoir de trop grandes attentes par rapport à
leur stage, sans quoi ils risquent de revenir frustrés ou de
ressentir un découragement qui peut les laisser sur le carreau.»
Les étudiantes ont rencontré Forum un an jour pour jour
après leur décision de sengager dans cette aventure.
Des regrets? Aucun, sauf celui de navoir pu amener avec elles
leur professeure. Elles ne perçoivent même pas négativement
les nombreuses tâches quelles ont eu à accomplir
en vue du voyage: rencontres préparatoires, recherches, rédaction
de rapports, séances de formation. Sans compter les activités
de financement quelles ont organisées pour couvrir la
totalité des coûts du projet et payer la moitié
de leurs frais de séjour en Amérique du Sud; lautre
partie était payée par le CECI.
«On doit investir beaucoup de temps dans la préparation,
souligne Catherine dAnjou, mais lexpérience sur
le terrain en vaut vraiment la peine.»
Dominique
Nancy