Volume 35 numéro 8
23 octobre
2000


 


Un centre d’étude des religions voit le jour
Les jeunes ont une grande curiosité pour le fait religieux.

Solange Lefebvre (à gauche) et Dominique Deslandres (à droite) estiment que l’étude du fait religieux connaît un regain d’intérêt. Elles dirigeront le Centre d’étude des religions, lancé la semaine dernière.

LLe Centre d’étude des religions de l’Université de Montréal (CERUM) était lancé le 17 octobre à la Faculté de théologie. Regroupant une quarantaine de professeurs qui mènent des travaux dans le domaine religieux, ce nouveau centre organisera des rencontres et des conférences et stimulera les échanges entre les spécialistes du fait religieux.

La directrice, Solange Lefebvre, souligne qu’il ne s’agit pas d’un centre proprement théologique même si plusieurs professeurs de la Faculté de théologie, dont elle-même, en font partie. «Sans faire de recherches exhaustives, nous avons établi une liste de 45 personnes à l’Université de Montréal qui s’intéressent au fait religieux. Ça va de la sociologie aux sciences pures», dit-elle.

Le répertoire mentionne par exemple que Louis Lessard, du Département de physique, mène des travaux sur l’histoire de la physique et la cosmologie, et qu’André J. Bélanger, du Département de science politique, travaille sur les structures religieuses. Quant à Susan Bromson, de la Faculté de l’aménagement, elle s’intéresse au patrimoine religieux, et particulièrement aux synagogues de Montréal. Jacinthe Pépin, de la Faculté des sciences infirmières, se penche sur la spiritualité dans les soins infirmiers et Monique Desroches, de la Faculté de musique, dirige le laboratoire d’ethnomusicologie, qui étudie notamment la musique d’inspiration religieuse.

Tous ces gens n’avaient jusqu’à maintenant aucun lieu d’échanges à l’intérieur de l’Université. Le Centre d’étude des religions comblera cette lacune. «Cette liste n’est pas complète, loin de là, signale la directrice adjointe du CERUM, Dominique Deslandres, du Département d’histoire de la Faculté des arts et des sciences. Il nous reste encore à approcher les chargés de cours et les étudiants aux cycles supérieurs qui pourraient se montrer intéressés.»


Regain d’intérêt

Selon Dominique Deslandres, la religion ne provoque plus la réaction négative qu’elle a déjà suscitée dans les milieux universitaires. Les jeunes se montrent notamment beaucoup plus ouverts. «Mes classes d’histoire des religions sont pleines. À un point tel que nous avons dû limiter les inscriptions. Il y a une liste d’attente. Il faut se rendre à l’évidence: les jeunes ont une grande curiosité pour le fait religieux.»

Quand la jeune femme a entamé sa maîtrise en histoire des religions à l’Université McGill, on l’a traitée de folle. Ça ne l’a pas empêchée de persister et de terminer un doctorat dans le même champ disciplinaire. «Je fais partie d’une génération qui n’a pas souffert du joug religieux. J’ai reçu une certaine éducation religieuse dans ma jeunesse, mais j’ai cessé d’aller à l’église à l’adolescence sans provoquer d’animosité autour de moi. Aujourd’hui, je constate que les plus jeunes n’ont aucune formation et qu’ils en souffrent. En Europe, on vient de lancer un Dictionnaire des religions, qui reprend tout de A à Z. À l’entrée “Apôtres”, on explique qu’ils sont 12, comment Jésus les a choisis, etc.»

Mme Deslandres a été approchée pour assumer la direction adjointe du Centre alors qu’elle cherchait de son côté à créer un lieu d’échanges et de débat à l’intérieur de la Faculté des arts et des sciences. Elle a accepté de participer à l’aventure.


Une année bien remplie

Au cours de la prochaine année, le Centre d’étude des religions se mettra véritablement en marche et consolidera ses assises. Déjà, quelques conférences sont au programme. Le Centre recevra notamment Jean Baubérot au cours de l’automne, ainsi que les économistes Blum et Dudley, spécialistes des rites protestants et catholiques.

Du côté de l’enseignement, le CERUM permettra la création de cours et de séminaires pluridisciplinaires. Le doyen de la Faculté de théologie, Jean-Marc Charron, est le premier à avoir cru à cette idée. «Nous nous sommes rendu compte que beaucoup de gens à l’Université de Montréal s’intéressaient au fait religieux mais ne se connaissaient pas. J’en ai parlé avec la doyenne de la Faculté des arts et des sciences, Mireille Mathieu, et nous avons lancé le projet.»

Disposant d’un budget de départ de 10,000$, le Centre est appelé à s’agrandir. Les directrices invitent les personnes désireuses d’en faire partie à se faire connaître. Information: 343-7024.

Mathieu-Robert Sauvé