Volume 35 numéro 8
23 octobre
2000


 


Traduction: nouveau programme coopératif et doctorat
Les départements de traduction ne suffisent pas à combler les besoins du marché.

«Dès la deuxième année de baccalauréat, nos étudiants trouvent un emploi», se réjouit Richard Patry, directeur du Département de linguistique et de traduction.

Le Département de linguistique et de traduction lançait, à ce trimestre d’automne, un tout nouveau programme de baccalauréat coopératif en traduction. Il s’agit de l’un des deux seuls programmes coopératifs à l’Université de Montréal, l’autre relevant du Département de mathématiques et de statistique.

Les programmes coopératifs se distinguent des programmes courants par l’importance accordée aux stages en entreprise. «Dans ce programme novateur, les étudiants devront effectuer trois stages à temps plein de un trimestre chacun en plus de leurs 90 crédits de cours, explique Richard Patry, directeur du Département. Nous répondons ainsi à une demande de plus en plus insistante des milieux professionnels où les exigences de travail pour les traducteurs sont de plus en plus grandes.»

«Les cabinets de traduction sont en fait devenus de grandes sociétés qui réalisent toutes les tâches allant de la traduction d’un document jusqu’à son édition en passant par son adaptation au milieu et aux besoins de la clientèle visée. Pour répondre à ces exigences, il faut pousser au maximum l’intégration au milieu du travail.»

Au terme de ce baccalauréat coopératif, les étudiants recevront une certification professionnelle de l’Ordre des traducteurs et interprètes agréés du Québec en plus de se voir reconnaître une année d’expérience professionnelle.

Le programme traditionnel de baccalauréat en traduction est évidemment maintenu puisque le programme coopératif est un programme d’excellence réservé aux étudiants qui présentent une moyenne de 3,5 pour la première année. Quinze étudiants y ont été admis cette année et le Département vise à doubler ce nombre.

Pour M. Patry, ce nouveau programme contribuera à augmenter la visibilité de l’Université de Montréal dans le domaine de la traduction, où elle jouit déjà d’une réputation enviable.

Même avec ses deux programmes de baccalauréat, le Département ne réussit pas à répondre aux besoins du marché. «Dès le début de la deuxième année du baccalauréat, nos étudiants trouvent déjà des emplois, indique le directeur. Le Bureau de la traduction du Canada est déjà prêt à embaucher les 10 premiers sortants du programme coopératif.»

Au cours des cinq prochaines années, pas moins de 5000 traducteurs prendront leur retraite des entreprises dans l’ensemble du Canada et les écoles de traduction ne suffisent pas à la tâche.


Doctorat en traductologie

Toujours pour répondre aux nouveaux besoins du marché et pour affirmer le caractère particulier de la traduction, le Département de linguistique et de traduction a également lancé, cet automne, un nouveau programme de doctorat en traduction. Jusque-là, la formation au troisième cycle en traduction n’était qu’une option à l’intérieur du programme de linguistique.

«Au cours des 20 dernières années, la traduction s’est affirmée en tant que discipline scientifique ayant ses propres concepts, théories et outils, et elle n’est plus une simple branche de la linguistique, souligne Richard Patry. On parle d’ailleurs de “traductologie” pour désigner la théorisation avancée de la traduction, ce qui inclut la réflexion sur les éléments contextuels, culturels et idéologiques d’un texte, soit les non-dits de la traduction.»

Par ce nouveau doctorat, qui découle en fait du succès de l’option traduction, le Département vise à concrétiser la reconnaissance de la traductologie comme discipline et à permettre aux étudiants une meilleure intégration au marché du travail.

Ce programme facilitera également la formation de chercheurs en traduction, une catégorie pour laquelle le recrutement est difficile puisque la plupart des professeurs proviennent de la linguistique, de la littérature ou même de disciplines aussi éloignées que la physique.

Huit étudiants sont présentement inscrits à ce doctorat et le Département souhaite en recevoir une quinzaine par année.

Soulignons que le Département de linguistique et de traduction poursuit déjà de nombreuses activités de recherche en traduc-tion au sein de ses différentes unités de recherche telles que le Groupe de recherche en sémantique, lexicologie et terminologie — qui travaille notamment sur le projet de dictionnaire bilingue canadien —, le Groupe de recherche en linguistique du texte —, qui travaille sur les aspects culturels de l’adaptation des textes —, le Laboratoire de tra-duction assistée par ordinateur — qui conçoit des outils de traduction informatisés —, et le réseau Lexicologie-terminologie-traduction, lieu d’échanges et de coopération internationale de l’AUPELF-UREF.

Daniel Baril