Volume 35 numéro 8
23 octobre
2000


 


Quand Edgar Morin danse et chante avec les étudiants
La première rencontre Science et société est un vif succès.

Le sociologue Edgar Morin, 79 ans, a donné une démonstration de son savoir-faire à la fête de clôture.

Quelque 125 étudiants du Québec et de l’Ontario ont participé à la première rencontre Science et société, qui s’est tenue à l’Université de Montréal du 13 au 15 octobre. Organisée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de France, cette rencontre était sous la présidence d’honneur du sociologue Edgar Morin, qu’on a vu danser sur de la musique jazz, tzigane et techno. «C’est lui qui a dansé le plus; il a même chanté en duo avec une étudiante de 18 ans», mentionne Pascal Oriot, du Consulat général de France, l’un des responsables de la rencontre internationale.

Il faut dire que le savant français avait prononcé la veille un discours sur les «sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur» et qu’il s’est rendu disponible durant tout le week-end pour répondre aux questions des jeunes. M. Morin est l’un des fondateurs des rencontres Science et citoyens, qui se déroulent chaque année à Poitiers depuis 10 ans. Il a expliqué qu’il tient à favoriser les échanges entre l’univers de la science et le monde des citoyens, ce qui suppose une action à long terme et l’instauration d’un véritable dialogue.

Des échanges en atelier ont permis aux participants de dialoguer avec des personnalités scientifiques. Plusieurs professeurs de l’Université de Montréal et de ses établissements affiliés étaient présents, notamment Carole Groleau, du Département de communication, Jacques de Guise, directeur du Laboratoire de recherche en imagerie et orthopédie du CHUM, et Suzanne Lacroix, de la chaire Marianne-Mareschal de l’École Polytechnique. Les thèmes des ateliers étaient les suivants: Organismes génétiquement modifiés, Homme bionique, Art et science, Science et démocratie, Femmes et hommes en science, Réseaux informatiques et De l’espèce humaine au genre humain.

Des chercheurs français avaient fait le voyage pour venir rencontrer les étudiants qui se destinent principalement à des carrières scientifiques. On a aussi fait un effort pour attirer des participants de différentes régions du Québec, leur payant les frais de transport et d’hôtel. Des jeunes sont venus de Toronto, d’Ottawa et de Québec.
«J’ai été impressionné par le niveau des débats, signale M. Oriot. À l’atelier Science et démocratie, auquel j’ai assisté, on voyait une forêt de mains se lever chaque fois que les conférenciers sollicitaient l’avis des jeunes. Plusieurs m’ont vanté la qualité des interactions.»

Déjà, les organisateurs ont assuré que la rencontre Science et société connaîtra une deuxième édition, l’an prochain. Si le bilan est positif, le modèle des «clubs Science et citoyens», où des jeunes se retrouvent périodiquement pour discuter, pourrait être implanté au Québec. Ces clubs assurent une bonne représentation des jeunes aux rencontres annuelles. On compte de 600 à 700 jeunes participants aux ateliers de Poitiers.

Outre le CNRS et le ministère québécois de la Recherche, de la Science et de la Technologie, qui ont financé la plus grande partie des coûts de cette rencontre, les partenaires étaient le ministère des Relations internationales du Québec, la Société pour la promotion de la science et de la technologie, l’Office franco-québécois pour la jeunesse, l’ACFAS et le Consulat général de France.

Mathieu-Robert Sauvé