Volume 35 numéro 8
23 octobre
2000


 


Les régisseurs disent (presque) toujours oui
Ils s’occupent de fuites de toiture autant que de visites protocolaires.

Richard Dupuis est régisseur de jour au Pavillon principal. Il voit, notamment, à la gestion des alarmes d’incendie. Le lendemain de sa rencontre avec Forum, il organisait un exercice d’évacuation. «Ces exercices sont importants. Tout le monde doit connaître les issues de secours si un incendie se déclare», dit-il.

L’état-major de la Central Intelligence Agency (CIA) est réuni dans une salle du Pavillon principal où l’on aperçoit plusieurs immenses drapeaux américains; un hélicoptère militaire se pose dans la cour d’honneur, laissant entrer le grand patron de l’agence… l’acteur Donald Sutherland.

«Plusieurs séquences de films américains sont tournées dans le Pavillon principal de l’Université de Montréal et dans les environs, signale le régisseur de l’immeuble, Richard Dupuis. À la fin du mois, une nouvelle équipe tournera une scène avec une centaine de figurants dans l’amphithéâtre Ernest-Cormier. Devant l’accroissement des demandes, nous avons même dû concentrer les autorisations de tournages durant la saison estivale et les fins de semaine.»

Le régisseur aime bien reconnaître son lieu de travail sur le grand écran, mais le cinéma n’est pas sa priorité, loin de là. «Nous sommes au service des étudiants et des professeurs. Nous devons trouver des solutions rapides à toutes sortes de situations, d’une toiture qui fuit à une alerte d’incendie.»

À l’arrière de la régie, tous les avertisseurs de fumée du Pavillon principal sont branchés. Chaque salle de classe, laboratoire et autre local possède un de ces appareils qui déclenchent une alarme en cas de chaleur intense ou de fumée. Lorsqu’une sirène se fait entendre, l’équipe de jour va vérifier ce qui se passe. «Dans 99% des cas, ce sont de fausses alertes, mais il ne faut jamais rien prendre à la légère», dit M. Dupuis.

Richard Dupuis occupe depuis 11 ans la fonction de régisseur au Pavillon principal, un secteur qui comprend également le Pavillon administratif, les bureaux de la Direction des immeubles, le laboratoire de physique nucléaire, la rampe mobile ainsi que les centrales thermique et électrique. Quand il dit que son travail est un «feu roulant», on le croit sur parole. En une demi-heure d’entrevue pour Forum, son téléphone a sonné au moins 10 fois. Heureusement, son adjoint, Gino Caccione, était là pour le remplacer.

 

De 15 h à minuit, Lise Sabourin assure la régie des pavillons 3200 Jean-Brillant, Lionel-Groulx, Maximilien-Caron et Samuel-Bronfman. On la consulte pour un tuyau qui fuit, une signalisation inadéquate ou un local surchauffé. Elle accueille tout le monde avec le sourire.


Lise Sabourin, régisseuse adjointe

À la régie du Pavillon 3200 Jean-Brillant, à 15 h, Lise Sabourin entre en fonction. Régisseuse adjointe de soir pour le complexe des sciences humaines comptant aussi les pavillons Maximilien-Caron et Lionel-Groulx, Mme Sabourin assure le suivi des activités entamées par l’équipe de jour. «Il règne une grande activité ici, toute la soirée. En plus des cours de l’éducation permanente qui sont offerts de 16 h à 19 h et de 19 h à 22 h, il y a régulièrement des conférences et congrès, notamment dans le cadre des Belles Soirées.»

Pour Lise Sabourin, les rentrées sont deux moments forts de l’année. «Lors des partys deux étages, une tradition chez les étudiants, on transforme la cafétéria en gigantesque piste de danse. C’est très impressionnant. Jusqu’à 3000 personnes viennent s’amuser. Nous devons être prêts à tout.»

Mme Sabourin estime, elle aussi, que ses premiers clients sont les étudiants et les professeurs qui organisent des activités publiques. «Nous avons une très bonne relation avec les représentants de la Fédération des associations étudiantes du campus par exemple.»

Patrick Lebel, secrétaire général de la Fédération, confirme que les régisseurs sont des alliés utiles au moment des grands rassemblements et qu’ils sont «toujours pleins de bonne volonté».

En plus de chercher des solutions à toutes sortes de problèmes (des serrures défectueuses aux locaux mal chauffés), Mme Sabourin voit à la coordination de l’équipe de l’entretien, qui compte quatre personnes, et de l’équipe de trois gardiens. Elle doit s’assurer que tout est en place en cas de situation de crise. En toute circonstance, chacun doit être conscient de son rôle s’il y a évacuation. «Mais en deux ans, je n’ai fait face à aucun incident majeur», dit cette habituée de la piscine du CEPSUM.


Triste mémoire

En 31 ans de carrière à l’Université de Montréal, M. Dupuis a connu, lui, une situation dramatique qu’il n’est pas prêt d’oublier: les lendemains de la tuerie de l’École Polytechnique. «Les cercueils ouverts dans les classes de l’aile Z, je m’en souviendrai longtemps.»

À la fin de l’année 1989, Richard Dupuis venait d’entrer en fonction comme régisseur lorsqu’on l’a consulté pour transformer l’extrémité du Pavillon principal en chapelle ardente après le drame du 6 décembre. Les corps de 13 des 14 étudiantes tuées ont été exposés dans les salles de classe avant d’être portés en terre.

À un niveau beaucoup moins dramatique, M. Dupuis a également connu la paralysie de l’établissement plongé dans le noir durant la crise du verglas de 1997. «Nous ignorions combien de temps cela allait durer. Et plusieurs de nos employés étaient eux-mêmes sans électricité chez eux.»

À cette occasion, le Pavillon principal a dû fermer ses portes, ce qui n’était pas arrivé depuis 1972, alors qu’une autre tempête avait surpris les Montréalais.

Mathieu-Robert Sauvé