TÉMOIGNAGE
Décès
du professeur Hugh Hood
Le professeur Hugh Hood nous a quittés au mois daoût
dernier à la suite dune longue maladie, laissant dans
le deuil sa femme Noreen, peintre accomplie, et ses quatre enfants
bien-aimés.
Il est arrivé au Département détudes anglaises
en 1961 et y a enseigné durant plus de 30 ans. Né à
Toronto dun père qui était lui-même né
en Nouvelle-Écosse et dune mère franco-ontarienne,
il a étudié dans la Ville reine, où il a rédigé
une thèse de doctorat sur lhistoire des idées
au 18e siècle. Il a ensuite enseigné aux États-Unis
durant quelques années avant de venir sinstaller au Québec,
où il se trouva dans un milieu hautement évocateur de
ses origines biculturelles. Il était un homme tout à
fait remarquable aussi bien en tant quécrivain et professeur
que dans les aspects plus personnels de son être.
Auteur inlassable, Hugh Hood a publié plus de 30 livres qui
comprennent des romans, des nouvelles et des essais critiques. Son
accomplissement créateur a sans doute atteint son apogée
dans sa série de 12 romans intitulée The New Age/Le
Nouveau Siècle. Le symbolisme épique du nombre 12
et le titre affiché dans les deux langues montrent lenvergure
extraordinaire de cette entreprise, quil avait commencée
au milieu des années 70. Le professeur Hood désirait
faire paraître un roman tous les deux ans, publiant un livre
de nouvelles ou un essai entre-temps. Selon ses plans, il voulait
que la publication de son dernier roman coïncide avec lan
2000 et, malgré sa maladie, il a réalisé son
projet: Near Water paraîtra ce mois-ci. Hugh Hood sastreignait
à une discipline stricte et particulière: il avait décidé
décrire ses nouvelles entre le mois de septembre et Noël,
alors quentre janvier et juin il composait ses romans; durant
lété, il lisait et se reposait.
Hugh Hood était également un professeur exceptionnel.
Il comptait certainement parmi les auteurs les plus prolifiques jamais
engagés comme professeurs par lUniversité de Montréal.
Grâce à ses lectures incessantes et à sa mémoire
photographique, il pouvait donner des cours et diriger des thèses
dans tous les siècles et dans les littératures aussi
bien anglaise quaméricaine et canadienne. Il était
de loin le professeur qui a dirigé le plus grand nombre de
thèses au Département détudes anglaises.
De plus, dans son engagement professoral exemplaire, il a influé
sur la carrière dun nombre incalculable détudiants.
Comme personne, Hugh Hood se distinguait par sa foi inébranlable,
son sens aigu de la justice, son enthousiasme et sa curiosité
et, paradoxalement, sa naïveté. La religion catholique
faisait partie intégrante de sa vie privée et professionnelle.
Pour lui, un comportement juste quil ne dissociait guère
du geste charitable était une démarche tellement
raisonnable quil lui était difficile de comprendre le
mal qui pouvait exister autour de lui. Sa passion pour la vie se manifestait
aussi dans des activités sportives variées, soit comme
participant, comme spectateur ou encore comme historien (ici nous
rappelons une biographie de Jean Béliveau dont il fut lauteur).
Sa curiosité inassouvissable était évidente.
Lorsquil ne discutait pas de littérature, décriture
ou denseignement, on lentendait émettre avec énergie
et autorité ses opinions sur de nombreux sujets, que ce soit
la musique, lurbanisme, lhistoire, la philosophie, lastronomie,
la géologie, le cinéma, etc.
La présence de Hugh Hood manquera à ses proches et à
ses amis, mais il est consolant de garder le souvenir dune personne
entière, dune personne généreuse, authentique,
honnête, dévouée, en somme dune «belle
personne» dans tous les sens du mot et à qui on voudrait
dire: «Au revoir, Hugh.»
Patrick Mahony