Volume 35 numéro 7
16 octobre 200
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COURRIER

Violence et immigration
Après le Traité de criminologie empirique (1994) et Délinquances et délinquants (1987), Marc LeBlanc rabâche encore les mêmes concepts dans son article «L’évaluation de la violence chez les adolescents québécois: phénomène et prévention» (Criminologie, vol. 32, no 1, 1999, p. 162-194). Toujours les fameux facteurs de risque, soit, entre autres, la monoparentalité, le cheminement scolaire, la pauvreté, l’égocentrisme et j’en passe.
À travers un agencement de données empiriques, auxquelles on peut faire dire n’importe quoi, et une littérature exhaustive, l’auteur ajoute une nouvelle saveur, très à la mode, quelque peu xénophobe, à ses grandes théories de la délinquance juvénile et de surcroît à son explication de la violence chez les adolescents.

En d’autres mots, M. LeBlanc infère une relation causale entre la violence chez les jeunes et le degré d’intégration des immigrants, sans oublier le fameux triangle bandes criminelles-immigrants-violence.

Par ailleurs, selon Marc LeBlanc, les transformations sociales expliqueraient, en six champs, l’augmentation de la fréquence de la violence chez les adolescents. Le sixième champ étend, et je cite, «Le sixième, LeBlanc et coll. (1995), montrent qu’il y a maintenant une proportion importante des adolescents judiciarisés dont les parents sont nés à l’extérieur du Canada, 31% ou qui sont eux-mêmes nés à l’étranger, 19% […] la proportion des membres des minorités visibles est maintenant substantielle parmi les pupilles de la Chambre de la jeunesse […]» (p. 170).

Ce constat empirique ne serait-il pas tout simplement à l’image multiraciale de Montréal? Ou, peut-être, serait-ce le signe d’une plus grande stigmatisation des immigrants qui se retrouvent davantage visés par le système de justice et les agents de contrôle social?
Il est dommage que M. LeBlanc ne se démarque pas davantage de la tendance générale en criminologie, qui tend à donner aux bandes de jeunes le visage de la violence et de l’éthnicité. Ces concepts ne font qu’entretenir les préjugés et justifier la réaction sociale envers les jeunes ainsi que le désengagement de l’État à l’égard de la pauvreté, de l’exclusion sociale, du problème de la drogue dans les écoles, de la lourdeur du système scolaire…

Relativement aux trafics de stupéfiants, M. LeBlanc semble croire que les conflits engendrés par ce genre de commerce ne sont que l’apanage des personnes impliquées dans le crime organisé. Toutefois, il serait important de réaliser que la base même des bandes criminelles tourne autour du commerce de la drogue et de la lutte pour les territoires. Reste à savoir jusqu’à quel point ces jeunes sont impliqués dans le crime organisé!

Finalement, je terminerai sur cette idée incroyable: «La proportion plus grande de néo-Québécois provenant de pays marqués par une culture plus violente ne serait pas étrangère à cette mode» (Forum, vol. 35, no 6, p. 6).

Qu’est-ce qu’une culture violente? Qui sont les minorités visées?

M. LeBlanc se base sur quoi exactement pour oser faire ce genre d’affirmation? Connaît-il les cultures, dont il semble parler avec autant d’aisance? Ne devrait-il pas plutôt aller lui-même sur le terrain pour approfondir ses connaissances sur la question?
Loin de répondre aux inquiétudes de la société face à la violence des jeunes, Marc LeBlanc ne fait qu’engluer davantage le problème et entretenir des préjugés déjà bien ancrés dans les mentalités.

Maria Mourani
Étudiante à la maîtrise
Sociologie


Taslima à Mouans-Sartoux
Décidée, craintive, courageuse, déboussolée… C’est l’impression que j’ai eue de la femme hantée, de l’écrivaine que j’ai aperçue dans la foule au festival du livre. Foule et gardes du corps intimidaient cette femme rebelle, sa voix était presque inaudible. Elle reflétait une douceur inouïe, comment peut-on parler de l’écrivaine révoltée sans faire allusion à cette qualité?

Douleur et violence sont-elles réellement la réalité de toutes les femmes musulmanes ou simplement celle des femmes qui cherchent à se libérer et qui osent brider les moeurs et les coutumes ancestrales? Probablement, c’est la douceur maternelle longuement violée par la religion, Ève est devenue un objet à enfanter «dans la douleur».
Or, la violence et l’injustice ont contraint beaucoup de femmes telles que Simone de Beauvoir, Françoise Giroud, Fanny Wright et Anne Hutchinson, que je compare à Taslima, à crier à tue-tête «non à la soumission».

Il s’avère que ce «non» était inacceptable, même condamnable, d’où le mot «fatwa», surgi comme un remède à une maladie incurable. Cette maladie n’est autre que la liberté d’expression féminine. Doit-on subir éperdument cette barbarie et se taire pour sauver les intérêts dits socioéconomiques?

La liberté d’expression féminine triomphera-t-elle d’une société gérée par les intérêts économiques au détriment de l’être?

Samira Farhoud
Étudiante au doctorat
Littérature comparée