COURRIER
Violence
et immigration
Après le Traité de criminologie empirique (1994)
et Délinquances et délinquants (1987), Marc LeBlanc
rabâche encore les mêmes concepts dans son article «Lévaluation
de la violence chez les adolescents québécois: phénomène
et prévention» (Criminologie, vol. 32, no 1, 1999,
p. 162-194). Toujours les fameux facteurs de risque, soit, entre autres,
la monoparentalité, le cheminement scolaire, la pauvreté,
légocentrisme et jen passe.
À travers un agencement de données empiriques, auxquelles
on peut faire dire nimporte quoi, et une littérature
exhaustive, lauteur ajoute une nouvelle saveur, très
à la mode, quelque peu xénophobe, à ses grandes
théories de la délinquance juvénile et de surcroît
à son explication de la violence chez les adolescents.
En dautres mots, M. LeBlanc infère une relation causale
entre la violence chez les jeunes et le degré dintégration
des immigrants, sans oublier le fameux triangle bandes criminelles-immigrants-violence.
Par ailleurs, selon Marc LeBlanc, les transformations sociales expliqueraient,
en six champs, laugmentation de la fréquence de la violence
chez les adolescents. Le sixième champ étend, et je
cite, «Le sixième, LeBlanc et coll. (1995), montrent
quil y a maintenant une proportion importante des adolescents
judiciarisés dont les parents sont nés à lextérieur
du Canada, 31% ou qui sont eux-mêmes nés à létranger,
19% [
] la proportion des membres des minorités visibles
est maintenant substantielle parmi les pupilles de la Chambre de la
jeunesse [
]» (p. 170).
Ce constat empirique ne serait-il pas tout simplement à limage
multiraciale de Montréal? Ou, peut-être, serait-ce le
signe dune plus grande stigmatisation des immigrants qui se
retrouvent davantage visés par le système de justice
et les agents de contrôle social?
Il est dommage que M. LeBlanc ne se démarque pas davantage
de la tendance générale en criminologie, qui tend à
donner aux bandes de jeunes le visage de la violence et de léthnicité.
Ces concepts ne font quentretenir les préjugés
et justifier la réaction sociale envers les jeunes ainsi que
le désengagement de lÉtat à légard
de la pauvreté, de lexclusion sociale, du problème
de la drogue dans les écoles, de la lourdeur du système
scolaire
Relativement aux trafics de stupéfiants, M. LeBlanc semble
croire que les conflits engendrés par ce genre de commerce
ne sont que lapanage des personnes impliquées dans le
crime organisé. Toutefois, il serait important de réaliser
que la base même des bandes criminelles tourne autour du commerce
de la drogue et de la lutte pour les territoires. Reste à savoir
jusquà quel point ces jeunes sont impliqués dans
le crime organisé!
Finalement, je terminerai sur cette idée incroyable: «La
proportion plus grande de néo-Québécois provenant
de pays marqués par une culture plus violente ne serait pas
étrangère à cette mode» (Forum,
vol. 35, no 6, p. 6).
Quest-ce quune culture violente? Qui sont les minorités
visées?
M. LeBlanc se base sur quoi exactement pour oser faire ce genre daffirmation?
Connaît-il les cultures, dont il semble parler avec autant daisance?
Ne devrait-il pas plutôt aller lui-même sur le terrain
pour approfondir ses connaissances sur la question?
Loin de répondre aux inquiétudes de la société
face à la violence des jeunes, Marc LeBlanc ne fait quengluer
davantage le problème et entretenir des préjugés
déjà bien ancrés dans les mentalités.
Maria Mourani
Étudiante à la maîtrise
Sociologie
Taslima
à Mouans-Sartoux
Décidée, craintive, courageuse, déboussolée
Cest limpression que jai eue de la femme hantée,
de lécrivaine que jai aperçue dans la foule
au festival du livre. Foule et gardes du corps intimidaient cette
femme rebelle, sa voix était presque inaudible. Elle reflétait
une douceur inouïe, comment peut-on parler de lécrivaine
révoltée sans faire allusion à cette qualité?
Douleur et violence sont-elles réellement la réalité
de toutes les femmes musulmanes ou simplement celle des femmes qui
cherchent à se libérer et qui osent brider les moeurs
et les coutumes ancestrales? Probablement, cest la douceur maternelle
longuement violée par la religion, Ève est devenue un
objet à enfanter «dans la douleur».
Or, la violence et linjustice ont contraint beaucoup de femmes
telles que Simone de Beauvoir, Françoise Giroud, Fanny Wright
et Anne Hutchinson, que je compare à Taslima, à crier
à tue-tête «non à la soumission».
Il savère que ce «non» était inacceptable,
même condamnable, doù le mot «fatwa»,
surgi comme un remède à une maladie incurable. Cette
maladie nest autre que la liberté dexpression féminine.
Doit-on subir éperdument cette barbarie et se taire pour sauver
les intérêts dits socioéconomiques?
La liberté dexpression féminine triomphera-t-elle
dune société gérée par les intérêts
économiques au détriment de lêtre?
Samira Farhoud
Étudiante au doctorat
Littérature comparée
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