Volume 35 numéro 7
16 octobre 2000


 


De l’idée au produit
Le milieu universitaire emprunte diverses voies pour valoriser la recherche, explique Alain Caillé.

Le transfert technologique est une voie parmi un ensemble de moyens pour valoriser la recherche scientifique, a fait valoir le vice-recteur à la recherche Alain Caillé.

La source de toute valorisation des résultats de la recherche universitaire, y compris le transfert technologique, ce sont les idées. Tout commence par l’idée et la suite en dépend de façon déterminante. Mais certaines conditions doivent être mises en place pour assurer le succès de l’idée au produit.»

C’est en ces termes qu’Alain Caillé, vice-recteur à la recherche, s’est exprimé au cours d’une conférence donnée dans le cadre des 13es Entretiens Jacques-Cartier. Pour lui, la distinction entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée est peu utile. Il préfère parler de recherche «de base», car l’idée est le point de départ des découvertes scientifiques et technologiques. Il est donc faux de croire que seule la recherche appliquée débouche sur des applications. D’où l’importance de soutenir financièrement la recherche en milieu universitaire.

Mais encore faut-il aussi reconnaître ses conditions d’existence, notamment sa mission — qui est de mettre au jour de nouvelles connaissances et d’assurer le retour critique sur les connaissances acquises — et son lien indissociable avec la formation aux cycles supérieurs. «Nier une de ces dimensions ou ne pas en saisir toute la portée revient non seulement à mettre en péril les activités de recherche universitaire mais également à briser la chaîne continue qui mène de l’idée à la découverte et, finalement, à sa valorisation», a déclaré M. Cail-lé à la conférence portant sur la valorisation de la recherche universitaire.

Dans cet esprit, il a également rappelé l’importance de la liberté des artisans de la recherche. «La liberté d’action des professeurs et des étudiants est une valeur précieuse et le seul garant de leur créativité, de leur intégrité et de leur aptitude à réaliser de véritables percées scientifiques.»


Les voies de la valorisation

Dans le domaine du transfert technologique, l’Université de Montréal et ses écoles affiliées font bonne figure: le nombre d’entreprises créées à partir de travaux effectués à l’Université est comparable à ce qui se fait dans les 11 universités américaines les plus actives en recherche. Le réseau de l’Université dépose cependant moins de brevets et accorde environ 50% moins de licences que la moyenne américaine, a précisé le vice-recteur à la recherche.

Le transfert technologique des résultats de la recherche universitaire n’est toutefois pas le seul moyen de garantir des retombées culturelles, sociales et économiques dans la société, a souligné Alain Caillé. Il s’agit d’un phénomène important qui s’inscrit dans un ensemble de voies de valorisation, dont la publication, la vulgarisation et la présentation de conférences.

«La voie royale de la valorisation est la création de lieux de formation et d’encadrement que la recherche de haut niveau contribue à implanter et à maintenir, a-t-il affirmé. Sans recherche vouée à l’avancement des connaissances, il n’y a pas de formation valable aux cycles supérieurs. La seconde voie, c’est le développement d’une vaste expertise que toute société moderne, résolument tournée vers une économie du savoir, doit posséder en son sein. La manifestation stratégique de cette voie de la valorisation passe par le retour critique sur nos comportements individuels et collectifs en société.»


La recherche en partenariat

Mais quelle place occupe le transfert technologique dans la valorisation de la recherche scientifique? à l’heure actuelle, environ 12% de la recherche universitaire au Canada se fait en partenariat avec l’entreprise privée, a répondu le vice-recteur. Cette approche, qui a connu une forte progression au cours des 20 dernières années, est là pour rester.

Pour que l’avancement des connaissances se poursuive dans l’intérêt de l’industrie et de l’université, a signalé M. Caillé, certaines étapes comme le repérage d’une innovation potentielle et sa protection intellectuelle doivent cependant s’accompagner d’un respect absolu des conditions d’existence de la recherche universitaire.

«Quelle que soit la voie retenue pour la valorisation, a-t-il conclu, certaines caractéristiques s’imposent aux mécanismes à mettre en place, notamment l’efficacité et la compétence des intervenants de même que la rigueur des décisions concernant l’accès au marché pour les produits mis au point.»

Dominique Nancy