Réseau
routier: les municipalités ne perçoivent pas leur juste
part
Et
les camionneurs bénéficient de subventions cachées
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Pour
la région métropolitaine de Montréal,
le budget du réseau routier pourrait être équilibré,
soutient Marc Gaudry. |
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Qui paie quoi
pour lentretien et le développement des réseaux
routiers au Québec et qui récolte les revenus? Cest
ce qua cherché à tirer au clair Marc Gaudry, professeur
au Département de sciences économiques et chercheur
au Centre de recherche sur les transports, dans une analyse quil
présentait le 5 octobre dernier aux 13es Entretiens Jacques-Cartier.
Selon les données tirées du rapport de la Commission
royale denquête sur les transports en 1993, le chercheur
a démontré que le budget dune hypothétique
agence qui récolterait tous les revenus et paierait toutes
les dépenses liées au réseau routier de la grande
région de Montréal serait un budget équilibré:
les résidants du Montréal métropolitain paient
en effet en taxes et en droits de toutes sortes léquivalent
de ce que coûtent lentretien et le développement
de leur réseau routier, soit environ 1,150 milliard de dollars
par année.
Les revenus de lagence fictive incluent entre autres les taxes
provinciales et fédérales sur les carburants, les droits
dimmatriculation et les amendes, alors que les dépenses
comprennent non seulement les coûts de construction et dentretien
des infrastructures mais également ceux de la surveillance.
Surplus fédéral et déficit municipal
Mais dans la réalité, ces revenus et dépenses
ne sont pas mis dans la même cagnotte: lorsquon les répartit
selon les trois niveaux de gouvernement, le palier fédéral
se retrouve avec un surplus de 140M$ (pour les seuls revenus et dépenses
provenant de la région de Montréal) et le palier provincial
avec un surplus de 448M$, alors que les municipalités de la
région métropolitaine supportent un déficit de
370M$. Porté à léchelle du Canada, le surplus
fédéral atteint de quatre à cinq milliards de
dollars.
«Ce surplus sexplique par le fait que le gouvernement
fédéral perçoit des taxes sur lessence
sur tout le territoire, alors quil nentretient que quelques
ponts et quelques bouts de routes à la frontière, ce
qui représente des dépenses de moins de un milliard,
précise Marc Gaudry. Le réseau urbain de la région
de Montréal représente par contre 30,000 km de routes
à entretenir. Si tous les surplus fédéraux et
provinciaux étaient redirigés vers les municipalités,
leur budget pour lentretien routier serait équilibré
et présenterait même un léger surplus.»
Cependant, cela créerait un trou de 4 milliards de dollars
dans le budget fédéral et de près de 500 millions
dans le budget provincial.
Une autre étude réalisée par Marc Gaudry pour
le compte du ministère des Transports du Québec montre
par ailleurs que, si lon ajoute aux dépenses les frais
de nuisance occasionnés par la pollution automobile et les
accidents, le budget du réseau routier pour lensemble
du Québec, à la lumière des chiffres de 1994,
ne sautofinance plus quà 70% et devient donc déficitaire
à 30%. Les résultats sont les mêmes pour la région
de Montréal. En 1979, le taux dautofinancement nétait
que de 53%.
Le camionnage
Marc Gaudry a également rappelé dautres conclusions
de la Commission royale denquête sur les transports qui
montrent que les camionneurs ne paient pas leur juste part pour lutilisation
des réseaux routiers.
«Prenons le cas dun camion de huit essieux, pesant 70
t avec sa charge et parcourant 150,000 km par année; ce camion
rapporte en taxes 40,000$ de moins que ce quil coûte en
entretien routier, souligne le chercheur. Il bénéficie
donc dune subvention cachée de 40,000$ par année.
Pour lensemble du Québec, cela représente une
subvention cachée de 800M$ par année.»
Selon Marc Gaudry, ces données demandent à être
raffinées à laide dune méthode comptable
fine qui devrait prendre en considération de nombreuses variables
comme le kilométrage par charge, le nombre dessieux,
les sections de routes parcourues, la vitesse, etc. Il se montre donc
étonné du peu de volonté des gouvernements de
recueillir une pareille information afin de connaître dans le
détail doù proviennent les coûts réels
du réseau routier.
Daniel
Baril