Volume 35 numéro 7
16 octobre 2000


 


Inauguration de l’Institut d’études européennes
Un programme de formation devrait être offert dès l’an prochain.

De gauche à droite,
Jane Jenson, directrice
de l’Institut d’études européennes, Denis Bauchard, ambassadeur
de France au Canada,
et Danièle Smadja, chef
de la délégation de la Commission européenne
au Canada.

Une nouvelle unité de recherche et de formation a vu le jour le 25 septembre dernier: l’Institut d’études européennes, créé conjointement avec l’Université McGill et soutenu financièrement par la Commission européenne.

La cérémonie d’inauguration s’est déroulée en présence de la chef de la délégation de la Commission européenne au Canada, Danièle Smadja, et de l’ambassadeur de France au Canada, Denis Bauchard.

Le recteur Robert Lacroix a souligné l’importance stratégique que revêt un tel institut pour le développement de l’Université. «L’Institut d’études européennes représente une valeur ajoutée aux acquis que possède déjà l’Université de Montréal dans le domaine, notamment le Centre d’études allemandes et européennes, la chaire Jean-Monnet et les expertises dont nous disposons en droit, en politique et en économie», a-t-il déclaré.

En plus d’assurer la synergie entre ces unités, l’Institut a pour objectif de promouvoir la recherche et de veiller à la formation d’une main-d’oeuvre de spécialistes sur les questions européennes en lien avec notre propre société.

M. Lacroix a également souligné qu’il attendait beaucoup de ce partenariat avec l’Université McGill, la collaboration étant une carte gagnante dans le contexte pluraliste de Montréal. L’Institut collaborera également avec les trois autres instituts analogues au Canada, soit ceux de Toronto, Ottawa et Vancouver, tous subventionnés par la Commission européenne à raison de 55,000 euros chacun par année (environ 70,000$).


Programme de formation
Alors que la chaire Jean-Monnet mène surtout ses interventions auprès des décideurs, l’Institut d’études européennes devrait offrir un programme de formation commun avec l’Université McGill et débouchant sur un diplôme en études européennes, a précisé Louis Maheu, doyen de la Faculté des études supérieures. Ce programme devrait être en place à l’automne 2001.

Pour la représentante de la Commission européenne, Mme Smadja, l’intérêt de soutenir de tels instituts de recherche et de formation en dehors de l’Europe réside dans les liens qui sont alors assurés entre l’Europe et le pays hôte.

«Le Canada a une longue tradition d’échanges avec l’Europe, mais il ne faut pas se reposer sur ses lauriers, a-t-elle déclaré à Forum. L’immigration au Canada n’est plus principalement européenne et il faut maintenir l’intérêt des jeunes Canadiens à l’égard des questions européennes. Si le Québec est un partenaire important, ce n’est pas la même chose en Ontario, où 94% des échanges commerciaux s’effectuent avec les États-Unis et le reste du Canada.»

Sans compter les leçons que le Québec et le Canada peuvent tirer de cette expérience unique de mise en place d’institutions supranationales librement consenties, un fait sans précédent dans l’histoire. Dans son allocution, Mme Smadja avait du reste fait ressortir que toutes les questions au coeur de l’intégration européenne touchent le coeur de la gouvernance, soit les relations entre citoyens et gouvernements, la transformation des souverainetés et le concept d’État-nation.

Mme Smadja a par ailleurs tenu à souligner le travail remarquable accompli par la chaire Jean-Monnet et son titulaire, Panayotis Soldatos, qui a préparé un terrain fécond pour l’implantation du nouvel institut.

L’ambassadeur de France, Denis Bauchard, dont la présence témoignait de l’importance qu’accorde la Communauté européenne à la création de l’Institut, a dit espérer que cette initiative contribue à mieux faire connaître le Canada à l’Europe et l’Europe au Canada, deux entités qui sont trop portées à s’ignorer.


Une première activité

La journée même de son inauguration, l’Institut d’études européennes organisait sa première activité, soit une journée d’étude sur les défis du gouvernement européen.

Michèle Jean, conseillère en développement de programmes à la Faculté des études supérieures, a relaté son expérience de deux ans à titre de conseillère spéciale du ministre des Affaires étrangères du Canada à l’Union européenne. Elle s’est dite impressionnée par l’importance de la philosophie sociale qui guide les programmes économiques et commerciaux. «En Europe, on ne peut parler de commerce sans aborder les questions de santé, a-t-elle mentionné. Les principes de la philosophie sociale sont non négociables.»

Alice Landau, professeure au Département de sciences politiques à l’Université de Genève et professeure invitée à l’Université de Montréal, a pour sa part exposé la problématique de l’élargissement de l’Union européenne; cet élargissement pose des problèmes complexes, mais l’expertise idéologique, politique et démocratique qui en émerge ouvre la porte à un immense potentiel sur la scène économique internationale.

La journée d’étude s’est poursuivie en après-midi à l’Université McGill, où la question des droits de la personne a été abordée.

La direction de l’Institut d’études européennes est assurée par Jane Jenson, professeure au Département de science politique de l’Université de Montréal. Mme Jenson est secondée par Stephen Toope, professeur à l’Université McGill, qui agit à titre de codirecteur.

Daniel Baril