Volume 35 numéro 6
2 octobre 2000


 


Kennedy, Élisabeth II et Claudel à l’Université de Montréal
Le livre d’or compte plusieurs signatures prestigieuses.

Le général de Gaulle a pris un bain de foule devant le Pavillon principal de l’Université de Montréal au cours de sa visite en 1967. Ce voyage est passé à l’histoire quand le président de la République française a affirmé, du balcon de l’hôtel de ville de Montréal: «Vive Montréal! Vive le Québec! Vive le Québec libre!»

Vedette montante de la politique américaine en 1953, John Fitzgerald Kennedy accepte l’invitation d’un professeur de littérature anglaise à la Faculté des lettres, Thomas Greenwood, de venir rencontrer les étudiants de l’Université de Montréal. L’événement a lieu le 5 décembre et la conférence s’intitule «The American ideals and policies». Issu d’une famille des plus respectables du Massachusetts, le futur président des États-Unis vient d’épouser une des femmes les plus belles et les plus reconnues de la planète, la journaliste française Jacqueline Bouvier. Les autorités universitaires l’invitent à signer le livre d’or.

Au cours de son histoire, l’Université de Montréal a accueilli des représentants politiques, des scientifiques, des écrivains, bref des hommes et des femmes des cinq continents qui ont marqué leur époque. La plupart ont laissé leur trace, parfois une simple signature conservée dans les archives.


Élisabeth II sur la montagne

Tradition britannique oblige, la famille royale a été très présente à l’Université de Montréal. Si la reine mère, dont on célèbre le centenaire cette année en Angleterre, n’a pas fait l’objet d’une cérémonie protocolaire à l’Université au cours de sa visite à Montréal en 1939, sa fille, Élisabeth II, est venue nous visiter en 1951. Cette visite a été l’occasion d’une grande manifestation. Le quadrilatère entourant les rues de l’UdeM avait été fermé. Une arche de triomphe avait été érigée et deux grands mâts au socle bleu et portant la fleur de lys s’élevaient de chaque côté du grand escalier qu’il fallait alors gravir pour se rendre à la montagne. Les étudiants s’étaient joints à la foule pour applaudir Son Altesse Royale, accompagnée du duc d’Édimbourg.

En 1966, le président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, prononce une conférence à l’Université. Humaniste, poète et grand artisan de la mise en place de l’Afrique sur l’échiquier politique, il fait un discours sur la «négritude» comme arme de combat pour la décolonisation. Il reviendra le 27 juin 1976 pour recevoir un doctorat honoris causa.

Le président du Congo-Kinshasa, Patrice Lumumba, aura moins de chance. Profitant de son voyage au Canada pour demander une aide humanitaire à l’Université, il reçoit un accueil mitigé. Considéré comme le symbole de la résistance au colonialisme, M. Lumumba est assassiné moins d’un an plus tard, le 17 janvier 1961.

L’homme d’État tunisien Habib Bourguiba sera l’invité de l’Université le 11 mai 1968. Ardent défenseur de son pays, il fait partie des présidents africains francophones qui ont lutté pour la décolonisation et le développement de leur pays. C’est ce qui lui a valu un doctorat honorifique.

De grands visiteurs de l’Asie se sont présentés à l’Université de Montréal. L’écrivaine Han Suyin, à l’invitation du Service d’éducation permanente en collaboration avec le comité québécois pour l’avancement des études sur la Chine, est venue prononcer une conférence le 18 octobre 1968. Le 25 juin 1971, l’impératrice Farah Shahbanou, de l’Iran, est venue à l’Université pour recevoir un doctorat honoris causa. L’impératrice était de passage à Montréal pour souligner le 2500e anniversaire de la fondation de l’Empire perse.

Les visiteurs en provenance d’Océanie ne semblent pas nombreux. Cependant, il faut signaler la visite de sir Edmund Hillary, premier conquérant de l’Everest en 1953. Il a été reçu à l’UdeM le 25 février 1954.


Go Habs Go!

Parmi les personnalités canadiennes, il faut signaler la visite protocolaire de lord Bessborough, gouverneur général, le 19 février 1932, qui reçoit un doctorat honorifique. Après la cérémonie, il est convié à un débat opposant deux étudiants de l’Université d’Ottawa et deux étudiants de l’Université de Montréal. Le sujet: «La Confédération est-elle née viable?» Les deux étudiants d’Ottawa doivent défendre leur point de vue par la négative et ceux de Montréal, par l’affirmative!

Enfin, si l’on veut parler de visiteurs de marque, les joueurs de hockey du Canadien de Montréal ont honoré le campus de leur visite en septembre 1970, dans le cadre d’une activité de financement de la campagne du cinquantenaire. Ils ont présenté un match hors concours à l’Université.

L’Europe est sans aucun doute le continent qui a vu défiler chez nous le plus grand nombre de personnalités. La France a été le pays le plus actif à ce chapitre. Les signatures des scientifiques, dignitaires et représentants politiques se succèdent dans le livre d’or. C’est par l’intermédiaire du comité France-Amérique, créé en 1910, que présidents français, premiers ministres, ministres, artistes, gens de lettres, troupes de théâtre, hommes d’Église, etc., sont venus à Montréal. Parmi eux, Paul Claudel, écrivain et ambassadeur de France, le 27 octobre 1928; Ève Curie, fille de Pierre et Marie Curie, le 4 avril 1939; Pierre Mendès France, président du Conseil des ministres de la République française, le 15 novembre 1954; l’abbé Pierre, éminent religieux, le 21 mai 1955; Marguerite Yourcenar, écrivaine, le 18 mars 1957; André Malraux, écrivain et ministre d’État chargé des Affaires culturelles de France, le 15 octobre 1963.

Et il ne faut pas oublier, le 26 juillet 1967, le général de Gaulle. Quelques jours plus tôt, il avait lancé une phrase célèbre du haut du balcon de l’hôtel de ville de Montréal.

Denis Plante
Archiviste
Division des archives
<www.ARCHIV.umontreal.ca>


Sources: Fonds du Secrétariat général (D35), fonds Bureau de l’information (D37), fonds Direction des communications (D67), Fonds de l’Institut scientifique franco-canadien (P12), fonds Thomas-Greenwood (P20), Fonds comité France-Amérique (P76); Hélène-Andrée Bizier, L’Université de Montréal: la quête du savoir, Montréal, Libre Expression, 1993.