Volume 35 numéro 5
25 septembre
2000


 


Le monde vous attend!
Les étudiants voyageurs disposent d’une manne sans précédent.

Claire McNicoll et Bernard Landriault se sont rencontrés lorsqu’ils séjournaient tous deux à Paris dans le cadre de leurs études. Une expérience qui les a transformés. Aujourd’hui, ils annoncent la création de généreuses bourses pour favoriser la mobilité étudiante.
Avec une bourse mensuelle de 600$, à laquelle s’ajoutent 200$ dans les villes où le coût de la vie est élevé et un montant forfaitaire pour l’achat de certains billets d’avion, les étudiants n’ont plus aucune raison de ne pas étudier à l’étranger durant un trimestre ou deux. Une subvention spéciale du ministère de l’Éducation du Québec permet en effet aux étudiants de financer en partie leur séjour d’études. Dans les pays où la vie est moins chère, les étudiants reviennent même avec quelques dollars.

«Le manque d’argent a toujours limité l’adhésion aux programmes d’échanges à l’étranger, dit Bernard Landriault, directeur du Bureau de la coopération internationale (BCI). Les étudiants faisaient leur demande en mars ou en avril, puis constataient après l’été qu’ils n’avaient pas les moyens de séjourner en France ou en Angleterre. Un haut taux de désistement caractérisait donc ces programmes. Mais à partir de maintenant, ça va changer.»

Déjà, le BCI a enregistré une hausse substantielle des demandes. Au 11 septembre, 190 personnes se préparaient à partir ou étaient parties, alors que seulement 111 étudiants en avaient fait autant l’an dernier. Et les boursiers ne sont pas nécessairement des premiers de classe. Le dossier scolaire doit être bon mais pas exceptionnel. La pertinence du projet est également prise en compte.


Ça change la vie
«Tous les étudiants auraient intérêt à passer un ou deux trimestres à l’étranger, peu importe le domaine d’études», explique Claire McNicoll, vice-rectrice à l’enseignement de premier cycle et à la formation continue, qui insiste sur l’importance de l’internationalisation du monde universitaire. La vice-rectrice se souvient d’avoir rencontré, au cours de la mission gouvernementale en Amérique latine, une étudiante en architecture de paysage qui avait choisi le Chili. «Elle était enchantée de ses études à l’Instituto Nacional de Capitacion Professionnal de Santiago. Elle résidait chez des gens qui l’avaient adoptée comme un membre de leur famille.»

En plus des retombées positives d’une telle expérience sur une carrière, à l’heure de la mondialisation, il ne faut pas négliger l’aspect formateur d’une telle démarche sur le plan personnel. «Mon séjour en France, durant mes études, a changé ma vie», dit Claire McNicoll. «Pareillement pour moi», reprend Bernard Landriault. Respectivement géographe et spécialiste des études littéraires, Mme McNicoll et M. Landriault se sont même rencontrés à Paris alors qu’ils étaient étudiants. «Les bourses étaient alors réservées aux étudiants des cycles supérieurs, relate Mme McNicoll. Aujourd’hui, ce sont surtout les étudiants de premier cycle qui partent.»

Pour les deux administrateurs universitaires, il y a eu des jours plus gris. À l’Université de Montréal seulement, le budget consacré aux bourses pour les programmes d’échanges atteint 1,7 million de dollars par année sur trois ans. On pense reporter une partie de ces sommes sur les années suivantes, car on ne parviendra pas à les dépenser en entier. «Le gouvernement a pris une position très ferme en faveur de la mobilité étudiante. Nous vivons une période charnière. Je crois que les étudiants vont profiter de cette chance.»


Des Québécois peu «sorteux»
Au cours des dernières années, le BCI n’a pas caché sa déception de voir que les étudiants adhéraient de façon très timide aux programmes d’échanges. Certaines unités n’ont envoyé aucun étudiant à l’étranger depuis 10 ans. «L’Université de Montréal ne compte que 0,25% de sa clientèle qui voyage chaque année, explique Yves Guay, attaché de coopération au BCI. À peine 1% des étudiants auront passé un trimestre à l’étranger au cours de leur baccalauréat. À l’Université catholique de Louvain, en Belgique, cette proportion atteint 20%.»

Des facteurs sociaux expliquent en partie cette différence démesurée. Les jeunes, en Belgique, vivent plus longtemps chez leurs parents et ces derniers participent davantage au financement des études. Au Québec, la vie d’adulte commence parfois très tôt: les jeunes louent un appartement, se trouvent un travail et plusieurs s’endettent.

Afin de diminuer les tracasseries administratives, le BCI a délégué aux unités le soin de compléter les dossiers des étudiants intéressés. Elles sont les mieux placées pour savoir quel établissement est le plus apte à répondre aux besoins des étudiants. Quand le contact est établi, le processus se met en branle. En vertu d’une centaine d’ententes bilatérales signées avec une grande quantité d’établissements universitaires, les étudiants demeurent inscrits à l’Université de Montréal (où ils acquittent leurs droits de scolarité) mais passent un ou deux trimestres à l’étranger.

Certains départements comme Architecture et Design industriel ont une véritable tradition de participation aux programmes d’échanges. D’autres, comme Science politique, s’y sont consacrés sur le tard mais avec une énergie et un succès impressionnants. «Chose certaine, les unités où les programmes fonctionnent le mieux sont celles où les professeurs encouragent leurs étudiants à aller à l’étranger et où plusieurs étudiants peuvent parler de leur propre expérience», signale Bernard Landriault.

Mathieu-Robert Sauvé



D’où viennent-ils, où vont-ils ?
«Si l’on se penche sur les dossiers des étudiants de l’UdeM qui, au cours des dernières années, ont participé à un programme d’échanges, on voit que leur nombre est en progression. La très grande majorité des étudiants sont au premier cycle; beaucoup proviennent de la Faculté de l’aménagement, de programmes portant sur l’étude d’autres cultures (études allemandes, études est-asiatiques, etc.), du Département de science politique et de la Faculté de droit; les programmes d’échanges d’étudiants attirent encore peu de personnes en sciences naturelles et biomédicales. Environ 50% des étudiants se dirigent vers l’Europe francophone; 20% vers l’Europe non francophone (Allemagne, Angleterre, Espagne, Italie, Suède, etc.); 20% vers le Canada et les États-Unis; et 7 ou 8% vers l’Amérique latine. Presque tous reviennent enchantés de leur séjour, même si plusieurs signalent que les universités étrangères — européennes, notamment — offrent souvent aux étudiants un encadrement moins serré que ce qu’on retrouve à l’UdeM; les principaux problèmes vécus dans la vie de tous les jours ont trait à la difficulté de se loger et au coût de la vie, mais ces problèmes ne sont pas insurmontables... et l’on arrive toujours à se débrouiller.

«L’Université de Montréal considère comme essentielle l’ouverture sur le monde, et ce, quelle que soit la discipline. Seule une connaissance approfondie des langues, des cultures et des systèmes de pensée permet une véritable créativité. C’est pourquoi l’UdeM désire accroître de manière significative la participation de ses étudiants aux programmes d’échanges, notamment aux cycles supérieurs et dans les disciplines où cette tradition ne s’est pas encore enracinée. À cette fin, l’Université signe des ententes avec des partenaires du plus haut niveau partout dans le monde et voit à fournir aux unités et aux étudiants l’appui administratif requis. Elle gère également le Programme de bourses de mobilité, récemment mis sur pied par le gouvernement du Québec.»

Extrait du Guide de l’étudiant, publié par le Bureau de la coopération internationale.

Voir le site du Bureau de la coopération internationale