La
réforme scolaire préoccupe les formateurs des futurs
maîtres
Malgré
certaines doléances, Gisèle Painchaud estime que la
réforme est sur la bonne voie.
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Gisèle
Painchaud, doyenne de la Faculté des sciences de
léducation, connaît une troisième
réforme des programmes de formation. |
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«Il faut
éviter que les parents et les enseignants se disent Pas
encore une autre réforme!» lançait Céline
Saint-Pierre, présidente du Conseil supérieur de léducation
(CSE), aux professeurs, superviseurs de stages et étudiantes
de la Faculté des sciences de léducation le 13
septembre dernier.
Invitée à défendre la position du CSE sur la
réforme actuellement en cours au primaire et au secondaire,
Mme Saint-Pierre est parvenue à présenter lensemble
des transformations structurelles et pédagogiques qua
subies le système scolaire au cours des dernières années
comme un tout cohérent et harmonieux alors que le ministère
de lÉducation donne souvent limpression de procéder
sans plan densemble.
La présidente du CSE aura toutefois fort à faire pour
contrer la réaction quelle appréhende. «En
formation initiale des maîtres, il règne un sentiment
dincrédulité, a fait savoir Gisèle Painchaud,
doyenne de la Faculté; les modifications des programmes rendues
nécessaires par les réformes antérieures ne sont
pas encore terminées et les gens sont réticents à
pousser à la roue.»
Dans la salle, un superviseur de stages qui a parcouru les documents
de la réforme a estimé que le tout semblait «trop
beau pour être vrai»; il sest montré inquiet
du sort que les enseignants, occupés à gérer
les contraintes quotidiennes, risquaient de faire subir aux principes
aussi louables soient-ils.
Une orthopédagogue du primaire a même déclaré
quun vent de panique soufflait dans son école, où
il ny a pas de matériel pour les enseignants et personne
pour répondre aux interrogations.
Dautres participants ont également souligné que
la réforme a mauvaise presse; ne comprenant pas ce que signifient
les expressions «paradigme dapprentissage», «compétences
transversales» ou «contrats de réussite»,
les journalistes et commentateurs dénatureraient les faits.
La représentante du ministère de lÉducation,
Sylvie Turcotte, a dû reconnaître quil y avait effectivement
un effort à faire pour ajuster le discours aux divers publics
rencontrés.
Du
pain sur la planche pour la Faculté
Malgré ces inévitables embûches, Gisèle
Painchaud a assuré la présidente du CSE et la représentante
du ministère que sa Faculté serait partie prenante de
la réforme, sans toutefois renoncer à son devoir de
critique. «Les mémoires présentés par la
Faculté aux différents comités et commissions
ont eu un effet sur lorientation de la réforme, a-t-elle
déclaré. Nos professeurs ont également toujours
contribué aux projets et travaux de recherche du ministère
de lÉducation.»
Pour la doyenne, il sagit de la troisième réforme
de programmes que sa faculté doit assumer afin de sadapter
aux transformations du système scolaire. Cette fois-ci, toutes
les activités sont touchées.
Du côté de la formation continue, loffre des programmes
devra être plus flexible, le contenu adapté aux nouveaux
programmes et la recherche redirigée vers les nouveaux enjeux.
Pour les équipesécoles, il faudra élaborer
de nouveaux modèles daccompagnement et de nouvelles formules
de partenariat pour la formation professionnelle en milieu de travail.
En formation initiale, il faudra tenir compte du nouveau découpage
de la matière par cycles au primaire et au secondaire, ce qui
constitue un défi majeur alors que la formation est encore
monodisciplinaire dans certains domaines. Un défi du même
ordre est posé par lintégration des «compétences
transversales», qui apparaît à la doyenne plus
complexe que ce quen disent les médias.
Le seul aspect épargné est celui des principes éducatifs
qui guidaient déjà les programmes de formation: la capacité
danalyse et dadaptation au changement, la pensée
critique et la formation centrée sur lapprentissage plutôt
que sur le transfert des connaissances.
Daniel
Baril