Bilan
et perspectives de la réunification allemande
Dix
ans après la chute du mur, les pires appréhensions ne
se sont pas produites.
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Les
zones de conflits frontaliers potentiels apparaissent plutôt
stables 10 après la réunification allemande,
explique Laurent McFalls, organisateur du colloque sur les
relations internationales de la réunification allemande |
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.La réunification
de lAllemagne a déjà 10 ans. Pour faire le point
sur les attentes et les craintes qua suscitées cet événement
majeur de la fin du siècle dernier, le Centre canadien détudes
allemandes et européennes (UdeM et York) organise une table
ronde qui réunira plusieurs experts de la question le 22 septembre.
«Comme nous avons déjà tenu un colloque sur les
effets internes de la réunification, celui-ci portera sur les
craintes et les attentes des partenaires de lAllemagne en Europe
centrale», explique Laurent McFalls, directeur associé
du Centre et professeur au Département de science politique.
Aux yeux de M. McFalls, la situation potentiellement explosive il
y a 10 ans apparaît particulièrement calme et stable
aujourdhui; les pires appréhensions ne se sont pas produites.
En 1990, plusieurs conflits frontaliers étaient à craindre.
Du côté de la Pologne, par exemple, il nétait
pas assuré que lAllemagne allait reconnaître la
frontière de 1945 alors que des territoires lui appartenant
avaient été attribués à la Pologne. Aujourdhui,
la ville frontalière de Francfort-sur-lOder apparaît
comme un exemple de coexistence pacifique.
Du côté de la frontière tchèque, certains
ont craint un mouvement de revanche de la part des réfugiés
allemands expropriés et expulsés des territoires frontaliers
tchèques après la guerre. Ce différend nest
pas encore réglé et les groupes allemands de droite
exploite le litige à des fins électorales.
Au sud, le rôle de la Hongrie dans la chute du mur demeure encore
obscur. Le pays a ouvert ses frontières à des dizaines
de milliers de ressortissants est-allemands en 1989, ce qui leur a
permis de gagner lAllemagne de lOuest par lAutriche.
«On ne sait pas si lintérêt de la Hongrie
était de forcer la rupture du pacte soviétique, dencourager
des réformes démocratiques ou de déstabiliser
lAllemagne ou encore si son rôle fut un effet de conjoncture»,
souligne Laurent McFalls.
Israël était lui aussi inquiet des répercussions
de la réunification sur les Juifs allemands. Alors quon
craignait une dérive nationaliste, lAllemagne a reconnu
lÉtat dIsraël ainsi que sa responsabilité
dans lholocauste. Lépineux problème du travail
forcé de millions de Juifs nest par contre pas réglé.
Une
période fascinante
«Toute cette période des années 1990 est fascinante
sur le plan des processus de négociations internationales et
de la prise en compte des questions historiques», observe le
politologue, qui avoue avoir été pessimiste en 1990.
La question des perspectives lui semble tout aussi captivante alors
quil semble plutôt optimiste quant à lavenir.
Si les voisins de lAllemagne ont craint que limportance
de ses investissements économiques sur leurs territoires entraîne
une forme de colonialisme, le professeur McFalls est davis que
lintégration économique savère positive
pour des pays tels que la Pologne, la Hongrie et la République
tchèque. «Tant que ça ira bien en Allemagne, ça
ira bien dans ces pays», croit-il.
Pour la France, lenjeu politique est peut-être plus délicat;
elle serait portée à élargir lunion économique
en direction de ses partenaires du sud comme le Maroc ou Chypre, alors
que lAllemagne lorgne plutôt du côté de ses
alliés naturels dEurope de lEst. Le jeu des alliances
pourra donc influer sur le partenariat France-Allemagne.
Donc, beaucoup de questions à aborder et à débattre
à ce colloque où prendront la parole des diplomates
allemand, polonais, tchèque, hongrois et israélien ayant
joué un rôle de premier plan dans la réunification.
Des universitaires québécois, canadiens, américains
et français apporteront également leurs contributions
pour aider à mieux cerner les enjeux.
Le débat se déroulera de 13 h à 18 h le vendredi
22 septembre, au 2900, boulevard Édouard-Montpetit. Information:
(514) 343-6763.
Daniel
Baril
Voir aussi : www.yorku.ca.research/ccges
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