Volume 35 numéro 4
18 septembre
2000


 


Bilan et perspectives de la réunification allemande
Dix ans après la chute du mur, les pires appréhensions ne se sont pas produites.

Les zones de conflits frontaliers potentiels apparaissent plutôt stables 10 après la réunification allemande, explique Laurent McFalls, organisateur du colloque sur les relations internationales de la réunification allemande

.La réunification de l’Allemagne a déjà 10 ans. Pour faire le point sur les attentes et les craintes qu’a suscitées cet événement majeur de la fin du siècle dernier, le Centre canadien d’études allemandes et européennes (UdeM et York) organise une table ronde qui réunira plusieurs experts de la question le 22 septembre.

«Comme nous avons déjà tenu un colloque sur les effets internes de la réunification, celui-ci portera sur les craintes et les attentes des partenaires de l’Allemagne en Europe centrale», explique Laurent McFalls, directeur associé du Centre et professeur au Département de science politique.

Aux yeux de M. McFalls, la situation potentiellement explosive il y a 10 ans apparaît particulièrement calme et stable aujourd’hui; les pires appréhensions ne se sont pas produites. En 1990, plusieurs conflits frontaliers étaient à craindre. Du côté de la Pologne, par exemple, il n’était pas assuré que l’Allemagne allait reconnaître la frontière de 1945 alors que des territoires lui appartenant avaient été attribués à la Pologne. Aujourd’hui, la ville frontalière de Francfort-sur-l’Oder apparaît comme un exemple de coexistence pacifique.

Du côté de la frontière tchèque, certains ont craint un mouvement de revanche de la part des réfugiés allemands expropriés et expulsés des territoires frontaliers tchèques après la guerre. Ce différend n’est pas encore réglé et les groupes allemands de droite exploite le litige à des fins électorales.

Au sud, le rôle de la Hongrie dans la chute du mur demeure encore obscur. Le pays a ouvert ses frontières à des dizaines de milliers de ressortissants est-allemands en 1989, ce qui leur a permis de gagner l’Allemagne de l’Ouest par l’Autriche. «On ne sait pas si l’intérêt de la Hongrie était de forcer la rupture du pacte soviétique, d’encourager des réformes démocratiques ou de déstabiliser l’Allemagne ou encore si son rôle fut un effet de conjoncture», souligne Laurent McFalls.

Israël était lui aussi inquiet des répercussions de la réunification sur les Juifs allemands. Alors qu’on craignait une dérive nationaliste, l’Allemagne a reconnu l’État d’Israël ainsi que sa responsabilité dans l’holocauste. L’épineux problème du travail forcé de millions de Juifs n’est par contre pas réglé.


Une période fascinante
«Toute cette période des années 1990 est fascinante sur le plan des processus de négociations internationales et de la prise en compte des questions historiques», observe le politologue, qui avoue avoir été pessimiste en 1990. La question des perspectives lui semble tout aussi captivante alors qu’il semble plutôt optimiste quant à l’avenir.

Si les voisins de l’Allemagne ont craint que l’importance de ses investissements économiques sur leurs territoires entraîne une forme de colonialisme, le professeur McFalls est d’avis que l’intégration économique s’avère positive pour des pays tels que la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. «Tant que ça ira bien en Allemagne, ça ira bien dans ces pays», croit-il.

Pour la France, l’enjeu politique est peut-être plus délicat; elle serait portée à élargir l’union économique en direction de ses partenaires du sud comme le Maroc ou Chypre, alors que l’Allemagne lorgne plutôt du côté de ses alliés naturels d’Europe de l’Est. Le jeu des alliances pourra donc influer sur le partenariat France-Allemagne.
Donc, beaucoup de questions à aborder et à débattre à ce colloque où prendront la parole des diplomates allemand, polonais, tchèque, hongrois et israélien ayant joué un rôle de premier plan dans la réunification. Des universitaires québécois, canadiens, américains et français apporteront également leurs contributions pour aider à mieux cerner les enjeux.

Le débat se déroulera de 13 h à 18 h le vendredi 22 septembre, au 2900, boulevard Édouard-Montpetit. Information: (514) 343-6763.

Daniel Baril


Voir aussi : www.yorku.ca.research/ccges