Volume 35 numéro 4
18 septembre
2000


 


Des stages payés en France pour tout l’été
Le Département de science politique est l’un des plus mobiles de l’UdeM.

Denis Monière

Douze étudiants québécois, dont neuf du Département de science politique de l’Université de Montréal, ont effectué des stages rémunérés en France au cours de l’été 2000. «Je comprends mieux maintenant les institutions politiques françaises, commente Judith Hamel, qui a passé un mois au ministère du Tourisme. Nous avons eu la chance de rencontrer des gens à différents échelons décisionnels et de nous familiariser avec une culture politique différente de la nôtre.»

Initiative de Denis Monière, professeur au Département de science politique, ce nouveau programme de stages permet aux étudiants intéressés d’obtenir trois crédits au terme de leur séjour. Un rapport de stage présentant l’analyse d’un établissement politique français est alors exigé. «Les étudiants ont pu faire des visites exceptionnelles. Les deux premières semaines ont été consacrées à une formation théorique qui les a fait passer de l’Assemblée nationale au Sénat, puis au Conseil constitutionnel. Ils ont également rencontré des représentants des différents partis politiques.»

En effet, le stage comprend, outre les quatre semaines en milieu de travail, une période de formation de deux semaines.


250$ par semaine

Les étudiants ont reçu, grâce à la collaboration de l’Office franco-québécois pour la jeunesse, une rémunération de 250$ par semaine. «Ça ne paie pas tout, mais ça aide, signale Judith Hamel, qui a décidé de louer un appartement avec d’autres stagiaires plutôt que d’être hébergée à moindres frais dans une famille.

Jean-François Béland, lui, a étiré son séjour en France puisqu’il a passé plus de trois mois et demi dans la capitale. Attaché politique de Maurice Leroy, député RPR de Vendôme, dans le département de Loir-et-Cher, le jeune homme a même ses entrées à l’Assemblée nationale, où l’on reconnaît son accent. «Les Français ont une procédure très lourde, très hiérarchisée, alors que les Québécois sont beaucoup moins formalistes. Cela peut être très utile à l’occasion.»

M. Béland, qui vient de terminer son baccalauréat en sciences politiques et qui entame une maîtrise en histoire, a travaillé avec M. Monière à l’organisation de ces stages. Il s’est particulièrement occupé de l’aspect théorique. «En ce qui me concerne, c’était mon sixième été de suite en France. J’ai établi, au fil des années, plusieurs contacts dans le monde politique français. Cela a facilité les choses quand nous avons sollicité des rendez-vous à la mairie de Paris, à l’Assemblée nationale, au Conseil constitutionnel et auprès des organisations politiques.»

Les étudiants se sont familiarisés avec les principales tendances politiques, «à l’exception de l’extrême droite», précise M. Béland. Ils ont pu rencontrer, notamment, Jean Foyer, qui a contribué à la rédaction de la constitution de la Ve République. Il était ministre de la Justice dans le gouvernement de Charles de Gaulle. «Un grand moment», dit Jean-François Béland, lui-même ardent républicain.

D’autres rencontres ont été organisées avec des représentants du Parti communiste, du Parti socialiste, du RPR et de l’UDF.


Une tendance du Département
Le programme de stages témoigne bien du virage international amorcé par le Département de science politique il y a deux ans. Selon le Bureau de la coopération internationale, ce département n’était pas reconnu pour sa «mobilité» au chapitre des programmes d’échanges d’étudiants. Les plus récentes données montrent pourtant qu’il figure, proportionnellement, parmi les trois plus «internationaux» avec les départements de Design industriel et d’Architecture (Faculté de l’aménagement).

«L’internationalisation commence à être la marque distinctive des programmes d’études en sciences politiques, dit la directrice, Graziela Ducatenzeiler. La plupart de nos étudiants voyageurs vont en France, à la faveur d’ententes avec de grandes écoles, mais un nombre croissant se dirigent vers le Mexique. Et de plus en plus, nous recevons à l’Université de Montréal des étudiants étrangers.»

«Notre département était plutôt tourné vers les États-Unis, mais cette tendance semble se modifier», reprend Denis Monière. Lui-même admet avoir négocié le virage européen de façon tardive. «Je n’avais jamais beaucoup travaillé sur la France jusqu’aux deux ou trois dernières années.»

Mieux vaut tard que jamais. M. Monière a même pris une année de congé sans solde pour poursuivre sa carrière à Paris. Ironie du sort, c’est le premier ministre du Canada, Jean Chrétien, qui a désigné cet irréductible indépendantiste pour occuper la prestigieuse Chaire d’études canadiennes à la Sorbonne (Paris-III).

Mathieu-Robert Sauvé