Des
stages payés en France pour tout lété
Le
Département de science politique est lun des plus mobiles
de lUdeM.
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Douze étudiants
québécois, dont neuf du Département de science
politique de lUniversité de Montréal, ont effectué
des stages rémunérés en France au cours de lété
2000. «Je comprends mieux maintenant les institutions politiques
françaises, commente Judith Hamel, qui a passé un mois
au ministère du Tourisme. Nous avons eu la chance de rencontrer
des gens à différents échelons décisionnels
et de nous familiariser avec une culture politique différente
de la nôtre.»
Initiative de Denis Monière, professeur au Département
de science politique, ce nouveau programme de stages permet aux étudiants
intéressés dobtenir trois crédits au terme
de leur séjour. Un rapport de stage présentant lanalyse
dun établissement politique français est alors
exigé. «Les étudiants ont pu faire des visites
exceptionnelles. Les deux premières semaines ont été
consacrées à une formation théorique qui les
a fait passer de lAssemblée nationale au Sénat,
puis au Conseil constitutionnel. Ils ont également rencontré
des représentants des différents partis politiques.»
En effet, le stage
comprend, outre les quatre semaines en milieu de travail, une période
de formation de deux semaines.
250$ par semaine
Les étudiants ont reçu, grâce à la collaboration
de lOffice franco-québécois pour la jeunesse,
une rémunération de 250$ par semaine. «Ça
ne paie pas tout, mais ça aide, signale Judith Hamel, qui a
décidé de louer un appartement avec dautres stagiaires
plutôt que dêtre hébergée à
moindres frais dans une famille.
Jean-François Béland, lui, a étiré son
séjour en France puisquil a passé plus de trois
mois et demi dans la capitale. Attaché politique de Maurice
Leroy, député RPR de Vendôme, dans le département
de Loir-et-Cher, le jeune homme a même ses entrées à
lAssemblée nationale, où lon reconnaît
son accent. «Les Français ont une procédure très
lourde, très hiérarchisée, alors que les Québécois
sont beaucoup moins formalistes. Cela peut être très
utile à loccasion.»
M. Béland, qui vient de terminer son baccalauréat en
sciences politiques et qui entame une maîtrise en histoire,
a travaillé avec M. Monière à lorganisation
de ces stages. Il sest particulièrement occupé
de laspect théorique. «En ce qui me concerne, cétait
mon sixième été de suite en France. Jai
établi, au fil des années, plusieurs contacts dans le
monde politique français. Cela a facilité les choses
quand nous avons sollicité des rendez-vous à la mairie
de Paris, à lAssemblée nationale, au Conseil constitutionnel
et auprès des organisations politiques.»
Les étudiants se sont familiarisés avec les principales
tendances politiques, «à lexception de lextrême
droite», précise M. Béland. Ils ont pu rencontrer,
notamment, Jean Foyer, qui a contribué à la rédaction
de la constitution de la Ve République. Il était ministre
de la Justice dans le gouvernement de Charles de Gaulle. «Un
grand moment», dit Jean-François Béland, lui-même
ardent républicain.
Dautres rencontres ont été organisées avec
des représentants du Parti communiste, du Parti socialiste,
du RPR et de lUDF.
Une
tendance du Département
Le programme de stages témoigne bien du virage international
amorcé par le Département de science politique il y
a deux ans. Selon le Bureau de la coopération internationale,
ce département nétait pas reconnu pour sa «mobilité»
au chapitre des programmes déchanges détudiants.
Les plus récentes données montrent pourtant quil
figure, proportionnellement, parmi les trois plus «internationaux»
avec les départements de Design industriel et dArchitecture
(Faculté de laménagement).
«Linternationalisation commence à être la
marque distinctive des programmes détudes en sciences
politiques, dit la directrice, Graziela Ducatenzeiler. La plupart
de nos étudiants voyageurs vont en France, à la faveur
dententes avec de grandes écoles, mais un nombre croissant
se dirigent vers le Mexique. Et de plus en plus, nous recevons à
lUniversité de Montréal des étudiants étrangers.»
«Notre département était plutôt tourné
vers les États-Unis, mais cette tendance semble se modifier»,
reprend Denis Monière. Lui-même admet avoir négocié
le virage européen de façon tardive. «Je navais
jamais beaucoup travaillé sur la France jusquaux deux
ou trois dernières années.»
Mieux vaut tard que jamais. M. Monière a même pris une
année de congé sans solde pour poursuivre sa carrière
à Paris. Ironie du sort, cest le premier ministre du
Canada, Jean Chrétien, qui a désigné cet irréductible
indépendantiste pour occuper la prestigieuse Chaire détudes
canadiennes à la Sorbonne (Paris-III).
Mathieu-Robert
Sauvé
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